Elections au Luxembourg: Xavier Bettel mis au défi par une de ses ministres

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Élections au LuxembourgXavier Bettel mis au défi par une de ses ministres

La socialiste Paulette Lenert espère éjecter de son poste le Premier ministre libéral Xavier Bettel lors des élections législatives de dimanche aux Luxembourg.

Xavier Bettel le 6 octobre 2023 à Grenade.

Xavier Bettel le 6 octobre 2023 à Grenade.

AFP

Les Luxembourgeois élisent dimanche leurs députés, un scrutin incertain pour le Premier ministre libéral Xavier Bettel, visage familier des sommets européens depuis dix ans, dont le poste est convoité par la socialiste Paulette Lenert, l’étoile montante de la politique au Grand-duché.

Dans ce petit État de l’UE (660’000 habitants), Xavier Bettel dirige depuis 2013 un attelage constitué de trois partis, libéral, socialiste et écologiste, qui occupent ensemble 31 des 60 sièges dans la Chambre sortante. Ce libéral de 50 ans, proche d’Emmanuel Macron et déjà reconduit en 2018, est de nouveau candidat à sa succession.

Face à lui la ministre de la Santé Paulette Lenert, cheffe de file des socialistes, fait figure de principale challenger. Elle pourrait devenir la première femme à diriger le gouvernement.

Mais une des inconnues du scrutin est de savoir si les trois partis partenaires dans l’actuelle coalition seront en mesure de maintenir cette majorité, même courte, sur fond de morcellement croissant du paysage politique.

Cette année, douze partis --dont quatre novices, non représentés dans l’assemblée sortante-- se disputent les suffrages des quelque 284’000 électeurs inscrits. Et parmi ces nouveaux, deux petites formations viennent disputer aux souverainistes de l’ADR (trois députés actuellement) le vote populiste de droite.

«Où les votes protestataires vont-ils se retrouver? À l’ADR, de plus en plus extrémiste, ou ailleurs? C’est une des questions», souligne à l’AFP le journaliste Guy Weber qui couvre les élections au Grand-duché depuis 35 ans et parle d’«un vote à suspense». Il relève qu’à l’offre démultipliée à la droite de l’échiquier vient s’ajouter la bonne santé du parti Pirate (qui se dit «ni de gauche, ni de droite»), auquel certains sondeurs prédisent jusqu’à six sièges, contre deux aujourd’hui.

Conséquence: pour les partis dits de gouvernement, la question n’est pas de savoir qui gagnera le plus de voix mais qui en perdra le moins, résume le politologue Philippe Poirier. «Et celui qui en perdra le plus sera exclu, cela pourrait mener à un nouveau type de coalition», ajoute ce professeur de sciences politiques à l’Université du Luxembourg.

Creusement des inégalités

D’après le dernier sondage Politmonitor (publié début septembre) le parti socialiste (LSAP) devrait échapper à ce mauvais sort. Il est crédité de près de 20% des voix, en progression par rapport à 2018, et pourrait ajouter plusieurs sièges à ses dix actuels.

«En gagner deux ou trois ça serait merveilleux!» s’exclame Paulette Lenert, que l’AFP a suivie en campagne. Cette juriste de 55 ans, nommée ministre de la Santé en février 2020, a vu sa notoriété bondir à la faveur de la crise du Covid-19, en expliquant devant les caméras les restrictions sanitaires.

Au Grand-duché, la politique est historiquement dominée par le parti chrétien-social (CSV, conservateurs) de l’ex-Premier ministre Jean-Claude Juncker (1995-2013), une formation exclue du pouvoir à la suite d’un renversement d’alliances il y a dix ans. Ce même sondage de début septembre crédite de 28,3% le CSV, désormais emmené par l’ancien ministre des Finances Luc Frieden, 60 ans, qui compte bien tirer son épingle du jeu.

Avec des indicateurs économiques meilleurs que la moyenne européenne (croissance, emploi, salaire médian), le Luxembourg, porté par sa place financière, fait figure de privilégié au sein de l’UE. Mais les experts pointent du doigt le risque d’un creusement des inégalités, notamment dans l’accès au logement, un des problèmes criants du pays, où l’offre restreinte a conduit à une envolée des prix.

Dimanche les bureaux de vote seront accessibles de 08 h 00 à 14 h 00, et les résultats dévoilés dans la soirée au fur et à mesure des dépouillements dans chacune des quatre circonscriptions. Les députés sont élus à la proportionnelle, par circonscription, mais les électeurs peuvent à la fois voter pour des listes et attribuer des voix de préférence à un ou plusieurs candidats. À l’issue du scrutin s’ouvrira une phase de négociations entre partis. Les partenaires de coalition doivent s’entendre sur un programme qui leur servira de feuille de route pour gouverner pendant cinq ans.

(AFP)

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