FootballLicencié au SLO, Anthony Braizat n’a pas voulu renier ses idées
Écarté de son poste d’entraîneur du Stade Lausanne Ouchy, avant-dernier de Super League, le technicien français part «fier d’avoir amené sa philosophie à ce niveau».
- par
- Jérémy Santallo
Toujours sous contrat avec le Stade Lausanne Ouchy jusqu’en juin, Anthony Braizat est sorti de son lit mardi dans la peau d’un technicien sans emploi. Mis de côté, l’entraîneur français de 46 ans n’a pas survécu aux deux dernières lourdes défaites du néopromu en Super League. «Je ne pense pas que mes joueurs m’aient lâché. J’ai toujours été honnête avec eux et j’estime que cela a été ma plus grande qualité. Je parlerais plutôt de faillite mentale, résume-t-il au lendemain de son éviction. Honnêtement, je sors la tête haute, fier de ce que j’ai fait pendant dix-huit mois au SLO. Je peux me regarder dans la glace.»
On aurait pu s’attendre à découvrir une voix touchée au bout du fil. C’est mal connaître Anthony Braizat. «Je me sens bien. J’ai tout donné et quand vous atteignez ce degré d’investissement, ça vous enlève toute pression. Est-ce que j’aurais pu faire mieux ou autrement? Oui, sans doute. Mais je ne regrette rien. J’ai été exigeant avec mes joueurs, se félicite-t-il. On a produit un jeu attrayant, surprenant, du beau foot qui demande de l’énergie et de la personnalité. Nous étions la meilleure équipe de Challenge League et sommes montés avec cette philosophie, la mienne. Et je suis fier de l’avoir amenée à ce niveau.»
«J’aime le jeu»
Anthony Braizat dit ne rien regretter. Pourtant, au fil de la discussion, des petits remords surgissent. Sur le timing de son départ. «C’est un peu tôt, selon moi. On a dix points, un match en retard et deux succès de moins que le septième. J’aurais aimé avoir un peu plus de temps, sachant que l’on est néopromu, que les joueurs n’avaient jamais évolué à ce niveau», dit-il. Sur son approche, unilatérale, aussi. «Est-ce que j’aurais dû bétonner pour sécuriser des points? Peut-être. Mais le foot, c’est ma passion. J’aime le jeu, ne pas m’adapter à l’adversaire, mettre la pression. Pour moi, c’est 11 joueurs qui attaquent et qui défendent. C’est ma vision.»
Convoqué lundi midi pour un entretien à 13h30, Anthony Braizat parle d’une conversation sans fracas. «Ils étaient un peu mal à l’aise de m’annoncer ça comme ça, mais c’est le jeu. Hirac (ndlr: Yagan, le directeur sportif) est mon ami, je sais que c’est un choix difficile pour lui, mais il a pensé que c’était le bon avec le président et le vice-président pour faire réagir le vestiaire, responsabiliser les joueurs et créer un électrochoc, poursuit-il. Je n’ai aucune rancœur car je n’oublie pas qu’ils m’ont donné ma chance. Ils m’ont fait confiance et j’ai pu bosser au sein d’une famille. Et je vous assure que dans ce milieu, travailler dans cette ambiance, c’est rare.»
Place au repos
Félicité par ses confrères René Weiler (Servette) ou Raphael Wicky (Young Boys) pour ses prouesses stadistes avec un budget famélique pour la Super League – même pas 5 millions de francs – celui qui compte trois montées à son palmarès depuis ses débuts comme entraîneur en 2016, va prendre quelques jours de repos. «Je vais faire mon autocritique. Parce que je veux évoluer, progresser, grandir», annonce-t-il. Mais le «joueur» qu’il est n’en démord pas. «Je ne prends pas mon éviction comme un échec. Je reste persuadé que ma philosophie marche et peut marcher dans le football d’aujourd’hui.»