Guerre en UkraineLes démineurs s’acharnent à nettoyer les zones libérées avant l’hiver
Déminer les territoires repris aux Russes, un véritable travail de fourmi pour les Ukrainiens. Sans eux, il n’y a aucune chance de réparer les installations électriques avant la mauvaise saison.
Dissimulés, petits et mortels, les mines et autres engins explosifs laissés par les forces russes dans l’est de l’Ukraine, dans les districts dont elles se sont retirées, représentent un défi urgent pour les démineurs avant l’arrivée de l’hiver. «Sans nous, aucune chance de réparer des services comme l’électricité avant l’hiver», souligne Artem, 33 ans, qui dirige une équipe de démineurs s’affairant autour de la ville d’Izioum, récemment libérée par les forces ukrainiennes.
«Nous avons découvert plus de trente mines et obus d’artillerie, aujourd’hui, principalement des obus», ajoute Artem, dont l’équipe de dix personnes est chargée de nettoyer les zones autour d’infrastructures essentielles, comme les câbles électriques ou les canalisations d’eau et de gaz. «Chaque jour nous commençons là où nous avons terminé» la veille, ajoute-t-il, observant des électriciens qui progressent avec précaution derrière un démineur, dans un champ de tournesols, en direction d’un câble sectionné.
D’autres spécialistes empilent les mines découvertes, dont les détonateurs ont été retirés dans des conditions sûres, derrière un camion qui les évacuera en vue de leur destruction.
«Maintenant plus que jamais, c’est notre devoir»
Artem ne semble pas s’émouvoir de la dangerosité du travail de son équipe, qui inspecte les bords de la route et progresse avec précaution dans des champs d’herbes hautes. «C’est notre travail, c’est ce que nous savons faire, mais maintenant plus que jamais, c’est notre devoir», souligne-t-il.
«Nous disposons de 35 hommes, répartis en sept équipes, venant de différentes régions d’Ukraine», indique Vassyl Melnyk, 42 ans, qui commande l’équipe de démineurs déployée dans le district d’Izioum. «Personne ne sait combien de temps prendront les opérations de déminage. En dépit de l’aide des organisations internationales, nous n’avons même pas fini de découvrir les mines abandonnées depuis le début de la première phase du conflit, en 2014.»
Plus de 5000 mines sur 100 hectares
Mais si les démineurs «travaillent rapidement», le district pourra être nettoyé d’ici novembre, ce qui permettrait aux services essentiels d’être de nouveau opérationnels d’ici l’hiver. Depuis la libération d’Izioum, ses équipes ont couvert, selon lui, une centaine d’hectares dans le district et découvert plus de 5000 mines autour des positions occupées précédemment par les Russes.
Les démineurs ont découvert aussi bien des mines antichars, des mines antipersonnel et des obus d’artillerie, que des mines PFM-1, dites mines «papillons», particulièrement destructrices et interdites par un traité international pas signé par la Russie. Ces petites mines de couleur verte dotées d’ailes, connues en Ukraine sous le nom de «pétales», sont d’autant plus dangereuses qu’elles peuvent être ramassées par des enfants, souligne Vassyl Melnyk.
Sur la route, où ne circulent que des véhicules militaires se dirigeant vers le front, l’équipe de Sacha martèle des poteaux sur les bords de la voie, accrochant des panneaux avec une tête de mort et des os entrecroisés signalant «Danger – Mines!» «Maintenant, la prochaine mine est deux mètres plus loin, donc ici on est en sécurité, plus ou moins», assure Sacha, 44 ans, cigarette aux lèvres.