FranceUn enfant de 10 ans tué par balle dans une fusillade
Mardi, une voiture a été la cible de tirs dans un quartier populaire de Nîmes, en France. Un jeune garçon a été touché et est décédé.
Un enfant de dix ans a perdu la vie lundi soir à Nîmes, touché par balle dans une fusillade dans le quartier populaire de Pissevin, sans doute victime de la guerre entre trafiquants de drogues qui gangrène plusieurs quartiers de cette ville.
«Nîmes: un enfant de dix ans tué lors de ce qui semble être un règlement de comptes entre trafiquants. C’est un immense drame qui ne restera pas impuni», a réagi mardi le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin sur X (anciennement Twitter), en annonçant pour la journée l’arrivée de membres de la CRS 8, une unité de policiers spécialisés dans la gestion des violences urbaines actuellement déployée à Marseille.
«Suite à des échanges de tirs au sein du quartier Pissevin, un enfant de dix ans est décédé cette nuit. Un homme a en outre été victime des tirs de balles. Les jours de ce dernier ne seraient plus en danger», a précisé de son côté la procureure de la République de Nîmes, Cécile Gensac, qui donnera une conférence de presse en fin de matinée.
Trainé sur deux kilomètres
Des sources policières et proches de l’enquête ont indiqué à l’AFP que le garçon se trouvait à l’arrière d’un véhicule pris pour cible aux alentours de 23h30. L’homme blessé est le conducteur, son oncle, âgé de 28 ans. Un autre enfant se trouvant à l’arrière, âgé de 7 ans, est sain et sauf.
Selon ses déclarations aux enquêteurs, le conducteur pensait que son neveu de dix ans était sorti de la voiture lors des tirs, mais ce dernier, touché par balle, était en fait coincé dans sa ceinture de sécurité à l’extérieur du véhicule et aurait donc été traîné sur la chaussée sur près de deux kilomètres.
De source policière, l’oncle de l’enfant n’est pas connu de la police. Il a trois impacts de balles dans le dos, mais son pronostic vital n’est pas engagé. Les tireurs seraient au nombre de quatre. Ils étaient toujours en fuite et recherchés mardi matin.
La procureure de Nîmes Cécile Gensac a précisé: «Indéniablement, la famille de la victime n’est absolument associée d’aucune façon, ni avant ni actuellement, dans des faits de nature pénale», elle «a eu pour seul malheur de passer au mauvais endroit au mauvais moment», a affirmé la magistrate, précisant que la fusillade a bien eu lieu «en lien» avec la guerre pour le trafic de drogues.
«Je suis profondément choqué»
Dimanche, un adolescent de quatorze ans avait été blessé par balles non loin de là, par des tireurs circulant à bord d’une Renault Clio. Selon une piste envisagée par les enquêteurs, la Mégane de l’oncle qui ramenait les deux enfants aurait pu être confondue par les tireurs avec la Clio utilisée la veille.
«Je suis profondément choqué, attristé et révolté par ce nouveau drame», a réagi dans un communiqué le maire de Nîmes, Jean-Paul Fournier, déplorant une «situation qui s’envenime de jour en jour et prend des proportions non maîtrisées». L’élu LR a demandé au passage «l’affectation à demeure d’une compagnie de CRS» à Nîmes, pour faire face à une situation «devenue invivable».
Selon des chiffres de l’ex-procureur de Nîmes, Eric Maurel, une quinzaine de règlements de comptes avaient fait huit morts à Nîmes en 2020 et trois en 2021, dont un adolescent de 17 ans. La plupart de ces homicides avaient eu lieu à Pissevin, au Chemin Bas et au Mas de Mingue, trois secteurs périphériques de Nîmes constitués de barres d’immeubles et de tours.
Narcobanditisme
Ces trois quartiers avaient été créés dans les années 1960 pour loger des populations issues de l’exode rural, des rapatriés d’Afrique du Nord puis des travailleurs immigrés. Tous trois partagent des indicateurs socioéconomiques alarmants. À Pissevin, 70% des 13’000 habitants vivent sous le seuil de pauvreté et le taux de chômage atteint 46%.
«Ces assassinats sont en lien direct avec le narcobanditisme et sont des règlements de comptes, dans le cadre soit de guerres de territoire, soit de conflits commerciaux», avait alors précisé Eric Maurel, estimant que Nîmes était devenue quasiment «une centrale d’achat de la drogue».