FootballCommentaire: Yakin devra prouver qu’il peut être le coach de la situation
Comme l’on s’y attendait, Murat Yakin est le nouveau sélectionneur helvétique. A 46 ans, le successeur de Vladimir Petkovic devra se montrer à la hauteur d’un héritage qui pourrait s’avérer encombrant.
- par
- Nicolas Jacquier
Ce que l’on savait déjà depuis 48 heures est devenu réalité ce lundi en milieu de matinée. Murat Yakin est bel et bien le nouveau sélectionneur helvétique, dont la mission première sera de qualifier la Suisse pour la Coupe du monde 2022 au Qatar. Une mission fort peu évidente si l’on considère le format des éliminatoires n’offrant qu’un seul billet par groupe (les deuxièmes devront obligatoirement passer par les barrages).
Au sortir d’un Euro qui aura fait vibrer tout un pays cet été, le Bâlois devra se montrer à la hauteur de l’héritage laissé par Petkovic, tout en réussissant à imposer son style dans un laps de temps extrêmement réduit.
Il avait disparu des radars
On le sait, le Golden Boy du football suisse n’était pas le premier choix des dirigeants helvétiques, lesquels ont été confrontés à plusieurs refus. Il n’est pas le dernier non plus, ce qui n’en fait pas un choix par défaut. L’homme a simplement accepté une offre que d’autres ont poliment déclinée ou qui n’ont pas convaincu lors des entretiens.
Pour celui qui avait quelque peu disparu des écrans radar depuis son installation dans son nouveau fief de Schaffhouse, la question est de savoir les ambitions personnelles autant que la réelle motivation. Que vise-t-il à travers un poste aussi exposé? Peut-il encore faire progresser la Nati comme on est en droit de l’espérer, ou risque-t-il de se heurter à un plafond de verre, peut-être plus vite que prévu?
Jalonnée de succès probants et de désillusions spectaculaires, sa carrière est tout sauf linéaire. Très vite porté aux nues à ses débuts, le successeur de Petkovic devait ensuite s’égarer comme en témoignent ses échecs successifs en Russie (au Spartak Moscou), à Zurich (Grasshopper) ou à Sion, lorsqu’il avait succédé à Maurizio Jacobacci sur le banc valaisan à l’automne 2018.
Il pourra se concentrer sur ce qu’il aime
Murat Yakin devra surtout lutter contre la réputation qui le précède, celle d’un technicien de son temps certes très pointu tactiquement sur une pelouse, mais peu habitué à y effectuer des heures supplémentaires. Sa vie de coach national, loin du quotidien parfois harassant vécu dans un club, pourrait davantage lui convenir. En lui permettant de se concentrer sur ce qu’il maîtrise le mieux en tant que rassembleur - la gestion des hommes.
Dans son nouveau costume de sélectionneur, le successeur de Petkovic devra néanmoins convaincre qu’il peut être l’homme de la situation. Il lui faudra pour cela donner tort à ses détracteurs et lever les réserves compréhensibles que sa nomination suscite. Un camp des sceptiques dans lequel on s’inclut aussi.
On sera très vite fixé: la réception de l’Italie le 5 septembre à Bâle offre déjà à Murat Yakin l’occasion de frapper un grand coup. Un exploit contre les récents vainqueurs de l’Euro permettrait non seulement de laver l’affront helvétique subi en juin à Rome. Mais il donnerait aussi raison aux dirigeants de l’ASF d’avoir misé sur lui…