France: Devant la justice, Jean Castex défend l’«excellent» Dupond-Moretti

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FranceDevant la justice, Jean Castex défend l’«excellent» Dupond-Moretti

L’ex-Premier ministre français a été cité à la barre, vendredi, dans le procès du ministre de la Justice soupçonné d’avoir profité de ses fonctions pour régler ses comptes avec des magistrats.

L’ancien Premier ministre Jean Castex (ici, à gauche), s’est défendu d’être l’«avocat» du garde des Sceaux.

L’ancien Premier ministre Jean Castex (ici, à gauche), s’est défendu d’être l’«avocat» du garde des Sceaux.

AFP

Jean Castex n’est «pas l’avocat» d’Éric Dupond-Moretti, dit-il devant la Cour de justice de la République (CJR). Mais au procès de celui qu’il appelle l’«excellent garde des Sceaux», l’ex-chef du gouvernement se démène vendredi pour convaincre les juges de l’absence de tout conflit d’intérêts.

L’actuel patron de la RATP est cité au procès inédit pour «prise illégale d’intérêt» d’Éric Dupond-Moretti – le ministre de la Justice est soupçonné d’avoir utilisé ses fonctions pour régler des comptes avec des magistrats du Parquet national financier (PNF) – parce qu’il avait hérité, trop tardivement selon l’accusation, des dossiers problématiques de son garde des Sceaux.

Avant cela, Éric Dupond-Moretti avait déjà lancé une enquête administrative – c’est ce qu’on lui reproche – contre les magistrats, mais c’est le Premier ministre qui récupère «le bébé», comme il dit. Et doit décider s’il faut saisir, ou non, le Conseil supérieur de la magistrature, chargé de la discipline des magistrats.

«Je ne suis pas l’instrument de je ne sais quel complot»

Le sujet est «délicat», dit Jean Castex, qui parle fort et à renfort de grands gestes. «C’est quand même le PNF!» Alors, il décide de lire lui-même les rapports, «des heures entières, le week-end». Et arrive à une conclusion, en son «âme et conscience»: «Il y a des dysfonctionnements importants.»

«Tout cela, c’est moi qui le fais», jure-t-il, solennel. «Je ne suis pas sensible à quelque pression, je ne suis pas l’instrument de je ne sais quel complot, et j’ai beaucoup de respect pour le PNF». Et s’il avait à l’époque un «excellent garde des Sceaux», sourit Jean Castex, il n’est pas son «avocat», mais «le défenseur de la fonction publique».

«Quand même», lance toutefois l’ex-Premier ministre. «Ce serait quoi la prise illégale d’intérêt» reprochée au garde des Sceaux? D’avoir saisi l’Inspection générale de la justice, qui n’a pas elle-même le pouvoir de «sanctionner» les magistrats? «C’est ça, les faits!» s’exclame celui qui ironise sur l’«acte gravissime». Vu les «dysfonctionnements», assure Jean Castex, n’importe qui aurait fait la même chose.

La défense se plaint de ne pas avoir assez la parole

«Le problème», répète une fois encore Rémy Heitz – procureur général près la Cour de cassation, qui porte l’accusation au procès –, ce n’est pas «l’enquête», mais celui qui la déclenche. Les avocats d’Éric Dupond-Moretti râlent contre cette accusation qui donne trop son «avis», trouvent que la défense n’a «pas beaucoup la parole dans ce procès».

Éric Dupond-Moretti, qui laisse décidément peu de place à ses avocats à l’audience, s’installe à la barre pour interroger son ancien chef de gouvernement. «Je voudrais demander à Monsieur le Premier ministre si», pendant les années «où nous avons été proches professionnellement et humainement, je lui ai fait part une seule fois du ressentiment que j’aurais eu à l’encontre de tel ou tel magistrat». Jean Castex: «La réponse est évidemment non».

Dupond-Moretti dénonce une «guerre menée» contre lui

«Je ne suis pas certaine que toute la chaîne exécutive ait géré efficacement une situation confuse et inédite», avouera plus tard à la barre Hélène Davo, ex-conseillère Justice du président Emmanuel Macron. «Nous avons collectivement tâtonné dans l’inédit.»

Éric Dupond-Moretti, lui, a toujours considéré ses ennuis judiciaires comme le résultat d’une «guerre» menée par des magistrats n’ayant jamais accepté sa nomination place Vendôme. Il est certain qu’on aurait aussi trouvé moyen de lui reprocher de ne «rien faire». Pour une fois, il a l’air un peu dépité: «Que je fasse ou que je ne fasse pas, je suis dans la nasse.»

(AFP)

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