Inde: Des hommes encourent la peine de mort après avoir humilié deux femmes nues

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IndeDes hommes encourent la peine de mort après avoir humilié deux femmes nues

La police a arrêté quatre individus impliqués dans l’humiliation publique de leurs deux victimes, sur fond de violences ethniques dans le nord-est du pays.

Heurts pendant une manifestation contre la violence sexuelle dans l'État indien du Manipur.

Heurts pendant une manifestation contre la violence sexuelle dans l'État indien du Manipur.

Arun SANKAR / AFP

La police indienne a arrêté quatre hommes accusés d’avoir obligé deux femmes à défiler nues parmi la foule dans un Etat du nord-est de l’Inde où des mois de violences ethniques ont fait au moins 120 morts. Les suspects ont été identifiés à partir d’une vidéo de l’incident datant de début mai, devenue virale sur les réseaux sociaux mercredi et dont tout le pays s’est indigné.

La vidéo montre deux femmes marchant nues dans une rue, moquées et harcelées par une foule du Manipur, où les autorités ont imposé la fermeture de l’internet. Le gouvernement de l’Etat, dirigé par le parti nationaliste hindou au pouvoir Bharatiya Janata (BJP), a déclaré que la police avait pris des mesures dès que la vidéo est apparue sur les réseaux sociaux, plus de deux mois après l’incident.

Une «enquête approfondie» est en cours, a indiqué sur Twitter le ministre en chef de l’Etat, N. Biren Singh. «Nous veillerons à ce que des mesures strictes soient prises contre tous les auteurs, y compris en envisageant la possibilité de la peine capitale», a-t-il ajouté.

Violences depuis quelques mois

Les violences en mai au Manipur avaient explosé après une marche de protestation contre l’éventualité que la communauté des Meiteis, pour la plupart hindous, obtienne le statut plus avantageux de «tribu répertoriée» qui leur garantirait des quotas d’emplois publics et d’admissions dans les universités.

Cette hypothèse avait également ravivé les vieilles craintes de la tribu des Kukis, en général chrétiens, de voir les Meiteis autorisés à acquérir des terres dans des zones qui leur sont actuellement réservées ainsi qu’à d’autres groupes tribaux. Dans un rapport présenté devant un tribunal en juin, le groupe de la société civile Manipur Tribal Forum a affirmé que de nombreux et terribles actes de violence, notamment des viols et des décapitations s’étaient produits sans que les autorités de l’Etat n’ouvrent d’enquête. Le Parlement européen s’est également alarmé des violences, accusant le parti au gouvernement d’attiser la haine au lieu d’apaiser la situation.

Le Premier ministre indien Narendra Modi a déclaré jeudi que «l’incident du Manipur est une honte pour n’importe quelle société civilisée». «Cela fait honte à toute la nation», a-t-il encore souligné, lui qui s’exprimait pour la première fois sur ces violences. La Cour suprême indienne a également averti le gouvernement de Modi que s’il n’agissait pas, «nous le ferons».

(AFP)

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