Espagne: Euthanasié avant son procès pour tentatives de meurtre

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EspagneEuthanasié avant son procès pour tentatives de meurtre

En décembre dernier, un agent de sécurité avait tiré sur quatre personnes, dont deux policiers. Il était paralysé depuis la fusillade et, début juillet, une juge lui avait «accordé» l’euthanasie.

L’agent de sécurité avait été touché à la colonne vertébrale lors d’une fusillade avec la police catalane.

L’agent de sécurité avait été touché à la colonne vertébrale lors d’une fusillade avec la police catalane.

Photo d’illustration/AFP

En Espagne, un homme paralysé depuis une fusillade, au cours de laquelle il a tiré sur quatre personnes, a été euthanasié, mardi, avant son jugement, une décision inédite dans le pays où le droit de mourir a primé sur les poursuites judiciaires. «En accord avec la réalisation de l’euthanasie prévue aujourd’hui (ndlr: mardi), Marin Eugene Sabu est mort à 18 h 30 à l’hôpital de Terrassa», tout près de Barcelone, a annoncé son avocat.

Marin Eugen Sabau, 46 ans, agent de sécurité roumain, avait tiré, en décembre 2021, sur trois collègues ainsi qu’un policier, faisant plusieurs blessés mais aucun mort, à Tarragone, en Catalogne, avant d’être lui aussi atteint par un tir à la colonne vertébrale qui l’avait laissé paralysé. Celui que la presse espagnole a surnommé «le tireur de Tarragone» disait avoir agi car il vivait «un enfer» au travail et accusait ses patrons de racisme.

À la suite de la fusillade, il était alité à l’hôpital pénitentiaire de Terrassa et réclamait le droit de mourir. «Je suis paraplégique. J’ai 45 points à la main. Je ne peux pas bouger le bras gauche. J’ai des vis dans le corps et je ne sens plus ma poitrine», avait-il ainsi expliqué à la juge du Tribunal de Tarragone, qui avait statué, début juillet, en sa faveur.

Le tribunal ne s’était pas opposé à sa demande d’euthanasie, estimant qu’il s’agissait d’un «droit fondamental» et que «la loi ne réglemente pas de manière spécifique l’euthanasie lorsqu’il s’agit de personnes en détention provisoire ou qui font l’objet de poursuites judiciaires».

Des victimes n’auront pas d’indemnisation

Les avocats des parties civiles souhaitaient, eux, un procès afin que l’accusé puisse indemniser les victimes. «Les victimes ont un sentiment de frustration: on a laissé une personne décider quand et comment elle en finissait avec les poursuites judiciaires», a déclaré José Antonio Bitos, l’avocat de deux policiers blessés (l’un par balles, l’autre dans la course poursuite qui a suivi).

«Nous ne nous opposions pas à l’euthanasie en soi, mais au fait qu’elle ait lieu avant le procès», a-t-il insisté, regrettant n’avoir pu «voir ce monsieur s’asseoir sur le banc des accusés». Il souligne que, si ses clients obtiendront réparation de la part de l’administration publique parce qu’ils ont été blessés en service, les autres victimes de la fusillade «n’auront ni procès ni indemnisation».

La loi autorisant l’euthanasie est entrée en vigueur le 25 juin 2021 en Espagne, en faisant le quatrième pays européen à l’avoir dépénalisée, après les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg.

(AFP)

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