Affaire des frégates: la Suisse rend 138 millions de dollars à Taïwan

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JusticeAffaire des frégates: la Suisse rend 138 millions de dollars à Taïwan

Berne a restitué des commissions illicites versées lors de la vente de navires de guerre français dans les années 1990 et déposées depuis sur des comptes bancaires en Suisse.

La vente de six frégates françaises, des navires de guerre, à Taïwan au début des années 1990 a déclenché un scandale politico-financier en raison des pots-de-vin liés à ce contrat.

La vente de six frégates françaises, des navires de guerre, à Taïwan au début des années 1990 a déclenché un scandale politico-financier en raison des pots-de-vin liés à ce contrat.

Photo d’illustration/AFP/COLOMBIA’S NAVY

Taïwan a récupéré auprès des autorités suisses 138 millions de dollars de «rétrocommissions illicites» liées au contrat de vente, signé en 1991, de six frégates françaises, une affaire politico-financière qui a défrayé la chronique dans les années 1990 et donné lieu à de nombreuses enquêtes, a annoncé mercredi le Ministère taïwanais de la justice.

L’un des intermédiaires, l’homme d’affaires taïwanais Andrew Wang, décédé en 2015, a été accusé d’avoir perçu des pots-de-vin liés à ce contrat de 2,8 milliards de dollars relatif à la vente à Taïwan de six frégates de classe Lafayette par des industries françaises.

Depuis 2001, Taïwan a sollicité l’assistance judiciaire de la Suisse dans cette affaire de corruption car une grande partie de l’argent perçu d’une manière illicite a été déposée sur des comptes bancaires suisses. La Suisse a saisi quelque 900 millions de dollars et a transmis en 2005 à Taïwan des documents relatifs à ces comptes.

Berne et Taipei se partagent les avoirs bloqués fifty-fifty

Les autorités suisses ont transféré à Taïwan 138,04 millions de dollars le 11 juillet, a indiqué le ministère dans un communiqué, saluant «une percée historique dans la coopération judiciaire». Selon le ministère, Berne a gelé plus de vingt comptes bancaires contrôlés par la famille Wang entre 2001 et 2003 et proposé de partager les avoirs saisis.

«Comme la Suisse a fourni son aide dans cette affaire depuis plus de vingt ans, Taïwan a accepté de partager les avoirs avec la Suisse sur une base de 50-50% pour faciliter la collaboration internationale à long terme», a indiqué le ministère.

Roland Dumas, ministre sous Mitterrand, éclaboussé

Les soupçons de corruption ont émergé en 1993 lorsque le corps d’un officier qui s’occupait des achats de la marine taïwanaise a été découvert flottant en mer au large de la côte orientale de l’île. Les enquêteurs ont émis l’hypothèse qu’il a été assassiné car il s’apprêtait à faire des révélations sur la corruption au sein de l’armée, y compris dans l’affaire des frégates.

Une enquête judiciaire avait été ouverte en 2001 en France sur des allégations selon lesquelles la plus grande partie de la somme payée par Taïwan pour l’achat des frégates a été consacrée au versement de commissions à des intermédiaires locaux, des hommes politiques et des officiers en Chine et en France. Une partie des commissions servait à soudoyer d’autres protagonistes, selon les allégations. Roland Dumas, ancien ministre de François Mitterrand, avait notamment été éclaboussé par l’affaire.

Un scandale international

Wang, ainsi que son épouse et ses quatre enfants, a été inculpé en 2006 de corruption et blanchiment d’argent dans cette affaire qui, à l’époque, avait envenimé les relations entre la France et la Chine. Il a été placé sur la liste des personnes les plus recherchées à Taïwan après sa fuite, en compagnie de sa famille, peu avant l’éclatement du scandale en 1993. Les membres de la famille Wang figurent toujours sur la liste des personnes recherchées à Taïwan.

La restitution de cet argent à Taïwan depuis l’étranger est la deuxième après celle en février de 11 millions de dollars par le Liechtenstein.

(AFP)

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