Qatar 2022: Raoul Savoy: «Si la Suisse y va à la retirette, on risque de déchanter»

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Qatar 2022Raoul Savoy: «Si la Suisse y va à la retirette, on risque de déchanter»

Le sélectionneur vaudois de la Centrafrique connaît bien le Cameroun, contre lequel il a souvent joué. Il met en garde l’équipe de Suisse sur le défi qui l’attend pour son entrée en lice dans la Coupe du monde 2022 au Qatar.

Nicolas Jacquier
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Nicolas Jacquier
Raoul Savoy a dirigé sept clubs au Maghreb ainsi qu’au Cameroun. Après avoir entraîné plusieurs équipes nationales africaines, il a retrouvé son poste de sélectionneur de la Centrafrique.

Raoul Savoy a dirigé sept clubs au Maghreb ainsi qu’au Cameroun. Après avoir entraîné plusieurs équipes nationales africaines, il a retrouvé son poste de sélectionneur de la Centrafrique. 

Jean-Guy Python

Raoul Savoy n’appartient pas au staff de l’équipe nationale mais il est certainement l’un des Suisses qui connaît le mieux le Cameroun. En tant que sélectionneur de la Centrafrique après avoir été celui de la Gambie, du Swaziland et de l’Éthiopie, ce Vaudois de 49 ans, infatigable baroudeur des pelouses, a déjà affronté trois fois les Lions indomptables. Il prévient: «La Suisse devra montrer les muscles. Si elle y va à la retirette, on risque de déchanter. Il ne faudra pas laisser jouer le Cameroun, au risque de s’exposer à une marée.»

Pour réussir leur entrée dans ce Mondial, Xhaka et ses coéquipiers devront surtout présenter autre chose que leur terriblement décevante prestation face au Ghana (défaite 2-0 en amical). «Se comporter comme on l’a fait, c’est une méconnaissance totale de l’adversaire. On ne pouvait pas mieux donner confiance au Cameroun… Au lieu de cacher son jeu, pourquoi la Suisse n’a-t-elle pas affiché ses atouts? Je n’ai pas compris ce qu’elle était venue chercher.»

Le coup de fil de son adjoint camerounais

À la mi-temps, l’habitant de Sainte-Croix avait d’ailleurs reçu un téléphone amusé de Hans Agbo, son adjoint camerounais. «Mais vous faites quoi les Suisses?» lui demande-t-il.

Par le passé, le Cameroun a souvent pu défrayer la chronique en dehors du terrain pour des affaires de primes non payées et de tensions internes. «Il y avait systématiquement des polémiques, les joueurs arrivaient souvent en retard ou n’hésitaient pas à faire la grève…»

«Ce qui est certain, c’est que le Cameroun n’a pas envie de passer à côté de son Mondial»

Raoul Savoy, sélectionneur de la Centrafrique

Ce temps-là semble révolu depuis l’arrivée de Samuel Eto’o. «Il y a moins d’embrouilles, confirme Savoy. Il se dit même que le coach (ndlr: Rigobert Song) est une marionnette, que le nouveau président de la Fédération tire les ficelles.» Les nouvelles ambitions du Cameroun sont à la hauteur du défi qui l’attend si l’on sait qu’Eto’o a fait la promesse de ramener la Coupe du monde à Yaoundé. Une promesse en l’air? «Eto’o affiche un discours décomplexé, il ne cesse de répéter que son équipe ne craint personne. Cela sera-t-il pour autant suffisant? Avant le coup d’envoi, les joueurs ont faim et l’envie de prouver quelque chose. Ce qui est certain, c’est que le Cameroun n’a pas envie de passer à côté de son Mondial.»

Sa principale force réside dans son secteur offensif, avec Karl Toko-Ekambi (Olympique Lyonnais), Vincent Aboubakar (passé par Lorient, Porto et Beziktas avant de rejoindre Al-Nassr) et bien sûr Eric Choupo-Moting (Bayern Munich). Les lacunes, elles, seraient plutôt sur les côtés, au niveau des latéraux, pas toujours très fiables.

La préparation des Lions a été quelque peu surprenante, avec des sparring-partners plutôt étonnants (Ouzbékistan, Corée du Sud, Jamaïque et Panama). «Ils ont enchaîné des matches amicaux bizarres, n’ayant rien à voir avec les équipes présentes dans leur groupe», constate Raoul Savoy.

Assumer le rôle de favori

Jeudi sur le coup des 11 heures en Suisse, à quoi faudra-t-il s’attendre? «Si la Suisse veut s’en sortir, répond Savoy, elle devra jouer sur ses valeurs. Dans un tournoi, le premier match s’avère toujours particulier à gérer. Être favori comme l’est la Suisse ne représente pas forcément un avantage.»

On ne peut quitter le technicien vaudois sans lui demander son pronostic: «Trop serré pour qu’il y ait une victoire, je dirais 1-1…» Raoul Savoy ne nous a pas dit s’il espérait se tromper.

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