Oppo, nouveau roi des smartphones pliants à clapet?

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TechnologieOppo, nouveau roi des smartphones pliants à clapet?

Le fabricant chinois s’attaque à Samsung sur son propre terrain et le surpasse sur bien des points avec un appareil séduisant mais pas totalement abouti. Notre test.

Christophe Pinol
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Christophe Pinol
On ressort de notre test avec une impression mitigée alors que l’appareil a un vrai potentiel.

On ressort de notre test avec une impression mitigée alors que l’appareil a un vrai potentiel.

Oppo

Le succès des Galaxy Z Flip fait visiblement des émules. Après la 4e mouture du fabricant coréen sortie il y a 6 mois, et le Motorola Razr 2022 basé sur le même concept, c’est au tour d’Oppo de livrer son propre smartphone pliant à clapet avec le Find N2 Flip (CHF 999.-).

Au premier contact, en mode fermé, l’appareil offre un design franchement premium, tout en métal et verre. Les finitions sont belles et il tient agréablement dans la main avec ses bords en aluminium aux arêtes bombées: petit (85,5 mm x 75,2), compact, léger (191g) et assez fin pour ce genre d’appareil (16 mm). Dans la version violette que nous avons eue pour ce test, la coque bénéficie d’une finition brillante qui ne retient quasiment pas les traces de doigts. Il se démarque surtout immédiatement de la concurrence avec son large écran externe occupant toute la hauteur de la coque avant. Une belle dalle tactile AMOLED de 3,26 pouces (contre 1,9 seulement chez Samsung) qui a la particularité d’être au format 21:9, exactement comme celui de sa grande sœur sur la face interne. On y navigue d’ailleurs de la même manière en imprimant des mouvements vers le haut, le bas ou depuis les côtés pour afficher différentes informations.

Une pliure (quasi) invisible

Une fois l’appareil déplié, place à un bel écran de 6,8 pouces. Format XXL, donc, qui rentre pourtant «miraculeusement» dans une petite poche de pantalon. C’est tout l’intérêt du concept. Son épaisseur passe alors à 7,45 mm et il est toujours aussi agréable à manipuler. Dommage que lui aussi, comme ses modèles, soit si difficile à ouvrir d’une main. On rêve d’un bouton sur la tranche qui déclencherait une ouverture automatique.

L’écran principal se compose d’une dalle elle aussi AMOLED, affiche une résolution de bonne tenue (403 pixels par pouce), est compatible HDR10+ et dispose d’un rafraîchissement max de 120 Hz. Comme souvent chez Android, le mode «couleur vive», activé par défaut, a tendance à tirer la température de couleur vers des tons bleus et on lui préférera nettement le mode «naturel». L’image est toutefois de très bonne qualité et jouit même d’une excellente luminosité.

Mais ce qui frappe d’emblée, c’est la conception de sa pliure: un vrai travail d’orfèvre. D’une part, les ingénieurs chinois ont trouvé le moyen de la rendre nettement moins visible que celle de son concurrent direct, et moins perceptible au toucher. Mais en position fermée, la charnière permet aussi aux deux parties de reposer parfaitement à plat l’une contre l’autre, là où chez Samsung elles sont légèrement évasées, avec un espace entre eux plus important au niveau de la charnière.

ColorOs en met plein la vue

Autre intérêt de ces pliants à clapet: en position assise, posés sur une table à moitié ouverte, ils permettent de prendre des selfies ou de se filmer avec les deux mains libres. Idéal pour les créateurs et vlogger adeptes de TikTok, Instagram ou Youtube. Surtout sachant que l’on peut utiliser aussi bien la caméra interne, directement dédiée aux selfies, que le capteur situé en façade, de meilleure qualité, en affichant le retour caméra sur l’écran d’appoint. Dans ce cas de figure, certaines applications sont même capables de se scinder en deux pour exploiter indépendamment le volet posé à plat de celui en position relevée. Comme ici l’application photo maison, qui déporte toute la partie imagerie sur l’écran supérieur et les commandes du côté inférieur. Ou encore l’app YouTube. En revanche, on est déçu de ne pas en trouver plus, là où TikTok, Google Maps, Netflix et d’autres sont pourtant pris en charge chez Samsung.

Saluons également la belle interface maison – ColorOs, dans sa version 13 –, portée par des fonds d’écrans animés du plus bel effet, fluides et esthétiques. On apprécie aussi l’espace baptisé Shelf, dédié aux widgets et permettant d’ajouter des fonctionnalités supplémentaires, tout comme les nombreuses options de personnalisation et plein de bonnes idées liées à l’ergonomie. Mention spéciale à une petite palette d’animaux (oiseau, cochon, lapin, chat et chien) que l’on peut choisir d’afficher sur l’écran externe. À travers de petites animations vraiment sympas, on verra alors l’animal vaquer à diverses occupations durant la journée: le matin, il fait mine de vouloir jouer; à midi il mange avant de piquer une sieste; quand la batterie baisse, il est fatigué et se met à faire des exercices physiques en mode recharge. Et si l’on vient de prendre une photo, il se laisse aussi tirer le portrait. Une petite touche astucieuse et originale.

Un volet photo décevant

Mais qui nous laisse un peu sur notre faim. Car cet écran d’appoint nous paraît en réalité bien sous exploité. Si on apprécie les widgets spécifiques qui lui sont dédiés (minuteur, agenda, mode photo, météo, enregistreur vocal…), ils sont malheureusement trop peu nombreux et on aurait vraiment aimé pouvoir par exemple y lancer un appel ou accéder à sa bibliothèque d’images.

La transition est faite pour aborder les capteurs photos… autre aspect qui a tendance à refroidir notre enthousiasme global. L’appareil est équipé d’un double capteur dorsal: un grand-angle de 50 mégapixels (f/1,8) et un ultra grand-angle de 8 mégapixels (f/2,2). Si le premier délivre en plein jour des clichés au piqué assez précis et à la colorimétrie fidèle, le second est beaucoup moins performant avec une perte importante dans les détails et des couleurs saturées. Et les choses se gâtent de nuit. Sur le capteur principal, le rendu est encore correct mais les couleurs sont déjà moins naturelles. Tandis que le second est à la rue, entre flou artistique et couleurs délavées. Les selfies sont par contre une bonne surprise, avec des résultats très naturels grâce au capteur de 32 mégapixels caché dans un poinçon. Mais là encore, privilégiez plutôt les photos de jour.

Il en a sous le capot

Attention, avec son indice de protection IPX4, l’appareil est tout juste protégé contre les éclaboussures. On veillera donc à le tenir éloigné de tout plan d’eau.

Terminons en évoquant ses performances brutes. Il offre un stockage de 256 Go, ses 8 Go de mémoire vive permettent un usage fluide du multitâche mais offre aussi de belles performances en mode gaming. Il est en outre équipé d’une solide batterie de 4300 mAh qui lui confère une autonomie dépassant largement la journée. Des prouesses à saluer pour un smartphone aussi fin.

En conclusion, on a l’impression de voir une version améliorée du Galaxy Z Flip 4 mais dont les capacités ne seraient pas pleinement exploitées. On en ressort avec une impression mitigée alors que l’appareil a un vrai potentiel. Voilà qui laisse au moins une bonne marge de manœuvre au fabricant pour venir combler ces quelques carences à coups de futures mises à jour logicielles.

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