AviationLa grève du contrôle aérien français irrite les compagnies européennes
Les protestations des aiguilleurs du ciel de France coûtent cher à Ryanair, KLM ou Easyjet, pour ne citer qu’elles. Elles réclament à Bruxelles une protection des survols, mesure qui existe déjà en Italie.
Plusieurs compagnies aériennes européennes de premier plan ont manifesté, mercredi, leur exaspération face aux grèves de contrôleurs aériens français, qui leur coûtent cher, selon elles, en provoquant retards et annulations. Elles ont appelé la Commission européenne à intervenir.
«Lors des trois premiers mois de l’année dernière, il y a eu trois jours de grève des contrôleurs aériens français. Depuis le début de l’année, on en est à 23. Et ça continue», a lancé le patron de la compagnie aérienne low cost Ryanair, Michael O’Leary, au nom de l’association Airlines for Europe (A4E), réunie en symposium à Bruxelles.
Des aiguilleurs du ciel participent à la contestation de la réforme des retraites en France, forçant l’administration à annuler une partie des mouvements au départ ou à l’arrivée des aéroports, mais aussi à réduire le nombre de vols pouvant transiter par l’espace aérien du pays. Vu la position géographique de la France, ces grèves ont des effets en cascade sur l’ensemble du trafic aérien européen: «Des Britanniques allant en Espagne, des Allemands au Portugal, des Irlandais en Italie», a illustré Michael O’Leary.
Rien que le week-end dernier, «Ryanair a été forcée d’annuler 240 vols, soit 41’000 passagers, parce que le contrôle aérien français ne nous autorisait pas à survoler la France», s’est indigné Michael O’Leary. Selon lui, 400’000 passagers de la low cost ont quant à eux subi un retard. «Nous sommes très gravement touchés, et on ne voit pas quand cela (la grève, ndlr) va s’arrêter», a renchéri Johan Lundgren, patron d’une autre low cost, Easyjet, lui aussi chez A4E.
L’«immunité» des contrôleurs français
La réglementation européenne impose aux compagnies aériennes de dédommager les passagers en cas de gros retards ou d’annulations, a rappelé le dirigeant de Ryanair, la plus importante compagnie européenne en nombre de passagers. «Mais nous ne sommes pas autorisés à récupérer ces sommes auprès des gens qui provoquent ces retards ou annulations, les contrôleurs aériens français, qui bénéficient de l’immunité de la part de leur gouvernement», s’est plaint Michael O’Leary.
A4E, qui fédère 16 compagnies ou groupes aériens, dont Air France-KLM, Lufthansa et IAG (British Airways, Iberia...), réclame à la Commission européenne qu’elle impose une protection des survols en cas de grève des contrôleurs aériens, une mesure qui existe déjà par exemple en Italie, selon Michael O’Leary.
Plus largement, pour la saison estivale à venir, les compagnies, qui font face à une demande revigorée après le Covid-19, se sont dites inquiètes d’une saturation de l’espace aérien européen, déjà fragilisé par les fermetures liées à la guerre en Ukraine.