CurlingAlina Paetz, décryptage d’une pierre d’exception
Champion olympique en 1998 à Nagano, Patrik Lörtscher analyse le quadruple take-out décisif de la joueuse d’Aarau, actuellement la meilleure du monde.
- par
- Christian Maillard
C’est ce qui s’appelle un trait de génie ou un geste venu de la providence qui ne s’explique pas d’ailleurs. Comme téléguidé par une force divine, Alina Paetz a réussi, ce samedi à la patinoire de Sous-Moulin à Thônex, un coup exceptionnel, qui a permis à son équipe du CC Aarau de Silvana Tirinzoni de remporter son septième titre national, le quatrième d’affilée. Un quadruple take-out, c’est le nom de son exploit, privant Grasshopper de titre sur sa dernière pierre.
Champion olympique à Nagano en 1998 avec Lausanne, Patrik Lörtscher, désormais consultant à la RTS, était au cœur de l’action, au centre sportif, lorsque la Zurichoise a éjecté les quatre pierres «jaunes» de la maison du bonheur pour marquer le dernier point décisif. «C’est une pierre d’une difficulté incroyable, détaille le Vaudois. Dans ce genre de coup, il faut taper au millimètre juste sur la pierre, qui doit partir sur l’autre et partir sur l’autre tout en sortant encore celle au milieu. Alors oui, c’est un coup d’exception, elle ne va pas en faire quinze dans sa vie comme ceci!»
Pour l’ex-joueur lausannois, c’était encore plus fort que son double take-out qu’elle avait déjà réussi en novembre 2023 à Aberdeen en finale lors du titre européen des Suissesses contre l'Italie. «Ce jour-là, elle devait juste taper et rouler sur le centre», sourit-il, conscient que pour marquer un tel point, Alina devait être «ultra-confiante», comme ce samedi à Genève.
Championne du monde à six reprises mais aussi médaillée d’or aux Mondiaux de double mixte avec son chéri Sven Michel, champion de Suisse avec le CC3C Genève, Alina Paetz est dotée d’une vision et d’un sang-froid exceptionnels. «C’est pour moi actuellement et sans discussion la meilleure joueuse au monde, estime Patrik Lörtscher. Dans ce championnat suisse, elle aurait pu jouer dans n’importe quelle autre équipe, même la dernière, elle aurait été championne!»
Le coup de cinq de Benoît Schwarz
Et de rappeler également ce coup de maître de… cinq réussi le 22 février 2018 contre la Grande-Bretagne à PyeongChang par le Genevois Benoît Schwarz qui avait permis à sa sélection nationale, celle représentée par le Curling Club de Genève, d’aller ensuite chercher la médaille de bronze. «Il avait passé dans un trou, ôté une pierre avant de revenir au centre, se souvient le consultant. C’était comme Alina samedi une des plus belles pierres que j’ai vue dans ma carrière.»
C’est ce qui s’appelle un coup pour la postérité.