DéfenseL’armée suisse suspend ses vieux chars de grenadiers
Près de 250 véhicules, qui datent des années 60, sont mis à l’arrêt immédiat en raison de défauts techniques dangereux pour les troupes. Les officiers sont inquiets.
- par
- Christine Talos
«Arrête ton char». Ou plutôt «arrête tes chars». C’est ce qu’a décidé l’armée suisse qui a mis au chômage technique provisoirement tous ses chars de grenadiers M113 encore en activité. Ces 248 véhicules, qui datent des années 1960 présentent un défaut technique au niveau de l’arbre de transmission. «Cette défaillance rend le char inapte à la conduite et au freinage», a annoncé lundi l’armée qui veut ainsi éviter d’éventuels accidents.
L’armée planifie désormais les réparations nécessaires et s’est mise en chasse de pièces de rechange. Hic: avec la guerre en Ukraine, le marché est très tendu, et l’acquisition de ces pièces de rechange peut prendre du retard en raison de problèmes d’approvisionnement sur les marchés.
Disponibilité réduite
L’instruction dans les écoles de recrues qui débuteront le 15 janvier 2024 sera assurée avec certaines restrictions, précise l’armée. «Vu le nombre de chars et les éventuels problèmes de livraison, il faudra faire avec une disponibilité réduite de l’équipement des formations en service de perfectionnement de la troupe jusqu’à ce qu’un nombre suffisant de véhicules de la flotte soit remis en état», ajoute-t-elle.
Au sein des officiers, la situation est qualifiée d’effrayante, selon le Blick lundi, car les M113 sont d’importance capitale pour l’engagement des troupes au sol. Les sapeurs de chars et les compagnies de sûreté des brigades mécanisées les utilisent comme transport de troupes, tandis que l’artillerie en a besoin pour la conduite et la direction du feu. Certains M113 ont en outre été transformés en chars légers pour le déminage.
Ce ne serait que le début
Pour les sociétés d’officiers, ces arrêts forcés font surtout apparaître des lacunes massives. «L’armée a subi des économies pendant des décennies. Les conséquences se font désormais de plus en plus sentir», estime Erich Muff, président de la Société des officiers (SO) des chars. Selon lui, ce «grounding» n’est qu’un début. «Car de nombreux systèmes sont surexploités depuis des années.»
À noter qu’au Parlement, le National et le Conseil des États se disputent actuellement le financement de l’armée dans le cadre du budget. Le Conseil des États veut porter le budget militaire à 1% du PIB d’ici 2030. Le National veut lui prolonger ce délai à 2035, tout comme le Conseil fédéral.