Manifestations en France: Une patrouille attaquée, un agent dégaine et un appel au meurtre

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Manifestations en FranceUne patrouille attaquée, un agent dégaine et un appel au meurtre

Une journée de mobilisation pour dénoncer les violences policières et le racisme systémique a eu lieu samedi dans l'Hexagone. Les forces de l'ordre ont été attaquées à Paris.

Environ 80'000 personnes ont manifesté samedi «contre les violences policières» dans plusieurs villes de France, dont 15'000 à Paris où une voiture de police a été attaquée à coup de barre de fer.

Environ 30’000 manifestants étaient attendus pour cette journée de protestation organisée à l’appel d’une centaine d'organisations syndicales, politiques et autres collectifs de quartiers populaires.

Le ministère de l’Intérieur a mobilisé samedi entre 130 et 135 unités de force (photo d'illustration).

Le ministère de l’Intérieur a mobilisé samedi entre 130 et 135 unités de force (photo d'illustration).

AFP

On vient se battre pour mon frère, l’homme qui l’a tué a été remis en liberté

La soeur de Mahamadou Cissé

La mobilisation a aussi reçu le soutien de 150 personnalités du cinéma, dont la réalisatrice Palme d’Or 2023 du festival de Cannes Justine Triet, ou encore les acteurs Reda Kateb et Benoît Magimel.

A Paris, la foule scandait «Police partout, justice nulle part», «Pas de justice, pas de paix» ou encore «Justice pour Nahel», adolescent tué le 27 juin près de Paris lors d’un contrôle routier. Sa mort avait déclenché une vague d’émeutes dans le pays.

«On vient se battre pour mon frère, l’homme qui l’a tué, un octogénaire ancien militaire, a été remis en liberté», a affirmé Hawa Cissé, 21 ans, sœur de Mahamadou Cissé, tué d’un coup de fusil en décembre 2022 à Charleville-Mézières (nord-est).

«La loi tue», dénonçait aussi une pancarte, avec une statue figurant la justice aux yeux barrés de rouge, critiquant un article du code de sécurité intérieure qui élargit la possibilité pour les forces de l’ordre de faire feu en cas de refus d’obtempérer.

Une pancarte appelle au meurtre

Voiture attaquée

Peu après le départ de cette manifestation, dans le nord de la capitale, des centaines d’individus vêtus de noir et cagoulés ont dégradé une agence bancaire, qui a eu ses vitres étoilées, puis jeté des projectiles sur une voiture de police coincée dans la circulation. La voiture a été attaquée «à coup de barre de fer», a indiqué la préfecture de police de Paris.

L’un des policiers est alors brièvement sorti du véhicule arme à la main pour tenir à distance les manifestants, selon plusieurs vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, confirmées par une source policière.

Une «intervention des BRAV», du nom de cette unité controversée de policiers à moto, a ensuite «permis de faire cesser l’action et mettre a l’abri» les policiers présents dans le véhicule, a ajouté la préfecture, qui n’a fait état d’aucune interpellation à ce stade.

Le ministère de l’Intérieur a mobilisé samedi 30’000 policiers et gendarmes sur l'ensemble du territoire, dont 6000 pour encadrer la visite du pape François à Marseille (sud-est).

Profilage racial dénoncé

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a adressé vendredi une lettre de soutien aux policiers et gendarmes et envoyé un télégramme aux préfets, dont l’AFP a eu copie, les appelant à «faire preuve d’une vigilance particulière concernant ces rassemblements» et de signaler les messages «porteurs de slogans insultants et outrageants à l’endroit des institutions de la République, de la police et de la gendarmerie susceptibles de tomber sous le coup de la loi».

En juillet, le Comité de l’ONU pour l’élimination de la discrimination raciale (Cerd) avait dénoncé la pratique «persistante» en France «du profilage racial combinée à l’usage excessif de la force dans l’application de la loi, en particulier par la police, contre les membres de groupes minoritaires, notamment les personnes d’origine africaine et arabe».

Paris s’était élevé contre ces accusations jugées «excessives» et «infondées», assurant que «toute mesure de profilage ethnique par les forces de l’ordre (était) interdite en France».

(AFP)

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