Volleyball«Avant, il n’y avait pas forcément de respect!»
Après quatre succès d’affilée, la Suisse commence à être considérée à l’étranger. Elle devrait se qualifier pour l’Euro mercredi à Bucarest. Un rêve qui va devenir réalité pour Quentin Zeller.
- par
- Christian Maillard
Donnez-lui un adversaire! Au-delà de la boutade, forcément provocatrice et patriotique, l’équipe de Suisse de volleyball dirigée par Mario Motta n’en finit pas de gagner, au point de se retrouver à une victoire d’un moment historique pour notre pays: une qualification pour l’Euro 2023. Après son succès samedi en Albanie, le quatrième d’affilée, la sélection helvétique, leader de son Groupe G avec un point d’avance sur le Roumanie, pourrait obtenir son ticket ce mercredi si elle s’impose à Bucarest.
De retour de Tirana, Quentin Zeller, l’ancien joueur du LUC, de Chênois et d’Amriswil qui va désormais porter les couleurs du TSV Unterhaching Munich, a pris le temps de rembobiner le film alors qu’il était en escale à l’aéroport de Vienne. «On atterrit à Zurich, on dort à Schönenwerd, on s’entraîne lundi et on repart mardi pour Bucarest.»
Quentin, après ce quatrième succès en Albanie, c’est un gros pas vers la qualification que vous avez effectué. Avec quels sentiments?
Je dirais un sentiment mitigé, parce qu’on s’est fait un peu peur sur la fin, alors que le match était de notre côté. On n’a pas joué de manière convaincante et notre staff n’était pas super heureux après notre prestation. Maintenant, au niveau des points récoltés, nous sommes en effet bien partis pour nous qualifier.
Ce match à Bucarest contre la Roumanie peut déjà être décisif…
Il peut être décisif, quand bien même on pourrait perdre avec encore beaucoup de chances de notre côté après ce précieux succès samedi en Albanie. D’autant plus que les quatre meilleurs 2es des groupes seront aussi qualifiés avec Israël, qui s’est proposé pour l’organisation de cet Euro l’an prochain.
Et pourtant, cette campagne européenne s’était plutôt mal emmanchée avec la blessure de votre capitaine Jovian Djokic…
De base, nous avons une équipe assez stable avec à l’aile trois des meilleurs Suisses pour deux places. Il s’agit de notre capitaine, d’un leader, mais cela aurait pu être bien pire si cela avait été un joueur d’un autre poste. On a eu, entre guillemets, de la chance de posséder un banc assez solide sur cette position. Après, Jovian Djokic est quelqu’un qui prenait beaucoup de place mais cela a permis à d’autres de s’épanouir davantage, notamment au niveau émotionnel.
On imagine aussi qu’après ce coup dur, cela a aussi soudé un peu plus le groupe ou non?
Non, car il y a toujours eu une bonne ambiance dans le groupe avant cette blessure. On se connaît tous très bien, on passe de nombreux étés ensemble. Alors oui, il y a parfois des petits problèmes quand on est les uns sur les autres mais le groupe est assez jeune et on s’entend vraiment très bien. On est une équipe, une vraie, c’est une de nos forces. Ce n’est pas le cas partout, où il y a parfois de grosses tensions avec les coaches et les joueurs. On n’a pas forcément de stars chez nous, c’est peut-être aussi une des raisons de notre bonne entente.
Disputer un Euro, ce serait une première pour la Suisse, un rêve qui devient réalité?
Exactement, c’est un rêve qui est sur le point de se réaliser. Il y a cinq ans, personne n’aurait jamais imaginé que cela puisse être possible. Même en Europe, dans les autres pays, les autres clubs, on commence à considérer la Suisse. Mais avant, pour nous les joueurs qui étions à l’étranger, on n’avait pas forcément de respect pour nous. C’est petit à petit, avec notre très bon staff, qu’on a réussi à changer les mentalités. Si on se qualifie, ce sera incroyable pour nous, mais également pour tout le volley dans notre pays.
Comme Jovian Djokic en Italie, vous à Munich et d’autres en France, les joueurs suisses commencent à s’expatrier…
Cela commence à éclore en effet. D’autres pays regardent notre championnat et notre équipe nationale. Pourtant, il y a toujours eu de bons joueurs en Suisse…
En Roumanie, face à un adversaire que vous avez battu 3 à 2 à l’aller, cela risque bien d’être chaud!
C’est sûr que devant leur public, on s’attend à ce que les Roumains viennent très fort d’entrée, lors des deux premiers sets. Comme on a un point de plus qu’eux, ils doivent absolument remporter cette rencontre. Tout le monde va devoir prendre des risques, je pense que ce sera agressif d’entrée. On verra bien.