ConjonctureL’euphorie retombe autour des prévisions de croissance
Le groupe d’experts du Secrétariat d’État à l’Économie révise sa prévision de croissance à la baisse pour 2021. Elle devrait être de 3,2 % et non de 3,6% comme annoncé en juin. Pour 2022, ils tablent sur 3,4 %.
L’assouplissement des mesures début mars a permis à l’économie suisse de retrouver des couleurs après les difficultés traversées durant le semestre d’hiver. L’activité économique retrouve son niveau d’avant-crise, selon les prévisions livrées jeudi par le groupe d’experts du Secrétariat d’État à l’Économie (SECO).
Pour 2021, le groupe d’experts s’attend à une croissance du PIB de +3,2 %. La révision à la baisse par rapport aux prévisions de juin (+3,6 %) est également due au fait que le ralentissement économique n’a pas été aussi marqué en 2020 qu’on ne le pensait, si bien que les potentiels de rattrapage sont dans l’ensemble moins importants. Par ailleurs, des secteurs fortement exposés comme le tourisme pourraient connaître un redémarrage en dents de scie, indiquent les experts.
Forte hausse attendue en 2022
La conjoncture mondiale devrait retrouver de la vigueur au cours de l’année qui vient. Les goulets d’étranglement qui touchent les composants et les matières premières et les capacités de transport devraient se résorber et la situation sanitaire continuer de se normaliser. La reprise économique prendrait ainsi de l’ampleur et s’étendrait davantage aux échanges internationaux de services, comme dans le secteur du tourisme. Tant la demande indigène que le commerce extérieur devraient de ce fait constituer d’importants relais de croissance. Au vu de tous ces éléments, le groupe d’experts prévoit pour 2022 une croissance du PIB corrigé des effets des grands événements sportifs de +3,4 % (prévisions de juin : +3,3 %).
Baisse du chômage et hausse des prix
Sur le marché du travail, les effets de la reprise sont patents. Le recours à la réduction de l’horaire de travail devrait diminuer progressivement et le chômage reculer fortement. On s’attend à un taux de chômage annuel moyen de 3,0% pour 2021 et de 2,7% pour 2022. Quant à l’inflation, elle devrait s’accentuer légèrement par rapport aux prévisions de juin (2021 : +0,5 %, 2022 : +0,8 %).
Le risque de voir la pandémie flamber à nouveau ne peut pas être exclu. La mise en place de mesures sanitaires fortement restrictives entraverait massivement la reprise, par exemple en cas d’apparition de nouveaux variants du virus pour lesquels la vaccination serait nettement moins efficace.
Une pénurie de matériau à long terme serait néfaste
Il faudra également s’attendre à des effets négatifs sur la reprise si les actuelles restrictions de capacité devaient perdurer et les récentes poussées inflationnistes déboucher sur une pression durable sur les prix entraînant une hausse des taux d’intérêt à long terme. Les risques existants liés à l’endettement des États et des entreprises ainsi qu’à de fortes corrections sur les marchés financiers s’aggraveraient drastiquement dans un tel scénario. Les risques pesant sur le secteur suisse de l’immobilier s’accentueraient eux aussi, selon cette analyse.
À l’inverse, la reprise pourrait être plus forte que prévu par le groupe d’experts, tant en Suisse que dans d’autres économies avancées. Étant donné les possibilités de consommation réduites, certains ménages ont pu constituer une épargne supplémentaire considérable depuis le printemps 2020, dont une partie au moins pourrait être consacrée aux dépenses de consommation.