FootballComment le FCZ a enfin trouvé la clé
Le champion de Suisse a remporté sa première victoire de la saison en Super League à Sion (1-0) dimanche. Le nouvel entraîneur Bo Henriksen n’y est pas étranger.
- par
- Valentin Schnorhk
D’une certaine manière, Bo Henriksen l’avait promis. «Mon objectif? Gagner à nouveau.» C’était lors de l’intronisation du Danois au poste d’entraîneur du FC Zurich il y a une quinzaine de jours. En Europa League, cela a fini par tomber jeudi dernier, contre Bodø/Glimt (2-1). Mais en Super League, le défi était autre. Après quatorze journées de championnat, le champion de Suisse en titre a enfin engrangé son premier succès de la saison. Une victoire 1-0 contre le FC Sion dimanche.
Bo Henriksen a vu cela des tribunes, lui qui purgeait son dernier match de suspension après son expulsion contre Bâle. Mais il n’avait pas besoin d’être sur le banc pour que ce succès soit notamment le sien. Dans le FCZ de Henriksen, il y a l’un ou l’autre principes clairs, qui ne sont pas ceux que portaient Franco Foda. Si tant est que ce dernier en avait, lui qui avait tant peiné à prendre la succession d’André Breitenreiter. En voulant imposer un style, l’ancien sélectionneur de l’Autriche avait surtout par se perdre. Sans être vraiment aidé par la réussite, non plus.
Actif en haut
Rien n’est vraiment révolutionnaire avec Henriksen. Mais il y a des éléments évidents. Le principal étant l’approche sans ballon. Elle se veut agressive. Et elle s’est affirmée dès le premier match de Super League du technicien de 45 ans, contre le leader Young Boys. Ce qui en ressort, c’est un pressing haut et individuel dans l’axe. Les milieux et attaquants adverses sont marqués de près. Les autres sont surveillés, en laissant la «porte ouverte» à l’extérieur, de manière à pouvoir être agressés sur le temps de passe. Cela rappelle un des principes auxquels tenaient Breitenreiter l’an dernier.
Contre Sion, il s’est exprimé clairement, sur la plupart des sorties de balle valaisannes. De par leurs courses, Okita et Tosin (les deux attaquants zurichois) voulaient orienter les défenseurs sédunois vers l’intérieur. Lorsque ces derniers ont choisi cette filière, les duels étaient remportés par les Zurichois cherchant à défendre en avançant. Et quand Sion a tenté de sortir par ses latéraux, alors tant Guerrero à gauche que Boranijasevic sortaient assez rapidement dessus pour les mettre immédiatement sous pression. Accompagnés par l’ensemble du bloc, ils sont plusieurs fois parvenus à réduire l’espace et récupérer la balle.
Le 5-2-3 médian immuable
Le premier succès du FCZ de la saison s’explique ainsi. C’est sur une de ces séquences qu’il est tombé: Baltazar cherché à gauche et cadré par Boranijasevic, Balotelli qui décroche et suivi à la trace par Kamberi, l’espace qui se réduit et le ballon subtilisé. La transition est ensuite rapide et Okita est décalé pour tromper Lindner. Et à dire vrai, ce n’était ni la première situation du genre, ni la dernière. Le plan a fonctionné et il a tenu. Et même si les décisions arbitrales ont prêté à débat, Zurich n’a rien volé: sa domination se lit à travers a feuille de stats (14 tirs à 3, et 2,45-0,27 aux Expected Goals). Un plan défensif au service de l’animation offensive.
Pour tout dire, le modèle de jeu que développe Bo Henriksen depuis son arrivée ne s’arrête pas à ça. Les chiffres le montrent: Zurich ne tient pas (encore?) un pressing haut durant l’ensemble des rencontres. Mais il parvient à le combiner à des séquences en bloc médian qui fonctionnent. Et que le système avec ballon soit en 3-4-2-1 ou en 3-4-1-2, le module sans ballon revient constamment à un 5-2-3. Les trois joueurs les plus avancés restent sur la même ligne pour fermer au mieux l’intérieur du jeu (avec la paire de milieux de terrain, composée de Conde et Selnaes dimanche, en couverture), alors que les deux extérieurs restent actifs sur la largeur.
Ce sont là deux principes défensifs immuables. Henriksen s’y tient, même après le 4-1 subi contre Grasshopper une semaine plus tôt. À son époque pas si lointaine, Franco Foda ne trouvait pas la bonne formule, alternant bloc médian et approches plus hautes mais moins coordonnées. Le FCZ gagne en lisibilité. Sans ballon, donc.
La largeur, valeur refuge
Parce que l’approche offensive demande encore à être calibrée. D’ailleurs, les statistiques disent que Zurich est un peu moins menaçant ces derniers matches, même s’il faut exclure de l’analyse le 0-0 de Bâle, où les champions de Suisse avaient passé plus de 80 minutes à dix contre onze. Reste qu’il y a un aspect qui tend à revenir: l’exploitation de la largeur. La victoire de dimanche s’explique en grande partie par la prestation des deux extérieurs (Guerrero et Boranijasevic).
Leur activité, notamment en transition, donne de l’amplitude au jeu du FCZ. Et à Tourbillon, cela a permis de se créer directement un certain nombre d’occasions. Ce n’est pas nouveau. Cela rappelle la saison dernière. Parfois, c’est en faisant du neuf avec du vieux que l’on retrouve une bonne dose de confiance. Pour Zurich, elle viendra avec des victoires. Prochain adversaire? Arsenal à l’Emirates jeudi en Europa League. Et surtout Lugano dimanche prochain. De quoi ancrer encore un peu plus les principes.