Ce que l’on sait de la tuerie familiale de Douvres

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FranceCe que l’on sait de la tuerie familiale de Douvres

Le jeune homme a tué ses proches à l’arme blanche. Il n’a pas répondu aux sommations des gendarmes qui ont ouvert le feu. Les habitants sont sous le choc.

À Douvres, «il y a toujours eu une bonne ambiance», témoigne la patronne du bar.

À Douvres, «il y a toujours eu une bonne ambiance», témoigne la patronne du bar.

AFP

Les barrages de gendarmes sont toujours là mais autour les rues sont désertes: au lendemain de la découverte d’un quintuple meurtre familial, les habitants ébranlés de la petite commune de Douvres dans l’Ain tentent de reconstituer les faits.

Une source proche de l’enquête a confirmé jeudi que le tueur s’en était pris à son père de 51 ans, à la compagne de ce dernier (48 ans), à sa sœur âgée de 17 ans, à la fille de sa belle-mère âgée de 15 ans, et à l’enfant issu de la nouvelle union, un garçon de 4 ans. Il a été mortellement blessé mercredi par le GIGN après s’être retranché dans la maison pendant toute la nuit, refusant obstinément de se rendre.

Le forcené, réfugié dans une pièce fermée du pavillon, était «déterminé», selon le procureur. Malgré «plusieurs sommations adressées» pour qu’il dépose les armes, le jeune homme s’est avancé en direction des gendarmes qui ont alors fait feu «à quatre reprises». Les secours ont tenté de le ranimer mais il est décédé vingt minutes plus tard.

Armé d’un fusil à canon long et d’un katana (sabre japonais), il «aurait souffert de troubles psychiatriques», selon le parquet de Bourg-en-Bresse. Le procureur Christophe Rode a précisé que les victimes avaient «été mortellement blessées par une arme blanche – pas forcément un sabre – et sans doute pour certaines par une arme à feu».

Selon Christian Limousin, maire de la petite commune de Douvres, cette famille résidait dans la maison depuis juillet 2020 et «commençait à s’investir dans le village».

Au lendemain de la tragédie, des barrages étaient toujours en place.

Au lendemain de la tragédie, des barrages étaient toujours en place.

AFP

Le père, Lilian Darbon possédait sa propre entreprise de menuiserie, rapporte «Le Progrès». Il avait notamment étudié au lycée Carriat de Bourg-en-Bresse. Il était parti vivre à Bordeaux il y a de ça quelques années, ville où il avait probablement rencontré sa compagne actuelle: Nathalie Jullion. Cette dernière avait quitté l’Aquitaine pour venir s’installer dans l’Ain avec sa fille de 15 ans, qu’elle avait eue d’une précédente union. Elle travaillait comme chargée de mission à la lutte contre la fraude à la CPAM de l’Ain.

Le père du forcené et sa compagne Nathalie Jullion. Ils s’étaient rencontrés dans la région bordelaise avant avant de venir s’installer dans l’Ain.

Le père du forcené et sa compagne Nathalie Jullion. Ils s’étaient rencontrés dans la région bordelaise avant avant de venir s’installer dans l’Ain.

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Le couple avait eu un petit garçon de cinq ans, scolarisé à la maternelle et participait au Sou des écoles.

«Les gens sont fous»

«Les gens sont fous (…) qu’est-ce qui se passe dans leur tête?» s’inquiète Marina Morabito, 28 ans. «Je suis maman d’un petit garçon et je me dis "mais comment un enfant peut faire ça à sa famille?"», s’étouffe cette préparatrice de commande résidant près de ce village voisin d’Ambérieu-en-Bugey.

«Choqué que ça arrive ici», confie à l’AFP Hervé, assis torse nu sur des palettes, qui, comme beaucoup d’habitants, rechigne à décliner son identité. «Parce que c’est calme Douvres, on est un petit village tranquille, tout le monde se connaît, on est une famille», décrit le cuisinier barbu de 30 ans, qui a jadis participé à l’installation de l’électricité dans la maison des victimes.

«C’est une tragédie»

«C’est une tragédie», se désole Pascale, 55 ans, mains serrées dans le dos et gorge nouée.

Une connaissance de la famille a indiqué à l’AFP que l’auteur de la tuerie avait 22 ans et travaillait dans une enseigne de restauration rapide dans une ville voisine.

Dans ce village de la région naturelle du Bas-Bugey, entre Lyon et Genève, ce qui s’est passé «peut perturber» et «soulever beaucoup de questions», témoigne de son côté Hugo Sanial, employé dans le préfabriqué béton.

«C’est particulier comme situation» et «mettre des mots sur comment on le vit», c’est «compliqué», admet le jeune homme de 21 ans, casquette et bras croisés.

«On a eu peur»

«On a eu peur», reconnaît laconiquement Serge Grinand, 60 ans, lorsque les gendarmes du GIGN, armés et vêtus de gilets par balles, sont arrivés. «C’est triste», souligne encore ce commercial aux cheveux grisonnants, habitant de Douvres «depuis toujours».

«J’étais surprise quand j’ai appris la nouvelle car dans le village, il y a toujours eu une bonne ambiance», certifie Tania, 35 ans, patronne depuis mars du bar-pizzeria de la Babillière sur la place de Douvres. «En tout cas, ce n’était pas des gens du bar, je ne les connaissais pas».

Une des plus meurtrières en France

Ce drame constitue l’une des tueries familiales les plus meurtrières en France de ces dernières années. Le parquet a ouvert une enquête pour homicides volontaires. Une seconde enquête portera sur l’usage de leurs armes par les gendarmes du GIGN. Des autopsies sont menées jusqu’à la fin de la semaine.

(AFP/lematin.ch)

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