TestHomePod, le retour surprise d’un débranché
Apple a réintroduit vendredi dernier une enceinte connectée «premium» qui parle et qui entend. Belle robe, excellent son, tête avec son petit caractère.
- par
- Jean-Charles Canet
En février 2018, Apple introduisait d’abord aux États-Unis (pour 349 dollars), le HomePod, sa vision de l’enceinte connectée: résolument haut de gamme, résolument audiophile et résolument propriétaire. En 2021, Apple, apparemment déçu par un accueil pas aussi enthousiaste qu’espéré, décidait de cesser la production du modèle et de se concentrer sur un «HomePod mini» à 99 francs.
La surprise fut donc grande de voir revenir par la grande porte en ce début d’année 2023 un produit évacué par la fenêtre presque deux ans auparavant. Le HomePod «deuxième génération» est disponible depuis le vendredi 3 février dernier. Il s’agit d’une sortie mondiale simultanée, Suisse comprise.
Apple n’est guère disert sur les raisons qui ont motivé cette peu courante seconde chance donnée. Tout au plus est-il laissé entendre qu’une demande semble-t-il insistante a poussé le constructeur à réintroduire le produit tout en lui fournissant l’occasion de revoir légèrement sa copie. Son prix, revu à la baisse aux États-Unis et en Suisse (ou il reste tout juste sous la barre symbolique des 300 francs), tranche avec celui, moins séduisant, observé en euro (349 euros). Cela est d’autant plus étonnant que l’euro et le franc suisse sont quasi à parité depuis quelque temps. On sent venir comme un zéphyr de tourisme d’achat.
Place au test
Place au test. Le HomePod ressemble comme deux gouttes d’eau au premier du nom. Au point qu’il est difficile de distinguer une très légère perte de poids et de dimensions. On note que, cette fois, le câble d’alimentation est amovible. Sa sobriété, sa finition contribuent à une esthétique (petite robe noire avec des reflets bleus ou robe blanche, à choix) séduisante.
Une fois branché sur le secteur, il suffit d’approcher son smartphone (un iPhone obligatoirement) pour que ce dernier lui transmette tout ce dont le haut-parleur à besoin pour fonctionner dans un environnement couvert par un réseau wi-fi. Pour peaufiner ces réglages automatiques, il faut se rendre dans l’application «Maison» et indiquer dans quel type de pièce se trouve l’appareil (salon, cuisine, chambre à coucher…). La configuration initiale, le plus souvent soumise à une mise à jour, ne dure que quelques minutes. L’enceinte qui parle, qui écoute et qui obéi (quand tout va bien) est prête.
Dans le cadre de nos essais, le HomePod s’est retrouvé étroitement associé à un flux de musique (Apple Music), un flux de Podcast (Apple Podcasts), deux Apple TV reliées chacune à leur écran et un système d’éclairage domotisé (Philips Hue). On aurait pu lui donner plus à gérer si nous avions d’autres accessoires compatibles, une sonnette sans fil, un détecteur de fumée ou des thermostats de chauffage par exemple.
En avant la musique
Mais à tout seigneur, tout honneur, place au son en général et à la musique en particulier. Sur ce plan, l’HomePod excelle. De toutes les enceintes («intelligentes» ou non) de taille comparable que nous avons pu côtoyer, c’est celle qui nous a le plus flatté les oreilles. En toute subjectivité, l’équilibre entre les basses, les médiums et les aigus a semblé proche de la perfection.
«Dis Siri…»
Et le pilotage? Ce dernier se fait bien sûr soit avec son smartphone en lançant l’application son ou musique désirée puis en sélectionnant manuellement le canal AirPlay idoine, mais l’HomePod est surtout conçu pour répondre à la voix. Avec le fameux «Dis Siri…» qui ouvre les esgourdes de l’enceinte, suivi de commandes vocales qui peuvent être «Quelle heure est-il?» «Allume les lumières de la chambre», «Quelle est la température de la pièce? (le HomePod est en effet pourvu d’un capteur de température et d’humidité), «Joue moi de la musique douce», «réveille-moi à 8 heures demain matin» ou toute autre commande plus ou moins précise, plus ou moins spécifique, plus ou moins farfelue.
Montagnes russes
Sur ce terrain-là, on est passé par toutes les phases: de l’enthousiasme sans nuance à une légère déception. Enthousiasme lorsqu’on est parvenu à faire passer avec succès une succession de commandes de plus en plus complexes. Déçu lorsque Siri est restée complètement à côté de la plaque avec certaines commandes que l’on jugeait pourtant tenir de l’évidence.
Parmi le plus absurde on a eu ainsi le cas ou Siri donnait la température de la pièce sans moufter mais lorsque nous avons décidé de lui demander de lancer une alerte lorsque la température dépassait un certain plafond, Siri a prétendu ne pas trouver trace du capteur qu’elle a pourtant dans ses entrailles. Bug à corriger, pour sûr.
Mais pour rester positif, on reconnaîtra que les oreilles de Siri sur HomePod sont très, très fines. Même avec de la musique à coin, on a pu se faire comprendre sans avoir à s’époumoner. Au point que, pour la première fois, on s’est mis à préférer passer par une commande vocale que par les autres voies plus conventionnelles qu’on privilégiait toujours auparavant.
Mode «home cinéma»
L’autre aspect sur lequel on s’est longuement penché est le lien étroit voulu par Apple entre l’enceinte et l’Apple TV 4K, la boîte qui, lorsque reliée à une télé ou un projecteur, devient la gare de triage pour toutes sortes de contenus numériques (applications, jeu et services de streaming…). Une station de qualité a-t-on pu constater de longue date.
Une fois la petite boîte noire et le HomePod placés dans la même pièce dans l’application «Maison» de l’iPhone, l’Apple TV reconnaît automatiquement l’enceinte et propose de cocher la case qui lui permet d’être la sortie sonore principale du téléviseur. Et lorsque les applications Apple TV+ ou Netflix diffusent une série pourvue d’un canal audio Atmos, ce dernier est géré par l’HomePod, a-t-on pu vérifier. D’où l’idée de transformer le coin télé en petite pièce «Home Cinéma». L’Apple TV joue en quelque sorte de centrale images/son et le HomePod devient capable de restituer les pistes sonores les plus spatialisées… Ça marche, déjà pas mal avec une enceinte mais sans doute mieux avec deux HomePod appairés, ce que nous n’avons pas pu tester. C’est de plus bien moins lourd à mettre en place qu’un ampli et une série de haut-parleurs et un caisson de basse.
Mais cela fonctionne-t-il avec un lecteur de Blu-ray et/ou une console de jeux reliée par câble HDMI à l’écran? Oui si l’Apple TV 4K est de dernière génération et si le téléviseur est pourvu d’une entrée HDMI ARC ou eARC. Non dans le cas contraire: le son de la console ou du lecteur de disques physique ne pourra alors passer que par les petits haut-parleurs du téléviseur.
Ayant tout le nécessaire, on a essayé notamment de faire tourner une console Xbox Series X avec l’image sur l’écran et le son passant par un canal de retour eARC vers l’Apple TV, ça a marché: l’HomePod s’est mis à cracher en stéréo, en pseudo 5.1, en pseudo 7.1, en Dolby Digital aussi… Mais lorsque est venu le temps de lui faire diffuser du Dolby Atmos, échec total. Ce n’est pas normal, communique Apple-Londres à qui nous avons remonté ce petit nuage noir sur ciel bleu.
On penchait pour notre part vers l’hypothèse que l’Apple TV ne laisse passer l’Atmos que pour ses applications maison (Apple TV+) ou accréditées (Netflix) mais le refuse pour d’obscures raisons pour les appareils externes et les apps non adoubées (on pense à Plex par exemple) ce qui serait mesquin. À suivre.
En conclusion, le HomePod est une enceinte connectée de grande qualité dotée d’un excellent rapport qualité-prix sur le marché Suisse. Il n’est cependant fait que pour les audiophiles connectés et adeptes (ou prisonniers, question de perspective) de l’écosystème Apple. Malgré une Siri parfois rétive à se plier à nos quatre volontés et quelques mystères subsistants en mode «Home cinéma», on lui trouverait sans se faire prier une, voire plusieurs niches dans notre nid douillet.