Commentaire: rachat d’Activision, et maintenant?

Voilà c’est fait. Avec le feu vert donné par l’autorité de régulation britannique, il n’y avait plus d’obstacle juridique, vendredi matin, au rachat d’Activision-Blizzard par Microsoft. Dans les heures qui ont suivi cette annonce, Microsoft s’est empressé de confirmer la finalisation de l’acquisition. Rappelons que cette transaction a été dévoilée en janvier 2022, il y a bientôt 21 mois, presque deux ans, pour la modique somme de 69 milliards de dollars, excusez du peu. Rappelons encore que Sony Interactive Entertainment, la division PlayStation de Sony a tout tenté pour empêcher le rachat, son (futur ex) patron Jim Ryan ayant mis tout son poids pour contrarier les plans de Phil Spencer, l’actuel patron de la division jeu vidéo de Microsoft.

Alors la suite? Pour Microsoft, l’intégration dans le portefeuille Xbox des Call of Duty, Diablo, World of Warcraft, Candy Crush, Crash Bandicoot et bien d’autres, est une bonne nouvelle. Elle va permettre au Game Pass, le service d’accès par abonnement aux jeux Xbox de passer à la vitesse supérieure et, peut-être, de désenliser Microsoft d’une 3e place globale, derrière Sony et Nintendo, qui mécontente la direction du groupe nord américain. Cette dernière a même dernièrement suggéré que la firme pourrait sortir du marché du jeu vidéo si sa croissance n’était pas jugée suffisante. Le risque d’un retrait semble ainsi s’éloigner mais n’est pas pour autant écarté. Tout dépendra de l’habilité de la division Xbox à sortir régulièrement des jeux populaires et de qualité pour des prix raisonnables. Elle en a désormais les moyens.

Pour Sony, la finalisation a aussi des conséquences. Le groupe a en effet choisi de se montrer cachottier afin de se donner plus une image de victime que d’impitoyable leader du marché pendant sa croisade contre Microsoft. Tant et si bien que, une fois son dernier blockbuster sorti («Spider-Man 2», le 20 octobre prochain), personne ne sait vraiment de quoi sera fait son catalogue ensuite. Maintenant au moins, SIE va pouvoir faire scintiller sans arrière-pensées ses pépites, dévoiler ses munitions. Mais là aussi, Sony va devoir vraiment montrer ce qu’il a dans sa besace et démontrer que ses unités de production ne se trouvent pas dans l’enfer du développement. L’absence de transparence, aussi tactique a-t-elle été, a en effet tendance à entretenir les rumeurs de problèmes. Et il y en a, actuellement.

Pour Nintendo, les conséquences ne sont pas aussi évidentes à identifier. La grenouille presque aussi grosse qu’un bœuf a une nouvelle console à annoncer (la Switch 2). Son principal souci sera de réussir ce lancement d’enchaîner les succès avec ses franchises habituelles. La firme de Mario parviendra-t-elle à conserver sa niche aussi rutilante qu’auparavant? Là aussi la balle est dans son camp et de sa politique éditoriale mais aussi dans le camp des gamers.

Le dernier acteur influencé par l’intégration d’Activision en est un qu’on n’attendait pas. Il s’agit du français Ubisoft. En accord avec Microsoft qui devait absolument supprimer les réticences du régulateur britannique, le groupe rachète les activités dans le cloud des titres Activision-Blizzard. Il en sera donc bénéficiaire de l’exploitation de ces jeux lorsqu’ils seront pratiqués sans console et sans PC mais calculés dans le nuage. Un marché qui est appelé à croître. La firme d’Yves Guillemot avait bien besoin d’une telle bouffée d’oxygène. Microsoft la lui donne.

Les cartes semblent brassées une nouvelle fois et maintenant, que les meilleurs gagnent.