CommentaireLe Conseil fédéral, maître dans l’art du chaud et du froid…
Après avoir freiné, le Gouvernement décide d’appuyer sur l’accélérateur. Au lieu du 31 mars, il fait une proposition de lever toutes les mesures dans deux semaines. Intéressant, mais un peu déstabilisant.
- par
- Eric Felley
Deux ans, a rappelé mercredi Alain Berset. Voilà presque deux ans que la pandémie de coronavirus a déferlé sur le monde et la Suisse. «Depuis, nous avons beaucoup appris», aime-t-il à répéter. En effet, nous avons appris à être prudents et à ne pas se réjouir trop vite. Pourtant, mercredi, les propositions du Conseil fédéral ont fait souffler un vent d’optimisme, pour ne pas dire d’euphorie.
Il propose une variante cash: le 17 février, toutes les mesures pourraient être levées, même le port du masque à l’intérieur que l’on porte depuis le 1er juillet 2020. Aussitôt, l’Union suisse des arts et métiers a applaudi à cette idée qui ressemble à son «Freedom Day». Mais le Centre, le PS et même le PLR estiment qu’il faut y aller mollo quand même. Il y a deux semaines, le Conseil fédéral prolongeait les mesures au 31 mars. Mercredi, il propose d’avancer de six semaines. La liberté fait peur, soudain!
Il y a toujours un «mais»
Pour le président médecin Ignazio Cassis, l’affaire semble réglée: «Nous allons apprendre à vivre en toute liberté avec un virus de plus». Alain Berset parle «d’une phase endémique qui semble se concrétiser». Il ne peut s’empêcher d’ajouter un «semble»… Mais, car il y a toujours un «mais», ce n’est pas le signal que la pandémie est terminée. Nos conseillers fédéraux ont pris l’habitude d’annoncer une bonne nouvelle en l’assortissant d’un inévitable avertissement. Souffler le chaud et un peu le froid.
Il y a en effet une contradiction entre la proposition de lever toutes les mesures dans deux semaines et les propos du ministre de la Santé: «Nous allons pas à pas, prudemment, jusqu’à la sortie…» Et puis, le certificat va rester comme un instrument dont la Suisse aura peut-être encore besoin. La vaccination de rappel doit se poursuivre. Le coronavirus pourrait revenir à l’automne, comme une vague saisonnière, avec un nouveau variant moins sympa qu’Omicron…
En quelque sorte, nous sommes entrés dans une ère «d’intranquillité», selon l’expression du poète portugais Pessoa. La situation actuelle nous offre cependant un répit. Et c’est déjà ça de pris.