Afrique du SudLa demande de libération conditionnelle d’Oscar Pistorius a été refusée
L’ancien athlète sud-africain, condamné à treize ans de prison pour avoir abattu sa compagne en 2013, va rester en prison. Sa demande de libération conditionnelle a été rejetée.
- par
- François Treuthardt
La demande de libération conditionnelle de l’ex-champion paralympique sud-africain Oscar Pistorius, condamné pour le meurtre de sa compagne Reeva Steenkamp, en 2013, a été refusée vendredi, a-t-on appris auprès de l’avocate de la famille de la victime. Puis les services pénitentiaires ont informé, à la surprise générale et dans un bref communiqué, que le refus était lié au fait que le condamné n’avait pas encore purgé une partie suffisante de sa peine pour pouvoir obtenir une libération anticipée. «Le détenu n’a pas terminé la période de détention minimale, comme l’a décidé la Cour suprême d’appel», soit la dernière instance à avoir condamné l’athlète, en 2017, après de multiples appels.
Dans un bref mémo daté de mardi, cette Cour explique considérer que la peine infligée débute à partir de la date de sa condamnation, en 2017, et non à partir de sa première condamnation, en 2014.
Dans un an
«La demande a été refusée» et «sera réexaminée dans un an», a précisé l’avocate de la famille de la victime, Me Tania Koen, saluant la décision. Le porte-parole des services pénitentiaires, Singabakho Nxumalo, a précisé qu’Oscar Pistorius n’aura complété le minimum requis qu’en août 2024, date à laquelle il pourra redemander une libération anticipée. Il était éligible depuis juillet 2021, avait pourtant annoncé l’administration pénitentiaire depuis des mois.
Une commission ad hoc s’est réunie vendredi matin, à la prison d’Atteridgeville, près de Pretoria, où l’ex-athlète aujourd’hui âgé de 36 ans purge une peine de plus de treize ans. La loi sud-africaine prévoit qu’un condamné pour meurtre puisse bénéficier d’une libération anticipée une fois la moitié de sa peine écoulée.
«Je ne crois pas son histoire»
Les parents de Reeva Steenkamp avaient fait savoir leur opposition à sa libération anticipée, estimant qu’Oscar Pistorius n’a jamais dit la vérité. «Je ne crois pas son histoire», a déclaré, visiblement éprouvée, la mère, June Steenkamp, à son arrivée devant la prison. Elle n’a pas témoigné en face du meurtrier de sa fille, la commission ayant décidé d’entendre ce dernier dans un deuxième temps, a précisé Tania Koen.
Les parents de la victime vivent «une condamnation à perpétuité» depuis la mort violente de leur fille, a asséné Tania Koen. Ils «estiment qu’il ne devrait pas être libéré», car «il n’a montré aucun remords et il n’est pas réhabilité, car s’il l’était, il aurait été honnête et aurait raconté la véritable histoire de ce qui s’est passé cette nuit-là», a-t-elle insisté.
Reeva, tuée de quatre balles
Aux premières heures de la Saint-Valentin, le 14 février 2013, Oscar Pistorius a tiré avec un fusil à travers la porte de la salle de bainss de sa chambre. Reeva Steenkamp, mannequin de 29 ans, a été tuée de quatre balles. Riche, célèbre, le sextuple champion paralympique était entré un an plus tôt dans la légende du sport, en s’alignant avec les valides aux 400 mètres des Jeux olympiques de Londres, une première pour un double amputé.
«Blade Runner», son surnom en référence à ses prothèses de carbone, a plaidé la méprise et dit avoir cru qu’un cambrioleur s’était introduit dans sa résidence ultrasécurisée. Lors de son procès, retransmis en direct à la télévision, en 2014, l’ex-star est apparue en pleurs, vomissant à la lecture du rapport d’autopsie. Il a écopé de cinq ans de prison pour homicide involontaire, puis six lors d’un premier appel. Et, enfin, treize ans et cinq mois après un second. Lâché par ses sponsors, ruiné, l’idole déchue a dû vendre sa maison pour payer ses avocats.