Liens entre Macron et Uber«Le minimum, c’est qu’il explique ce qu’il a fait»
Les oppositions ont haussé le ton lundi après la révélation d’échanges privilégiés entre Uber et Emmanuel Macron quand il était ministre de l’Économie.
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Une vaste enquête a dévoilé les liens qui unissaient Uber et Emmanuel Macron, alors en poste à Bercy.
AFPLes détracteurs du président français montent au créneau après la révélation de l’existence d’un «deal» secret entre Uber et Emmanuel Macron à l’époque où il était ministre de l’Économie. «C’est très grave, l’idée que Monsieur Macron a, dans ce pacte secret avec une entreprise, dérégulé la réglementation en matière de taxis», a accusé Alexis Corbière, député de La France insoumise (LFI). «J’ai une certaine idée de la République, qui fait que le président ou celui qui veut être président, ne peut pas être un lobbyiste au service d’intérêts privés et d’une entreprise nord-américaine», a poursuivi Corbière.
Le député de Seine-Saint-Denis envisage déjà la création d’une commission d’enquête parlementaire. «Vu l’ampleur de la chose, ça peut bousculer peut-être un calendrier qu’on avait prévu, ça nécessite une discussion politique», a-t-il précisé. Selon lui, «c’est la moindre des choses» que le président s’exprime sur ces révélations et «s’il ne le fait pas, on est dans l’irresponsabilité présidentielle de la Ve République».
Le député du Rassemblement national (RN) Sébastien Chenu a dénoncé lors d’une conférence de presse «le premier scandale du quinquennat d’Emmanuel Macron, le scandale Uber». Selon son collègue Jean-Philippe Tanguy, les élus RN demandent «un droit de suite» sur l’affaire Alstom. Celle-ci avait fait l’objet d’une commission d’enquête parlementaire présidée par Olivier Marleix (Les Républicains) en 2019.
Ils ne sont «pas contre» une commission d’enquête sur Uber mais pour le député, il «n’y a sans doute pas beaucoup de sens de refaire une commission d’enquête puisque l’essentiel des éléments d’enquête d’investigation et de témoignages ont été faits par la commission Marleix entre 2017 et 2018». «Une mission d’information pourrait ressortir ces éléments et les remettre au goût du jour», a ajouté Tanguy.
«Le minimum, c’est qu’il explique ce qu’il a fait et comment il a contribué à non seulement faire en sorte qu’Uber s’implante en France, mais, grâce à une loi qui s’appelle la loi Macron, découdre une partie du Code du travail pour favoriser ce type d’activité, et notamment les conséquences sociales sur les salariés», a déploré le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez.
Pour le communiste Fabien Roussel, Emmanuel Macron «fait le choix du monde des affaires, de ces multinationales, au lieu de penser à la protection des Français, la protection du travail». La patronne des députés La République en marche (LREM) Aurore Bergé a balayé ces critiques, jugeant «formidable un pays qui s’offusque qu’un ministre de l’Économie reçoive des chefs d’entreprise de manière totalement publique dans un débat qui était un débat parlementaire».
«Il n’y a pas de deal, il n’y a pas de contrepartie, il y a un ministre qui a reçu de grands chefs d’entreprise et c’est normal», a-t-elle ajouté.