Mission ArtemisC’est l’Europe qui va mener la capsule Orion autour de la Lune
Pour la première fois, l’ESA se voit confier la responsabilité d’un système critique pour la réussite d’une future mission habitée grâce à son module de service.
La première mission Artemis, qui marque le retour agendé de l’humain sur la Lune, s’effectuera lundi 29 août, à vide. L’Agence spatiale européenne (ESA) y participe avec son module de service ESM (European Service Module). Celui-ci est placé sous la capsule Orion qui contiendra le futur équipage.
Ce cylindre d’environ quatre mètres de diamètre et de hauteur, pour une masse dépassant les 13 tonnes, va mener la capsule vers et autour de la Lune après la séparation de l’étage principal du lanceur SLS, environ huit minutes après le décollage. Non pressurisé, l’ESM va aussi fournir à la capsule Orion l’électricité (à l’aide de quatre panneaux solaires), l’eau, l’oxygène et le contrôle thermique essentiels à la vie des astronautes qui y voyageront dès la deuxième mission Artemis.
Le module effectuera des manœuvres orbitales et de contrôle d’attitude d’Orion et pourra même ultérieurement servir à transporter du fret supplémentaire vers la future station orbitale lunaire Gateway.
Deux contributions suisses
Airbus Defence and Space a construit l’ESM à Brême, en Allemagne, avec des contributions venant de dix pays européens. La Suisse y a participé de deux façons: l’entreprise ACPO Technologies, basée à Aigle (VD) a construit les grandes structures qui soutiennent le module de service au fur et à mesure de sa construction, mais aussi des transporteurs qui déplacent le module à l’intérieur de son hall d’intégration à Brême. Beyond Gravity, précédemment connue sous le nom de RUAG, a four ni le mécanisme d’entraînement des panneaux solaires du module ainsi que des entretoises verticales qui soutiennent des composants vitaux tels que les ailes solaires elles-mêmes, les systèmes de contrôle de réaction des moteurs Airbus et les systèmes de distribution d’eau et de gaz.
Le bon fonctionnement de l’ESM lors de ce vol d’essai est «une responsabilité énorme», a dit mardi lors d’un point de presse Jean-Marc Nasr, responsable des systèmes spatiaux chez Airbus, en soulignant que «le temps où on allait seuls dans l’espace est révolu».
Pour cette mission, le module de service va être «poussé un peu dans ses performances, pour récupérer le maximum d’informations», a expliqué le responsable du programme ESM à l’ESA, Philippe Deloo, lors du point de presse. Ce qui permettra de tester le système pour de «futures phases de vol» avec la capsule dans des configurations différentes. Pour la quatrième mission d’Artemis par exemple, le module Orion avec son ESM servira de remorqueur pour arrimer un module d’habitation à la future station orbitale lunaire Gateway.
Première mission de 42 jours
La première mission, quant à elle, va durer 42 jours, bien au-delà de «l’enveloppe nominale d’une vingtaine de jours» envisagée pour les futures missions habitées, a indiqué M. Deloo.
Le coût de développement et de construction du premier ESM s’élève à 650 millions d’euros (623 millions de francs). Le budget total consacré aux six premiers ESM commandés par la NASA s’élève à 2,1 milliards d’euros (2 milliards de francs), ont indiqué des responsables de l’ESA mardi.