Hockey sur glace: Le LHC a posé la première pierre: et maintenant? 

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Hockey sur glaceLe LHC a posé la première pierre: et maintenant?

Vainqueurs de Zoug (6-1) samedi dernier à la Vaudoise aréna, les Lions ont effectué un premier pas dans la bonne direction. D’autres sont attendus ce week-end s’ils entendent définitivement sortir de la crise.

Chris Geiger
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Chris Geiger
Les Lausannois étaient sortis sous les sifflets au terme du derby lémanique perdu contre Ge/Servette.

Les Lausannois étaient sortis sous les sifflets au terme du derby lémanique perdu contre Ge/Servette.

BASTIEN GALLAY / LPS

Après deux semaines en enfer ponctuées par cinq claques (Zurich, Rapperswil, Berne, Ge/Servette et Langnau; différentiel de -17), Lausanne a vu le bout du tunnel contre Zoug, samedi dernier, à la surprise générale. Un large succès 6-1 contre le double champion de Suisse en titre – en demi-teinte sur la glace de la Vaudoise aréna – qui mérite confirmation dès ce week-end avec la réception d’Ajoie vendredi et le déplacement à Fribourg vingt-quatre heures plus tard.

Cette victoire a offert une semaine de répit à John Fust et ses hommes. Elle est aussi synonyme de première pierre posée vers le redressement. Mais d’autres – nombreuses – doivent suivre si la formation vaudoise entend mettre derrière elle, et de manière définitive, la crise dans laquelle elle est plongée. Car la forme et l’équilibre demeurent précaires. En ce sens, l’issue du match contre les Taureaux auraient pu être tout autre.

«Pour moi, c’est Zoug qui perd le match au départ, analyse Laurent Perroton. Les Zougois ont eu trois grosses chances de marquer dans les premières minutes. Des chances vraiment énormes, dont notamment un 2 contre 0. S’ils étaient parvenus à marquer, alors ça n’aurait pas du tout été le même match. La confiance aurait basculé de l’autre côté.»

Erreurs de revirement fatales

Gary Sheehan apporte toutefois une nuance. «La rencontre n’était pas évidente pour Lausanne car il y avait beaucoup de pression sur les épaules vaudoises», affirme l’ancien entraîneur à succès d’Ajoie. Ce dernier note, par contre, que les Lions ont la fâcheuse habitude de se laisser surprendre dans leur dos depuis le début de la saison. «L’équipe a concédé trop de situations de surnombre et commis trop d’erreurs de revirement, poursuit-il. Si elle veut se stabiliser, elle doit corriger cet important élément tactique de son jeu.»

Autre aspect perfectible d’importance, la gestion du duo Ivars Punnenovs (5 matches, 94,38%) – Tobias Stephan (3 parties, 86,81%) devant les filets vaudois. «La prochaine pierre, la plus importante, est que les gardiens de but performent, confirme le technicien québécois. Dans les buts, il est important qu’il y ait désormais de la stabilité. Il faudrait que Ivars Punnenovs soit capable de faire plus qu’un mois sans se blesser. Car il est important que l’équipe soit rassurée et tranquillisée.»

«Plus de chefs que d’Indiens»

En ce sens, l’intermède de Viktor Östlund (3 apparitions, 89,04%) dans la cage lausannoise pose question. Mais ce cas ne surprend guère Laurent Perroton, qui dénonce le manque de «constance» au LHC. «Il faut arrêter de tout changer et de partir dans tous les sens, glisse l’ancien coach de Morges et Martigny. Je regrette également le fait qu’il y ait plus de chefs que d’Indiens. Quand tu es joueur, tu essaies de t’infiltrer. C’est-à-dire que, quand ça ne va pas pour toi, tu vas essayer de trouver des solutions ou des excuses au lieu de te remettre en question. Ce n’est pas bien, mais c’est humain. Et lorsqu’il y a plus de chefs que d’Indiens, quand ça ne va pas avec un chef, alors tu vas en voir un autre. Et ça, c’est un vrai problème. Il faut de la stabilité, car la qualité est bien là.»

En début d’exercice, les dirigeants des Lions, Petr Svoboda en tête, avaient d’ailleurs loué la «profondeur» de l’effectif. Les nombreuses blessures, conjuguées au prêt de Guillaume Maillard à Bienne et au départ de Floran Douay à Langnau, ont considérablement mis à mal cette force. Mais le groupe reste dense et l’engagement de l’attaquant slovaque Richard Panik va dans ce sens. Tous ces aspects mis bout à bout doivent permettre à la formation lausannoise de proposer un contenu de meilleure facture que celui actuellement proposé.

«On a l’impression que les cinq joueurs présents sur la glace pensent de manière différente.»

Laurent Perroton, ancien entraîneur de Morges et Martigny

«Les sorties de zones et le fond de jeu sont inquiétants, alerte Laurent Perroton. On a l’impression que les cinq joueurs présents sur la glace pensent de manière différente. En power-play, tout le monde veut le puck. Pour l’heure, ils ne marquent que sur des rushs, jamais sur un vrai système bien installé qui permettrait de déjouer le box-play adverse. La raison? Les rôles ne sont pas clairement définis. Il existe aussi une certaine inefficacité à la perte de puck ou dans le travail obscur, c’est-à-dire faire les appels ou bouger le puck pour libérer des espaces.»

De son côté, Gary Sheehan appelle les Lausannois à jouer de manière plus directe en zone offensive. «Ils se sont trop souvent compliqués la vie depuis le début de la saison, constate celui qui a dirigé les Lions entre 2004 et 2005. Il faut jouer simple, prendre des tirs et ne pas toujours chercher la passe de plus. Certains ont parfois cherché le jeu parfait, sans prendre leurs responsabilités.»

«Je ne trouvais pas que c’était les sorties de zone qui posaient problème, mais la gestion du puck en zone offensive.»

Gary Sheehan, ancien entraîneur de Lausanne et Ajoie

Cet axe d’amélioration a toutefois été emprunté par les hommes de John Fust face à Zoug. «J’ai trouvé que Lausanne, sur le plan offensif, avait joué différemment, continue le Canadien. Ils n’ont pas seulement mis le puck au fond. Ils ont aussi tenté de créer des deuxièmes vagues, des délais. C’était différent dans les matches précédents, où ils couraient toujours après la rondelle. Là, j’ai trouvé qu’ils l’ont beaucoup mieux managée. Je ne trouvais d’ailleurs pas que c’était les sorties de zone qui posaient problème, mais plutôt la gestion du puck en zone offensive. Et elle a été meilleure contre Zoug, où les défenseurs ont été bien plus et bien mieux utilisés.»

Les deux rendez-vous du week-end, contre des adversaires directs, doivent permettre au LHC de poursuivre son redressement et de créer une dynamique positive. «Contre Ajoie, il va falloir jouer de manière simple, se projette Laurent Perroton. C’est-à-dire de driver le net, de mettre les pucks au net, de ne pas prendre des pénalités stupides et d’aller chercher des power-plays. Étant donné que les Jurassiens possèdent le plus mauvais box-play de la Ligue, Lausanne aura peut-être plus de temps pour s’organiser, pour marquer et pour prendre confiance.»

Méfiance contre Ajoie

Homme fort du triomphe en Coupe de Suisse et de la promotion du HCA en National League, Gary Sheehan se montre moins catégorique. «Lausanne devra quand même se méfier d’Ajoie car il s’agit d’une équipe capable de tenir défensivement, contrairement à l’année passée, dit-il. Avec deux étrangers derrière, avec désormais deux bons gardiens et du gabarit avec Valentin Pilet et Thomas Thiry, tu ne vas pas dans le milieu de la zone comme tu y allais aussi facilement l’année dernière.»

Un défi que les Vaudois devront impérativement relever s’ils souhaitent poser la prochaine pierre de leur lente reconstruction.

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