ClimatLe seuil des +1,5 °C pourrait être dépassé par moments d’ici 2026
Il existe un risque de 50% d’un dépassement du seuil de 1,5 °C au cours des cinq prochaines années, selon un nouveau bulletin sur le climat publié mardi 10 mai 2022 par l’Organisation météorologique mondiale (OMM) des Nations Unies.
Il y a une chance sur deux pour que la température mondiale annuelle moyenne soit temporairement supérieure de 1,5 °C aux valeurs préindustrielles pendant l’une des cinq prochaines années au moins, a indiqué l’ONU mardi.
Un franchissement temporaire de ce seuil sur une année n’est toutefois pas synonyme d’un dépassement durable de ce seuil, au sens où l’entend l’Accord de Paris sur le climat. Cet accord vise à contenir l’augmentation de la température moyenne mondiale nettement en dessous de 2 degrés Celsius par rapport aux niveaux préindustriels et si possible à 1,5 degré.
D’après un nouveau bulletin sur le climat publié mardi par l’Organisation météorologique mondiale (OMM) des Nations Unies, la probabilité d’un dépassement temporaire du seuil de 1,5 °C n’a cessé d’augmenter depuis 2015, année où ce risque était proche de zéro. Pour les années comprises entre 2017 et 2021, la probabilité de dépassement était de 10%. Elle est passée «à près de 50% pour la période 2022-2026», indique l’OMM. Mais il n’y a qu’une faible probabilité (10%) que la moyenne quinquennale dépasse le seuil de +1,5 °C.
«Cette étude montre, avec une grande fiabilité scientifique, que nous nous rapprochons sensiblement du moment où nous atteindrons temporairement la limite inférieure de l’Accord de Paris. Le chiffre de 1,5 °C n’est pas une statistique choisie au hasard. Il indique le point à partir duquel les effets du climat seront de plus en plus néfastes pour les populations et pour la planète entière», a expliqué le secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas.
«Tant que nous continuerons à émettre des gaz à effet de serre, les températures continueront à augmenter. Parallèlement, nos océans continueront à se réchauffer et à s’acidifier, la glace de mer et les glaciers continueront à fondre, le niveau de la mer continuera à s’élever et les conditions météorologiques extrêmes continueront à s’intensifier», a-t-il averti. Il a souligné que le réchauffement de l’Arctique est «particulièrement marqué», alors même que les conditions qui prévalent dans cette région ont des répercussions sur la planète entière.
Année la plus chaude?
Selon ce bulletin sur les prévisions annuelles à décennales du climat à l’échelle mondiale, établi par le Service météorologique du Royaume-Uni (Met Office) qui est le centre principal de l’OMM pour ce type de prévisions, il est très probable (93%) qu’au moins une des années comprises entre 2022 et 2026 devienne la plus chaude jamais enregistrée. Ce record est actuellement détenu par l’année 2016, qui avait été marquée par un puissant épisode El Niño, phénomène océanique naturel qui entraîne une hausse des températures. Il est également probable à 93% que la moyenne de la température pour la période 2022-2026 soit supérieure à celle des cinq dernières années (2017-2021).
Le Dr Leon Hermanson, du Met Office, a dirigé la publication du bulletin. Il estime que ces prévisions montrent «que la hausse de la température mondiale va se poursuivre». Mais, a-t-il relevé, «une seule année de dépassement du seuil de 1,5 °C ne signifie pas que nous aurons franchi le seuil emblématique de l’Accord de Paris; c’est toutefois le signe que nous nous rapprochons d’un cas de figure où le seuil de 1,5 °C pourrait être dépassé pendant une période prolongée». En 2021, la température moyenne de la planète a dépassé de 1,11 °C celle de l’ère préindustrielle de référence, selon un récent rapport de l’OMM sur l’état du climat mondial. La version finale du document sera publiée le 18 mai.
Selon l’OMM, les épisodes La Niña consécutifs du début et de la fin de 2021 ont entraîné un refroidissement des températures mondiales, «mais ceci n’est que temporaire et n’inverse nullement la tendance au réchauffement planétaire sur le long terme». L’apparition d’un épisode El Niño contribuerait immédiatement à l’augmentation des températures.