Covid-19 au Royaume-Uni: Le scandale de protections inutilisables éclabousse une baronne

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Covid-19 au Royaume-UniLe scandale de protections inutilisables éclabousse une baronne

Au Royaume-Uni, Michelle Mone a bénéficié de contrats opaques pour des dizaines de millions de livres sterling. Défense maladroite, mensonges: elle s’enfonce, son cas s’aggrave.

Dimanche, Michelle Mone a reconnu qu’elle n’avait pas dit la vérité à la presse quand elle avait nié avoir tiré le moindre profit des contrats. Mais elle estime qu’elle n’a rien à se reprocher.

Dimanche, Michelle Mone a reconnu qu’elle n’avait pas dit la vérité à la presse quand elle avait nié avoir tiré le moindre profit des contrats. Mais elle estime qu’elle n’a rien à se reprocher.

AFP

Des contrats opaques pour des millions de livres sterling bénéficiant à une influente femme d’affaires britannique, ses dénégations puis une interview accablante ont remis au centre de l’attention un scandale d’équipements de protection contre le Covid-19 inutilisables.

Michelle Mone a finalement reconnu avoir menti à la presse dans cette affaire, qui a conduit l’opposition travailliste à réitérer sa promesse de mettre sur pied, si elle arrive au pouvoir l’année prochaine, une instance pour enquêter sur les juteux contrats conclus pendant la pandémie.

Dans l’urgence du premier confinement, en 2020, l’entreprise du mari de Michelle Mone, Medpro, a été choisie pour deux contrats représentant plus de 200 millions de livres sterling (220 millions de francs) pour des masques et blouses. L’homme d’affaires a pour cela bénéficié de recommandations auprès du gouvernement de la part de son épouse, créatrice de la marque de lingerie Ultimo dans les années 1990 et membre non élue de la Chambre haute du Parlement (portant donc le titre de baronne).

Malgré le scandale sur le gâchis de ces équipements de protection ne répondant pas aux normes, Michelle Mone, 52 ans, avait balayé à maintes reprises les questions autour des affaires de son mari. Dimanche, la femme d’affaires écossaise a reconnu, sur la BBC, qu’elle n’avait pas dit la vérité à la presse quand elle avait nié avoir tiré le moindre profit des contrats.

Elle a admis avoir bénéficié des structures financières de son mari, sur lesquelles se trouvaient environ 60 millions de livres (66 millions de francs) provenant des contrats, mais estimé qu’elle n’avait rien à se reprocher.

Comparée au prince Andrew

Outre ses aveux, sa défense, qui survient en pleine enquête publique sur la gestion de la pandémie, a été jugée désastreuse au point de s’attirer des comparaisons avec l’interview du prince Andrew sur ses liens avec le défunt financier américain Jeffrey Epstein.

La baronne Mone a concédé qu’elle avait commis «une erreur en disant à la presse» qu’elle n’était «pas impliquée». Elle a en revanche contesté tout acte répréhensible. «Je regrette et je suis désolée de ne pas avoir dit directement, oui, je suis impliquée», a-t-elle déclaré, elle qui avait été nommée à la Chambre des Lords en 2015, par David Cameron, alors Premier ministre conservateur.

Elle a maintenu que mentir à la presse n’était «pas un crime», ajoutant: «Je ne vois pas ce que nous avons fait de mal.»

Les membres du gouvernement étaient au courant «depuis le tout début»

Lundi, le Premier ministre Rishi Sunak, qui était ministre des Finances pendant la pandémie, a assuré que le gouvernement prenait la question «très au sérieux». Ce qui a conduit Michelle Mone à répliquer que les membres du gouvernement étaient au courant de son implication «depuis le tout début».

L’ancienne ministre conservatrice Anna Soubry a qualifié de désastreuse l’interview de dimanche, accusant Michelle Mone d’avoir «tiré profit des contribuables».

Medpro se trouve actuellement sous le coup d’une enquête de l’agence britannique de lutte contre la criminalité organisée. Des millions de tabliers fournis par l’entreprise n’ont jamais été utilisés et le Ministère de la santé lui a reproché une rupture de ses obligations contractuelles.

«Épisode honteux»

En 2022, une commission parlementaire a qualifié d’«épisode honteux» les achats chaotiques d’équipements de protection au début de la pandémie. Elle a estimé que 75% des douze milliards dépensés par le Ministère de la santé en équipements de protection avaient été perdus en raison de «prix gonflés» pour des kits qui n’étaient pas aux normes.

(AFP)

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