VenezuelaInéligible, la rivale de Maduro fait quand même campagne
Figure de l’opposition déclarée inéligible, Maria Corina Machado continue malgré tout de faire campagne en vue de la présidentielle du 28 juillet.
«Liberté! Liberté!» crie une foule euphorique autour de la principale figure de l’opposition au Venezuela, Maria Corina Machado. Déclarée inéligible en janvier par la Cour suprême souvent accusée d’être aux ordres du pouvoir, elle poursuit néanmoins obstinément ce mercredi sa campagne pour la présidentielle du 28 juillet.
«Nous vivons des moments cruciaux, le régime prétend que nous sommes abattus et vaincus, alors que nous sommes plus forts que jamais», lance-t-elle, juchée sur un camion à Mariara, à 140 km à l’ouest de Caracas.
«Il y a un engagement, nous irons jusqu’au bout», hurle-t-elle. «L’issue n’est pas seulement l’éviction d’une tyrannie brutale, cruelle, corrompue, maléfique, mais c’est la construction d’un Venezuela de respect, de liberté».
25 mars
Mais le temps est compté. L’autorité électorale a fixé la clôture des candidatures au 25 mars, et même dans son propre camp des appels à la nomination d’un remplaçant se font entendre.
Maria Corina Machado en fait fi. Elle a remporté haut la main les primaires de l’opposition en octobre et les sondages la donnent largement victorieuse face au président sortant Nicolás Maduro, désigné par son parti pour briguer un troisième mandat consécutif.
Elle réfute les accusations d’irrégularités administratives et de trahison pour avoir soutenu les sanctions américaines qui lui valent 15 ans d’inéligibilité. Le pouvoir en place depuis 25 ans, héritier d’Hugo Chavez (1999-2013), a souvent usé du stratagème des inéligibilités pour écarter des rivaux tant au niveau national que local.
Pas d’appel au boycott
Candidat malheureux en 2012 face à l’ancien président Hugo Chavez, mort en 2013, puis face à l’actuel président Nicolás Maduro en 2013, l’opposant Henrique Capriles, qui avait renoncé à participer aux primaires de l’opposition, est aussi frappé d’inéligibilité pour 15 ans en raison d’irrégularités administratives présumées lorsqu’il était gouverneur.
Dans son discours plus déterminé que jamais, Maria Corina Machado n’évoque nul remplaçant et n’appelle pas au boycott de l’élection, comme en 2018. Boycott qui avait échoué, Nicolás Maduro ayant été déclaré réélu, même si plus de 60 pays, dont les États-Unis, et l’Union européenne n’ont jamais reconnu sa victoire.
Au cours de la dernière décennie, le PIB du pays a chuté de 80% et plus de sept millions de Vénézuéliens sont partis, fuyant la crise économique et politique.
«On n’a pas peur»
Maria Corina Machado est arrivée sans encombre à Mariara, dans l’État de Carabobo, escortée par une caravane d’une cinquantaine de motos. Elle n’a pas été contrôlée par la Garde nationale, une exception dans sa tournée à travers le pays.
Dans cette ville industrielle contrôlée par le parti au pouvoir, on se bouscule pour voir celle qui incarne un nouvel espoir. Sur son passage, les habitants sortent de leurs modestes maisons pour la saluer, certains brandissant des drapeaux.
Des écoliers en uniforme tirent le cou pour essayer de l’apercevoir, les voitures entament un concert de klaxons. «On n’a pas peur», crie un homme au milieu de la foule qui écoute sous une chaleur torride. Pour l’heure, la coalition de l’opposition campe sur ses positions: «la candidate c’est Maria Corina».
«J’ai confiance en vous, je mets ma vie entre vos mains», harangue Maria Corina Machado depuis la plateforme du camion. «Continuons, ils ne vont pas nous arrêter. On ne peut pas arrêter ce mouvement».