Football – Comment la Suisse peut-elle laver l’affront du 3-0 de l’Euro?

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FootballComment laver l’affront du 3-0 de l’Euro?

La Suisse retrouve l’Italie et le Stadio Olimpico vendredi, après l’humiliante défaite du mois de juin. Tactiquement, il faut s’attendre à une tout autre approche.

Valentin Schnorhk Rome
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Valentin Schnorhk Rome
Le 16 juin, la Suisse était passée totalement à côté de son match face à une Italie qui filait vers le titre de champion d’Europe.

Le 16 juin, la Suisse était passée totalement à côté de son match face à une Italie qui filait vers le titre de champion d’Europe.

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Un peu moins de cinq mois ont passé. Suffisant pour digérer le 3-0 du 16 juin dernier, à Rome. Mais à revenir sur les mêmes lieux, l’équipe de Suisse a l’obligation d’avoir tiré des leçons et de s’en imprégner en vue de la partie de vendredi, dans un Stadio Olimpico qui sera cette fois plein à craquer (plus de 50 000 personnes sont annoncées), là où les mesures sanitaires l’avaient vidé au trois-quarts à l’Euro.

Et même si la suite s’est avérée heureuse pour l’équipe nationale, alors dirigée par Vladimir Petkovic, il demeure un souvenir amer d’une Suisse qui s’était fourvoyée, battue par beaucoup trop fort. «Nous avons beaucoup appris de la défaite de Rome», a assuré Remo Freuler mercredi. Comme pour promettre que les mêmes erreurs ne seront pas commises deux fois. Mais comment laver l’affront du 16 juin?

Le devoir de la raison

Il faut se rappeler le contexte. Il faut revoir les ambitions. Ce soir de juin, la Suisse était arrivée pleine d’assurances à l’Olimpico. En face, l’Italie n’était qu’à l’amorce d’un championnat d’Europe qu’elle finira par dominer. Les Suisses croyaient pouvoir la surprendre, en reproduisant ses idées audacieuses. Il y avait alors l’intention, mais pas la réalisation. Tactiquement, la formation de Petkovic avait largement raté son coup. Et notamment lorsqu’elle a cru pouvoir aller presser la Nazionale dans son propre camp.

Cela l’avait perdue. Le 1-0 inscrit par Manuel Locatelli était venu de là. De l’incapacité à mettre en place un pressing efficace. Kevin Mbabu avait eu du retard sur Spinazzola et les Italiens avaient pu dérouler leur action, en passant de gauche à droite. Le décalage initial avait suffi. C’était le défaut du 3-4-1-2 de Petkovic: pour être pertinente défensivement, la Suisse devait presser avec un bloc haut. Car, structurellement, un tel système est difficile à tenir en bloc médian (puisque facile à faire reculer sur les côtés). Il peut en revanche exister en bloc bas, mais cela suppose d’être fort dans ses vingt-cinq derniers mètres. Ce que la Suisse, trop passive, n’était pas. Les conditions étaient réunies pour prendre l’eau.

Avec Murat Yakin, c’est la raison qui l’emporte. Il l’a d’ailleurs dit en début de semaine, dans une interview donnée à Keystone-ATS: la défense à quatre lui semble beaucoup mieux appropriée pour défendre haut avec son équipe. Ou en tout cas de mieux contrôler l’adversaire. Celui-ci peut relancer, mais pas avancer, gêné par un bloc médian. C’est sans doute le plan que choisira Yakin vendredi. Histoire de reconnaître la supériorité italienne, tout en trouvant les bonnes façons de la limiter.

S’inspirer de septembre?

Deux options s’offrent au sélectionneur. Celle qui a fonctionné en septembre contre l’Italie, ou celle qui a permis d’être beaucoup plus proactif en octobre. Le 0-0 de Bâle peut-il constituer une référence pour Murat Yakin? Il ne faut oublier que ce match nul et vierge avait en grande partie tenu aux exploits de Yann Sommer, qui avait notamment stoppé un penalty de Jorginho. Reste que, ce jour-là, dans l’adversité (un certain nombre d’absences de marque, à commencer par Xhaka, Freuler et Shaqiri), Yakin avait trouvé la solution pour son premier match officiel: un 4-1-4-1 très attentiste.

L’orientation très individuelle du mois de septembre. Avec Jorginho marqué de près, ainsi que Locatelli.

L’orientation très individuelle du mois de septembre. Avec Jorginho marqué de près, ainsi que Locatelli.

Surtout, la Suisse avait trouvé le moyen de neutraliser l’Italie en se dédiant à un marquage très individuel à mi-terrain, avec pour but de rendre l’intérieur du jeu impénétrable. Jorginho avait Djibril Sow qui lui collait aux basques, et cela avait représenté une bonne manière de se protéger aussi longtemps que possible. Et puis, à la récupération du ballon, l’idée de partir vite vers l’avant était poursuivie. Même si, en ce dimanche de septembre, la Suisse avait peu de profondeur. Or, vendredi, Yakin aura à disposition Noah Okafor, lequel aime pouvoir s’exprimer dans cette configuration. L’attaquant de Salzbourg incitera-t-il le sélectionneur à définir un plan de jeu autour de lui? C’est une option.

Ou reconduire le 4-4-2?

Mais il y en a donc une autre, qui consiste à se fier à la proactivité et au mouvement. Il suppose d’estimer que la Suisse de Yakin a pour base de réussite les matches du mois dernier, contre l’Irlande du Nord et la Lituanie, avec une réelle animation des côtés. Tout en défendant en 4-4-2. Le système met en valeur offensivement Xherdan Shaqiri au moins autant qu’il l’épargne sans ballon. D’une certaine façon, il s’agit de la manière la plus appropriée de composer avec le meneur de jeu tout en utilisant un schéma à quatre défenseurs.

En octobre, face à des adversaires médiocres, la Suisse a réalisé des prestations qui peuvent être des références. Aussi parce qu’elle avait été capable d’être efficace à la perte de balle. Mais face à une grande équipe, la Suisse de Yakin doit montrer qu’elle est aussi à même d’avoir des réponses tout en ayant un peu moins le ballon. «Nous devrons mettre une grosse intensité sans ballon, insiste Renato Steffen. Et avec la balle, nous devrons chercher les espaces qui se dégageront. Nous devrons toujours être en mouvement, jamais inactifs, sinon cela sera facile pour l’Italie avec ses individualités. Et si nous sommes capables de nous projeter rapidement à la récupération, nous pouvons faire mal.»

Dans le discours de l’ailier, on peut entrevoir un alliage entre les deux options. Un bloc moins haut, mais pas trop bas non plus. Et surtout, une capacité à trouver de la profondeur. Mais cela ne dit encore rien sur le système. Reste que la bonne formule ne sera autre que celle qui fera définitivement oublier le 3-0.

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