Coronavirus en SuisseLe calme avant la tempête ou un pas vers l’immunité collective?
Avec Omicron, le nombre d’infections a dépassé la barre des 20’000 en Suisse ce mardi. L’OFSP pense que, même s’il est moins virulent, ce variant va inévitablement poser des problèmes.
L’Office fédéral de la santé publique (OFSP) est dans l’expectative. Le variant Omicron a confirmé sa contagiosité un peu partout dans le monde, mais les certitudes sur les conséquences de cette nouvelle vague restent incertaines aux yeux des spécialistes. Lors de son désormais traditionnel bilan hebdomadaire, l’OFSP a indiqué que, pour la première fois, la barre des 20’000 cas enregistrés avait été franchie en Suisse ces dernières vingt-quatre heures. Les hospitalisations sont toujours en légère baisse et l’occupation des soins intensifs reste stable.
Pas de quoi crier victoire pour autant, selon Patrick Mathys, chef de la section Gestion de crise et collaboration internationale de l’OFSP. D’après lui, si pour l’instant la tendance montre qu’Omicron mène à moins d’hospitalisations, il faut quand même s’attendre à une situation toujours plus tendue pour le système hospitalier ces prochaines semaines: «La charge de travail dans les unités de soins intensifs n’a pas diminué et il faut s’attendre à une nouvelle hausse des cas qui conduisent à une hospitalisation.»
Un «lourd fardeau»
Le calcul théorique est simple: si Omicron est deux fois moins virulent mais qu’il y a trois fois plus de cas, la croissance des personnes prises en charge dans les hôpitaux est inéluctable, rappelle en substance l’OFSP. Et il faut ajouter à ce phénomène la hausse des contaminations, et donc des quarantaines, au sein même du personnel de soins, entraînant des sous-effectifs et une surcharge de travail.
Samia Hurst, vice-présidente de la task force scientifique précise encore que «nombre d’entre nous ne sont ni vaccinés ni guéris du Covid-19. Nous devons nous attendre encore à un lourd fardeau sur les hôpitaux.» L’espoir qui a émergé dans le sillage de l’apparition d’Omicron est de voir une rapide progression des infections bégnines et d’atteindre rapidement une immunité de groupe qui neutraliserait le virus.
«Le virus nous a déjà fait des surprises»
Patrick Mathys pense que cette issue est «en théorie» envisageable à terme, mais il se refuse à toute conclusion trop hâtive. «La propagation d’Omicron est incontrôlable», rappelle-t-il. Selon lui, en observant la situation dans d’autres pays, il n’est pas encore possible «d’exclure les problèmes à venir», notamment à cause du manque de personnel dans les hôpitaux.
Samia Hurst dit qu’avec les données disponibles aujourd’hui sur Omicron, on «a le droit d’être prudemment optimiste» de voir l’épidémie de Covid-19 être fortement diminuée déjà dans les prochains mois. «Mais ce virus nous a déjà fait des surprises et on ne peut pas modéliser des surprises», rappelle-t-elle pour nuancer ses prédictions.
Quant à l’éventuel renforcement des mesures, l’OFSP rappelle une fois encore ne pas être là pour commenter ou présager des décisions politiques. Selon Samia Hurst, les mesures actuelles ne permettent pas de contrer la vague d’Omicron. «Cela freine sans doute, ce n’est pas inutile, mais ça ne suffit pas à faire descendre les cas», explique-t-elle. Mais la responsable insiste encore: les décisions reviendront aux dirigeants politiques au final. La prochaine séance du Conseil fédéral est prévue le 12 janvier.