Mali: Le vote sur la Constitution entravé dans le nord et le centre du pays 

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MaliLe vote sur la Constitution entravé dans le nord et le centre du pays

Environ 8,4 millions de Maliens étaient appelés à se prononcer dimanche sur un référendum proposé par la junte, premier scrutin depuis la prise de pouvoir des militaires en 2020. 

Les Maliens ont voté dimanche par référendum sur un projet de nouvelle Constitution, premier scrutin depuis l’avènement de la junte qui avait valeur de test mais dont la menace jihadiste et les désaccords politiques ont empêché la tenue dans de nombreuses localités du nord et du centre.

«Un Mali nouveau»

Environ 8,4 millions de Maliens étaient appelés à dire oui ou non au texte que leur soumettait la junte au pouvoir depuis 2020. Il renforce les pouvoirs du président, mais se heurte à la contestation d’une opposition hétéroclite, notamment d’influentes organisations religieuses hostiles au maintien du principe de laïcité de l’Etat. Les résultats sont attendus dans les 72 heures.

Les électeurs se sont rendus en nombre dans les bureaux de vote de Bamako, avant la fermeture à 18H00 (20h en Suisse) et le début du dépouillement, a constaté un correspondant de l’AFP. Le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, a été parmi les premiers à voter à Kati, près de Bamako. «Je suis convaincu que ce référendum ouvrira la voie à un Mali nouveau, un Mali fort, un Mali efficace, un Mali au service du bien-être de la population», a-t-il dit. Mais les remontées du reste de ce vaste pays indiquent que, comme prévu, les groupes armés du nord ont fait barrage à la consultation dans la ville stratégique de Kidal et sa région.

«Insécurité»

Les anciens mouvements rebelles signataires d’une paix fragile avec Bamako ont refusé d’y permettre l’acheminement du matériel électoral pour une consultation sur un projet où ils disent ne pas retrouver l’accord qu’ils ont signé en 2015. Dans la région de Ménaka (nord-est), qui subit depuis des mois la poussée de l’organisation État islamique, les opérations se sont limitées à la capitale régionale en raison de l’insécurité, ont rapporté des élus.

Un consortium d’observateurs nationaux de la société civile, la MODELE, soutenu par l’Union européenne, a rapporté dans un communiqué «le non-fonctionnement pour cause d’insécurité» de plus de 80 bureaux de vote dans la région de Mopti, dans le centre, l’un des foyers de la violence qui ensanglante le Mali depuis 2012. Il a fait état du transfert de plusieurs autres bureaux vers la ville de Bankass «pour raison d’insécurité». Il a évoqué, sans plus de précision, une «attaque terroriste» qui a perturbé le vote à Bodio, toujours dans le centre.

Renforcement des pouvoirs présidentiels

Au bureau de l’école Mamadou Goundo Simaga à Bamako, placé sous la surveillance des forces de sécurité, les électeurs ont comme ailleurs choisi dans l’isoloir entre un bulletin blanc pour le oui et rouge pour le non, et l’ont introduit dans une enveloppe qu’ils ont déposée dans une urne transparente. «Aujourd’hui est une journée historique. Ce vote va changer beaucoup de choses dans l’architecture institutionnelle, la vie sociale et économique. C’est un bon texte, c’est pour cela que j’ai voté oui, pour un Mali refondé», a expliqué Boulan Barro, fonctionnaire. Mariam Diop, 30 ans, accompagnée de son époux, a pris le parti inverse: «Je suis venue voter en bonne citoyenne, mais je suis contre le projet. Les préoccupations de la religion musulmane ne sont pas du tout prises en compte, c’est pourquoi j’ai voté non».

Le vote a lieu moins de 48 heures après le congé fracassant donné par Bamako à la mission de l’ONU après 10 ans de présence. Les autorités estiment que la mission a failli et que le Mali peut assumer sa sécurité par ses «propres moyens». La Constitution proposée fait la part belle aux forces armées. Elle se distingue surtout en renforçant les pouvoirs du président. Elle prévoit l’amnistie pour les auteurs de coups d’Etat antérieurs à sa promulgation, et alimente les spéculations persistantes sur une éventuelle candidature du colonel Goïta à la présidentielle.

(AFP)

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