Drôle de retour sur l’île aux singes

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Jeux vidéoÉmouvant retour sur l’île aux singes

Avec «Return to Monkey Island», Ron Gilbert revient boucler une aventure mythique qui a marqué l’histoire du jeu vidéo au début des années 90.

Jean-Charles Canet
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Jean-Charles Canet

«Return to Monkey Island» est une réjouissante anomalie. Tout a commencé le premier avril dernier avec l’annonce que Ron Gilbert et Dave Grossman, deux des trois artisans de la saga mythique «Monkey Island» du début des années 90, travaillaient sur une suite de «Monkey Island 2: LeChuck’s Revenge» (1991), jeu d’aventures marquant puis culte. Des suites à cet opus 2, il y en avait pourtant déjà eu mais sans contributions des créateurs originaux. Puis la lignée s’est éteinte avec le genre, tout doucement sans faire de bruit. L’annonce d’un nouvel épisode, d’un nouvel embranchement en fait, a fait sonner le réveil.

Les deux auteurs, désormais quinquagénaires biens avancés, ont remis leur copie lundi dernier, sur PC et Mac (via Steam) et aussi sur Nintendo Switch. «Return to Monkey Island» plonge immédiatement le joueur dans une époque que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, celle où le jeu d’aventure point & click était roi. Les décors et costume sont faits main, il n’y a pas de combats autres que verbal, les interactions sont des associations: d’objets, d’idées, de traits d’esprits. C’est du jeu vidéo modeste, potentiellement génial, charmant et désuet.

Une bande-annonce de «Return to Monkey Island».

Devolver

Ceux qui ont déjà barboté aux alentours de l’île aux singes, retrouvent ainsi un improbable héros nommé Guybrush Threepwood toujours aux prises avec le pirate mort vivant LeChuck. Leur obsession à tous deux, découvrir le secret de l’île des singes, secret qui était resté bien gardé pendant l’épisode 1 et ignoré dans le 2.

Mais les «Monkey Island» en général, et «Return to Monkey Island», en particulier sont bien plus que ça. L’épisode 2 révélait un joyeux côté méta dans cette histoire de pirates loufoques et Ron Gilbert et Dave Grossman en joue dans ce «Retour». On laisse au joueur le plaisir de découvrir comment les auteurs brodent, insèrent à leur épopée faussement ridicule des touches personnelles, parfois intimes, comme un parchemin dans une bouteille à la mer. Et découvrir aussi un étrange «plan» final qui n’a pas encore fini à cette heure de nous questionner.

Jeu ouvertement à l’ancienne mais avec les touches indispensables de modernité (le gameplay est tiré à quatre épingles et un remarquable système d’aide à la résolution des énigmes est laissé à la discrétion des joueurs), «Return to Monkey Island» est l’expression émouvante d’un accomplissement.

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