DrameUne soixantaine de migrants portés disparus en Méditerranée
Le navire Ocean Viking a recueilli plus de 200 migrants ces derniers jours en Méditerranée mais au moins 60 migrants ont disparu en mer.
Un nouveau drame est venu s’ajouter mercredi à la longue liste des tragédies en Méditerranée, avec au moins 60 migrants disparus en mer après un départ depuis les côtes libyennes, selon les témoignages de rescapés secourus par le navire-ambulance Ocean Viking.
«Au moins 60 personnes ont péri en chemin, dont des femmes et au moins un enfant», a indiqué jeudi l’ONG SOS Méditerranée, basée à Marseille, dans le sud-est de la France, alors que son navire fait désormais route vers un port italien avec 224 rescapés recueillis lors de trois sauvetages successifs.
Selon l’ONG, «l’embarcation pneumatique» à bord de laquelle 25 personnes seulement ont pu être secourues mercredi serait partie de Zawiya en Libye le 8 mars. Le moteur serait tombé en panne au bout de trois jours, laissant les migrants à la dérive, sans eau, ni nourriture.
Déshydratation
Parmi les rescapés, «dans un état de santé critique», deux personnes inconscientes ont «été transportées par hélicoptère en Sicile», a précisé SOS Méditerranée.
«Nous savons que les rescapés venaient du Sénégal, de Gambie et du Mali», a indiqué à l’AFP la directrice de l’ONG Sophie Beau. «Un des rescapés déclare avoir perdu sa femme et son bébé, de faim et de déshydratation», a-t-elle ajouté.
Certains rescapés ont affirmé avoir été survolés par deux hélicoptères, a indiqué Sophie Beau, ajoutant: «Comment se fait-il qu’une nouvelle fois une embarcation ait dû dériver pendant une semaine sans que personne ne leur porte secours? J’espère qu’une enquête sera ouverte».
«Action urgente nécessaire»
«Très préoccupée» par la nouvelle d’un nouveau naufrage en Méditerranée centrale, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a estimé qu’«une action urgente est nécessaire pour renforcer les patrouilles en mer et prévenir d’autres tragédies».
Après ce premier sauvetage de 25 personnes mercredi, 113 autres migrants à la dérive en mer, dont six femmes et deux enfants, ont été secourus mercredi soir, après que l’Ocean Viking a été chargé par les autorités maritimes italiennes de secourir une embarcation en détresse. Puis, jeudi, 88 personnes ont été recueillies par le navire alors qu’elles dérivaient à bord d’une «embarcation pneumatique surchargée».
Le port d’Ancône, sur la côte Adriatique italienne, a été désigné comme lieu sûr de débarquement pour l’Ocean Viking, qui compte donc désormais à son bord «224 personnes, dont 21 femmes, une trentaine de mineurs non accompagnés et quatre enfants de moins de 4 ans», selon l’ONG.
Port «sûr» trop éloigné
Ancône se trouve à «1450 km de la position de l’Ocean Viking» et il a été demandé «aux autorités maritimes italiennes un lieu plus proche pour débarquer», a ajouté l’ONG, dans une demande qui fait écho aux critiques visant un décret sur les activités des navires d’ONG humanitaires adopté début 2023 par les autorités italiennes.
L’Italie, en première ligne face aux traversées de migrants cherchant à rejoindre l’Europe, exige désormais que les navires des ONG humanitaires transportent immédiatement les personnes secourues vers un port, et ce dès la première opération, ce qui les empêche de facto d’enchaîner les sauvetages.
De plus, ces ports sont souvent très éloignés des lieux de sauvetage, allongeant les délais de navigation. Les ONG de secours aux migrants en mer ont régulièrement dénoncé ces mesures, qui «ont des conséquences dramatiques».