FootballMarco Verratti, des larmes pour masquer des regrets
L’Italien de 30 ans a salué une dernière fois le Parc des Princes vendredi. Il quitte le PSG pour le club qatari d’Al-Arabi, non sans le sentiment de ne pas être allé au bout de son projet.
- par
- Valentin Schnorhk
C’est une certaine idée du Paris Saint-Germain qui s’est envolée au-dessus du Parc des Princes vendredi soir, avant la défaite 3-2 contre Nice. Ce PSG qatari, première version n’existe plus que par la présence encore au club de Marquinhos. Mais le départ désormais acté de Marco Verratti pour Al-Arabi, après plus de onze ans passés en Rouge et Bleu, laisse un vide dans les cœurs des supporters.
Parce que de tous les joueurs passés par le PSG depuis qu’il a été repris par le Qatar, l’Italien de bientôt 31 ans est presque le seul qui n’a existé qu’à travers ce maillot. Il était arrivé en 2012 de Pescara, avec qui il avait acquis la promotion en Serie A. Mais dans le football de haut niveau, il avait le statut d’un inconnu. Alors quand Paris l’avait recruté pour 12 millions d’euros un été où il avait également engagé Thiago Silva ou Zlatan Ibrahimovic, il ne représentait rien.
Trop bien à Paris
Très vite, Verratti a pris de l’ampleur, a fait parler sa si fine technique pour se sortir de situations bien mal embarquées. Il est devenu un très beau footballeur, et il a beaucoup contribué aux nombreux titres remportés par le PSG sur la dernière décennie. Si bien qu’il était à deux doigts de partir à Barcelone en 2017. Rendez-vous manqué, peut-être, mais c’était l’instant où l’on pensait que le Paris Saint-Germain allait prendre une autre dimension, en recrutant Kylian Mbappé et Neymar le même été.
Verratti était bien au PSG, et bien à Paris. Il a appris à aimer cette ville, et sans doute même un peu trop. Les années qui suivent marquent un tournant: son hygiène de vie est décriée, on parle plus de ses blessures que de ses performances, on évoque ses soirées clope au bec plutôt que celles où il continue pourtant d’agir comme la première rampe de lancement du jeu parisien, lequel n’a jamais été très d’équerre non plus.
Sentiment d’inachevé
Le point de non-retour a sans doute été atteint cet été, lorsque le PSG, faute de cohérence sportive, a décidé de faire le ménage en trouvant des portes de sortie à Neymar et Lionel Messi, et en faisant comprendre qu’il ne voulait plus de Verratti. La faute à qui? À lui, sans doute. Lui qui, malgré un Euro remporté avec l’Italie en 2021, n’a jamais su être le leader qu’on attendait et qui n’est jamais parvenu à prendre encore plus de volume dans le dernier tiers et à se montrer décisif. Il aura surtout existé sur les feuilles de match par ses nombreux cartons que par ses buts et ses passes décisives.
Et pourtant, le public parisien lui a rendu hommage vendredi, au lendemain de sa signature actée pour Al-Arabi. Il est sans doute triste de le voir quitter la Ligue 1 pour un championnat mineur. On comprend ainsi la fin d’une carrière. On saisit que ses larmes vendredi soir face au kop de la tribune Auteuil ne sont pas qu’un adieu à Paris, mais également à une certaine idée du football. On ne peut pas non plus s’empêcher d’y déceler un sentiment d’inachevé.
Dans un monde parallèle, Verratti et le PSG auraient grandi en même temps pour gagner ensemble. Mais celui-ci n’aurait pu exister que sans les travers et les excès entourant le club parisien.