Embargo sur les céréalesL’Ukraine porte plainte à l’OMC contre trois pays de l’UE
La Pologne, la Slovaquie et la Hongrie sont accusées par Kiev d’avoir prolongé leur embargo sur les importations de céréales, malgré la levée des restrictions décidée par Bruxelles.
Kiev a annoncé lundi avoir porté plainte devant l’OMC contre trois pays de l’UE – la Pologne, la Slovaquie et la Hongrie – qui ont prolongé leur embargo sur les importations de céréales ukrainiennes, malgré la levée des restrictions décidée par Bruxelles.
«C’est pour nous crucial d’établir que des États membres ne peuvent pas interdire à titre individuel l’importation de biens ukrainiens», a expliqué la ministre de l’Économie, Ioulia Svyrydenko, dans un communiqué. «C’est pour cela que nous portons plainte contre eux», a-t-elle ajouté.
Varsovie maintient sa décision
Varsovie maintiendra son embargo sur les céréales ukrainiennes en dépit de la plainte, a indiqué lundi le porte-parole du Gouvernement polonais.
«Nous maintenons notre position, nous pensons qu’elle est juste, elle est aussi le résultat d’une analyse économique et des pouvoirs qui découlent du droit communautaire et international», a déclaré Piotr Müller à la télévision Polsat News, ajoutant que la plainte devant l’OMC «ne nous impressionn(ait) pas».
Manifestations en Bulgarie
En Bulgarie, des agriculteurs ont manifesté lundi contre la levée de l’interdiction d’importer des céréales ukrainiennes, bloquant pendant quelques heures des routes et des postes-frontières. Ces producteurs, les plus puissants du secteur agricole dans le pays, reprochent au gouvernement d’avoir mis fin à l’embargo en conformité avec la décision de Bruxelles. Venus avec leurs tracteurs, ils ont entravé la circulation de plusieurs axes routiers et de deux ponts sur le Danube jouxtant la Roumanie, d’où sont acheminés les produits ukrainiens.
«Les usines de transformation importent des céréales bon marché de l’Ukraine au lieu d’utiliser les nôtres», a dénoncé Yassen Nakov, un protestataire rencontré par l’AFP, près du poste-frontière de Kalotina, à la frontière serbe. «Cette année sera catastrophique», a-t-il affirmé, disant être en outre touché de plein fouet par un renchérissement des coûts de production lié à l’inflation.
Agriculteurs se comportant «en terroristes»
La tension est montée après des propos, ce week-end, du Premier ministre pro-européen Nikolay Denkov accusant les agriculteurs de «se comporter en terroristes» au lieu de négocier. Il s’en est pris à ceux qui «touchent des milliards de subventions» de l’UE et autres aides de l’État, «avec lesquelles ils se paient des villas, yachts et voitures de luxe».
D’autres manifestations sont prévues mardi, cette fois dans la capitale Sofia, à l’appel des organisations agricoles soutenues par l’opposition socialiste et nationaliste.