MédiasAvenir Suisse veut transformer la SSR en une simple agence
Le think tank libéral propose une nouvelle piste pour le média de service public: devenir un simple fournisseur de contenus pour les médias privés.
- par
- Eric Felley
Le think tank libéral Avenir suisse s’est penché sur la situation des médias en Suisse pour établir un constat: «Depuis le tournant du millénaire, les subventions dans ce secteur sont en hausse de 20% et s’élèvent à 1,5 milliard de francs. Elles financent principalement des instruments de politique médiatique qui s’avèrent désuets et peu ciblés». Dans un communiqué diffusé lundi, il ajoute: «A long terme, il convient de créer un nouveau régime des médias dans lequel les défaillances du marché sont traitées de façon ciblée».
Une «redevance 2.0»
Dans cette réflexion, c’est évidemment le rôle de la SSR (qui touche à elle seule 1,2 milliard de francs grâce à la redevance), qui serait à reconsidérer. À court terme, Avenir Suisse estime que le mandat de prestations de la SSR doit être recentré «sur les contenus médias qui ne sont pas proposés sur le marché privé et qui sont pertinents pour le fonctionnement d’une société démocratique». Une «redevance 2.0» serait toujours perçue, mais revue à la baisse et complétée par un système d’abonnements pour le contenu.
Contenu vendu aux privés
Mais c’est à long terme, que les propositions d’Avenir Suisse sont les plus drastiques, car la SSR devrait cesser de diffuser: «La SSR devrait se transformer en un fournisseur public de contenus. Sur la base d’un mandat de prestations, elle créerait des contenus médias qui sont importants pour la société, et que le marché ne produit pas. Contrairement à aujourd’hui, les contenus médias ne seraient pas diffusés par la SSR, mais vendus aux enchères à des organisations de médias privées, par lot correspondant à un programme entier».
Privatiser le «19 h 30»?
Les auteurs de l’étude ont proposé un exemple en Suisse romande. Les droits de diffusion du «19 h 30» de la RTS seraient mis aux enchères et pourraient être acquis par la Fondation Aventinus (éditrice du «Temps» et de Heidi. news) et par l’«Agefi». Pour Jürg Müller, coauteur de l’étude: «La politique suisse des médias est dépassée. De nouvelles approches sont nécessaires pour garantir l’approvisionnement en contenus médias pertinents pour le fonctionnement d’une société démocratique».
La réaction négative des Vert.e.s
Sur le plan politique, les Vert.e.s ont déjà réagi lundi à cette proposition, dénonçant «une nouvelle attaque contre le service public».