Besançon (F)Mort d’une étudiante japonaise: le procès en appel reporté
Le jeune Chilien qui avait été reconnu coupable du meurtre de son ex-petite amie a fait appel. Son nouveau procès, qui s’est ouvert mardi, a été reporté à jeudi.
Le procès en appel du Chilien Nicolas Z., pour la mort en 2016 de son ex-petite amie japonaise Narumi K., s’est ouvert mardi, à Vesoul, sans l’avocat de la défense Antoine Vey, qui a été récusé par l’accusé. Deux avocates commises d’office ont été désignées par le président de la cour d’assises d’appel pour assurer la défense de Nicolas Z., condamné l’an dernier en première instance à 28 ans de prison pour assassinat.
L’audience a ensuite été suspendue, puis reportée à jeudi, afin que l’accusé, polaire noire et chemise vert sombre, s’entretienne avec les deux conseils. L’accusé n’a pas expliqué sa décision de se passer des services d’Antoine Vey, ex-associé d’Eric Dupond-Moretti, actuel ministre de la Justice, mais selon une lettre du conseil adressée au président de la cour d’assises, François Arnaud, et lue par ce dernier à l’audience, Me Vey a été récusé le 18 février par le Chilien. L’accusé a indiqué avoir désigné un autre avocat, Arnaud Portejoie, et solliciter ce report d’audience.
«On est très inquiets»
Lundi soir, le quotidien régional «L’Est Républicain» avait déjà évoqué l’éventualité que Nicolas Z. se présente sans son avocat à l’ouverture de son procès. «Ça fait un an que l’appel est prévu, ça fait un an qu’il a le choix d’un nouvel avocat», s’est agacé lors de la suspension Me Randall Schwerdorffer, avocat du petit ami de Narumi lors de sa disparition, Arthur del Piccolo.
La mère et deux sœurs de Narumi ont également fait le déplacement depuis le Japon. «On est presque dans une volonté de ne pas assumer le procès aujourd’hui, mais de toute façon, que Monsieur soit d’accord ou pas, ce procès en appel aura lieu à un moment ou un autre», a ajouté Me Schwerdorffer.
«On est très inquiets, on pense que la justice française aujourd’hui décidera que ce procès doit être reporté ou qu’il doit se faire à une date différente, afin que Nicolas puisse avoir la défense que toute personne mérite», a estimé avant l’audience le père de l’accusé, Humberto Z.
Verdict attendu dès le 8 mars
Pas moins de 31 médias, dont des chiliens et des japonais, sont accrédités pour suivre ce procès hors norme devant la cour d’assises d’appel de la Haute-Saône, qui doit en principe durer deux semaines. Le verdict est attendu au plus tard le 8 mars.
Jugé pour l’assassinat en décembre 2016 de son ancienne petite amie, l’étudiante japonaise Narumi K., Nicolas Z., 32 ans, encourt la réclusion criminelle à perpétuité. En avril dernier, les assises du Doubs l’avaient condamné à 28 ans de réclusion. Nicolas Z. a fait appel de ce verdict et est donc présumé innocent.
Des «hurlements de terreur»
Arrivée à Besançon à l’été 2016 pour y apprendre le français, Narumi K. avait rompu avec Nicolas Z., après l’avoir rencontré lorsqu’ils étudiaient au Japon. Sans la prévenir, l’amoureux éconduit était venu la retrouver à Besançon et avait passé avec elle la nuit du 4 au 5 décembre 2016. Cette nuit-là, dans la résidence universitaire, des témoins disent avoir entendu des «hurlements de terreur» et un bruit sourd «comme si on frappait». Depuis, plus personne n’a revu Narumi. Son corps n’a jamais été retrouvé.
Dans ses réquisitions de première instance, l’avocat général Étienne Manteaux, de nouveau en charge de l’accusation à Vesoul, avait pointé un faisceau de preuves «rarissime» (témoignages, téléphonie, géolocalisation de la voiture louée par l’accusé…).
Pour le magistrat, le Chilien n’a pas supporté la rupture imposée par Narumi, il l’a étouffée ou étranglée avant d’immerger son corps dans le Doubs, près de Dole (Jura). Un crime prémédité selon Étienne Manteaux, qui avait requis la perpétuité.