Football: Pour être à la hauteur de sa 2e place, Alain Geiger a un nouveau défi à relever

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FootballPour être à la hauteur de sa 2e place, Alain Geiger a un nouveau défi à relever

Le 0-0 concédé contre un Young Boys à dix a mis en exergue les difficultés de Servette en phase offensive. La marge de progression est importante dans ce secteur.

Valentin Schnorhk Genève
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Valentin Schnorhk Genève

«Des regrets, bien sûr.» Comment ne pas en avoir? Alain Geiger n’a pas vu autre chose que les 16’000 et quelques spectateurs présents à la Praille dimanche. Servette avait été mis dans la configuration idéale pour recevoir Young Boys, après cette expulsion de Cedric Itten à la 18e minute de jeu. Il y avait tout pour ne pas terminer cette rencontre sur un score de 0-0.

La déception des joueurs offensifs servettiens: Miroslav Stevanovic et Patrick Pflücke n’ont pas su forcer leur destin dimanche.

La déception des joueurs offensifs servettiens: Miroslav Stevanovic et Patrick Pflücke n’ont pas su forcer leur destin dimanche.

GABRIEL MONNET / LPS

Il aurait fallu pour cela être bien mieux inspiré offensivement parlant. Autrement dit, il aurait fallu être capable de se créer bien plus que les dix situations de frappes que Servette s’est procurées sur l’ensemble du match (et seulement six après la pause). C’est dire la marge de progression qu’ont encore ces Grenat, tout en étant deuxièmes du classement.


Les trois enseignements

  • Ce n’est plus une question de malchance. Encore moins de manque de réussite. À être incapable de produire du jeu sur action placée, Servette se heurte à ses réelles limites. Dimanche, la supériorité numérique devait être l’occasion de se tester face à une défense regroupée, en s’installant dans le camp adverse. L’épreuve n’a rien donné.

  • D’où vient le problème? Il n’est pas d’ordre individuel (même si aucun joueur ne trouve la solution à lui tout seul), mais sans doute collectif. C’est le défi de l’entraîneur Alain Geiger de résoudre cette donnée d’un Servette qui doit avoir les armes que son classement requiert. En début de saison, le technicien servettien avait préparé son équipe pour qu’elle soit solide et qu’elle supporte la domination adverse. Désormais, le classement l’oblige à la penser pour qu’elle soit aussi proactive et capable de se reposer sur une animation offensive bien établie. À huit mois de la fin de son contrat, Geiger est encore une fois confronté à un sacré test.

  • C’est Alain Geiger lui-même qui a estimé important de se tresser quelques louanges: avec la titularisation de Diogo Monteiro à côté de Vouilloz et les entrées en jeu de Dias Patricio et Magnin, Servette prouve qu’il se construit aussi avec ses jeunes. «J’aimerais me féliciter moi-même pour les avoir alignés», s’est permis Geiger. C’est un reproche que l’on ne doit plus lui faire, c’est vrai. Même s’il y est parfois contraint par les événements. Qu’importe.


Le Servettien le plus serein: Diogo Monteiro

GABRIEL MONNET / LPS

Il s’apprête vraisemblablement à quitter Servette, on le sait. Pour l’Angleterre, le plus sûrement. Alors il restera toujours une petite déception: celle de ne pas avoir vu assez souvent Diogo Monteiro en Super League. Il n’a que 17 ans, mais la sérénité qu’il a pu dégager contre Young Boys dimanche raconte ses qualités. Celle d’un défenseur qui se veut protagoniste, capable de prendre des initiatives avec le ballon et qui se plaît plus à défendre en avançant que dans son camp.

Monteiro n’est pas surclassé avec les sélections juniors portugaises pour rien. Son talent est à la hauteur du potentiel qu’on lui voit. Et c’est avec une assurance certaine qu’il a relevé le défi de cette première titularisation. Même si ce match a été rendu facile par l’expulsion d’Itten.


Le Servettien qui n’a pas trouvé la clé: Gaël Clichy

GABRIEL MONNET / LPS

Il serait injuste de dire que Gaël Clichy n’a pas été au niveau. Il s’y maintient toujours. Sauf qu’il sort peut-être un peu moins du lot, et surtout, il trouve moins de solutions. Son passé de joueur, l’approche quasi-cérébrale qu’il a de son sport et ses qualités devraient servir dans ces moments-là. Comment déstabiliser un bloc compact? Lui qui a évolué à Manchester City a été plus d’une fois exposé à cette configuration.

Et pour tout dire, il a beau prendre certaines responsabilités dans le jeu (en venant se placer dans l’axe), on est parfois en droit de se demander comment il appréhende certaines actions. Comme lorsqu’il allonge lorsqu’il peut conduire et fixer. Un Servette en maîtrise a besoin de passer par un Clichy qui ouvre la voie.


La décla’

«Il y avait beaucoup d’intensité, donc cela conduit aux erreurs techniques. Mais il y a aussi le terrain qui est une catastrophe.»

Timothé Cognat, milieu du Servette FC

Le fait tactique

Comment organiser une équipe qui évolue à dix? En deux week-ends, à la Praille, deux approches différentes. Une semaine avant Young Boys, Servette avait joué contre Lugano pendant près d’une heure avec un joueur de moins, après l’expulsion de Steve Rouiller. Le choix d’Alain Geiger? Un 5-3-1. Il y avait une configuration particulière: le besoin de tenir un avantage et la perte d’un défenseur.

Pour Zoltan Kadar (ou Raphaël Wicky, depuis son salon, où il est resté en raison du Covid), c’est un autre choix qui a été privilégié: le 4-4-1, avec Sierro pour renforcer le côté gauche et, très vite, Elia pour donner de la vitesse sur le côté droit (après que Joël Monteiro est entré en jeu en pointe, remplaçant Fassnacht). Sans doute dans l’idée de pouvoir jouer au mieux les éventuelles transitions.

Mais surtout, là où différence il y a, c’est le choix des zones protégées. Pour Servette contre Lugano, il s’agissait en l’occurrence de la surface, avec un défenseur supplémentaire. Histoire de résister au mieux aux éventuels centres, sans toutefois empêcher les Tessinois d’avancer.

Pour Young Boys, en revanche, le 4-4-1 a permis d’être un peu plus haut sur le terrain et de fermer au mieux l’entrée dans le dernier tiers. Un bloc pas complètement bas, mais surtout une compacité qui a servi les Bernois pour ne pas trop souffrir.


La statistique

1, comme le nombre de ballons touchés par Servette dans la surface entre le début de la deuxième période et la frappe de Miroslav Stevanovic à la 80e minute de jeu. Les Grenat ont poussé en fin de rencontre avec quelques corners, mais sans jamais pouvoir trouver la faille.


Les questions pour penser l’avenir

GABRIEL MONNET / LPS

Comment Servette, qui sera dans le trio de tête à la pause, va-t-il utiliser la longue trêve qui arrive pour se développer? Les Grenat sont-ils capables de développer une idée de jeu plus complète?

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