DiplomatieLes États-Unis vont engager 55 milliards de dollars pour l’Afrique
Les États-Unis ont fait cette annonce avant le début d’un sommet de trois jours avec les pays africains, à Washington à partir de lundi.
Les États-Unis «vont consacrer 55 milliards de dollars (ndlr: environ 51,5 milliards de francs) à l’Afrique sur trois ans», a fait savoir, lundi, la Maison-Blanche, avant que Joe Biden ne reçoive de nombreux dirigeants du continent pour un sommet à Washington.
Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale du président américain, a indiqué que ces fonds seraient en particulier consacrés à la santé et à la réponse au changement climatique, mais sans donner de détails sur leur provenance ou leur répartition.
Il y aura «une réelle mobilisation de ressources sur des objectifs concrets», a-t-il déclaré, indiquant que les détails seraient dévoilés ces prochains jours. «Si vous comparez ce que les États-Unis promettent pendant les trois prochaines années avec ce que d’autres pays promettent, je pense que la comparaison nous est très favorable», a encore dit Jake Sullivan.
Guerre en Ukraine
Il a assuré que ces financements, et plus généralement l’engagement américain, ne seraient pas liés à l’attitude des pays africains face à la guerre en Ukraine, à l’heure où nombre d’entre eux refusent de condamner ouvertement la Russie. «Nous ne mettons de pistolet sur la tempe de personne» à ce sujet, a affirmé le conseiller de Joe Biden.
Il a par ailleurs annoncé la nomination d’un «représentant spécial» chargé de veiller à la mise en œuvre de ces grandes promesses financières. Il s’agira de Johnnie Carson, diplomate de 79 ans, qui a été ambassadeur dans plusieurs pays africains.
Le sommet de trois jours à Washington est censé relancer les relations des États-Unis avec le continent africain, laissées plus ou moins en jachère par l’ancien président Donald Trump, au moment où la Chine comme la Russie avancent leurs pions sur le continent. Il s’agit de la deuxième rencontre du genre, après une première édition qui s’était tenue en 2014. «Vous allez voir une réelle énergie et un esprit de coopération», a encore fait savoir Jake Sullivan.
Droits humains
Interrogé sur la présence à Washington de nombreux dirigeants très critiqués par les organisations de défense des droits humains, par exemple les présidents égyptien Abdel Fattah al-Sissi et tunisien Kais Saied, ou encore le président de Guinée équatoriale Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, quelques jours après que les États-Unis ont qualifié sa réélection de «simulacre», le conseiller de Joe Biden a fait valoir que les États-Unis avaient tenu à organiser le sommet en «étroite coordination» avec l’Union africaine.
Washington a donc invité tous les pays membres de l’UA et en «bons rapports» avec elle, excluant de ce fait le Burkina Faso, la Guinée, le Mali et le Soudan. Ainsi que l’Érythrée, avec qui la première puissance mondiale n’a pas de relations diplomatiques.
«Nous allons bien sûr évoquer les valeurs universelles que sont les droits humains, la démocratie, la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption pendant le sommet», a assuré le conseiller de la Maison-Blanche. Il a aussi, mais en termes assez vagues, promis un voyage officiel de haut rang en Afrique l’an prochain: «Au niveau du président, de la vice-présidente et de membres du gouvernement, il y aura un engagement large à se rendre dans le continent en 2023.»
Sanctions contre le fils du président du Zimbabwe
Les États-Unis ont par ailleurs imposé des sanctions à l’encontre du fils du président du Zimbabwe, accusé de corruption. Emmerson Mnangagwa Jr, fils du président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa, a été ciblé par les départements américains d’État et du Trésor pour ses liens avec Kudakwashe Tagwirei. Celui-ci avait, avec sa société Sakunda Holdings, fait l’objet de sanctions américaines en 2020 pour corruption et violations des droits humains.
Les sanctions visent également l’épouse de Kudakwashe Tagwirei, Sandra Mpunga, un de ses proches, Obey Chimuka, et un responsable de sa société, Nqobile Magwizi. Ainsi que deux sociétés contrôlées par Obey Chimuka, Fossil Agro et Fossil Contracting. Le président Mnangagwa ne prévoit pas d’assister au sommet à Washington; à la place, le ministre des Affaires étrangères du Zimbabwe, Frederick Shava, représentera le pays, selon une liste de participants attendus.