Amérique du SudWashington va mener des exercices militaires aériens au Guyana
Dans un contexte de grande tension entre Venezuela et Guyana au sujet d’une région riche en pétrole, les États-Unis réaliseront un «exercice de routine». Caracas s’en offusque.
Les États-Unis ont annoncé, jeudi, des exercices militaires aériens au Guyana, en pleine crise au sujet de sa région de l’Essequibo, un territoire riche en pétrole revendiqué par le Venezuela et qui fera l’objet d’une réunion à huis clos, vendredi, du Conseil de sécurité de l’ONU.
Washington mène ses opérations «aériennes» «en collaboration avec les forces de défense» du pays. «Cet exercice s’inscrit dans le cadre d’engagements et d’opérations de routine visant à renforcer le partenariat en matière de sécurité entre les États-Unis et le Guyana», ajoute le document de l’ambassade américaine au Guyana. Un peu plus tôt, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a affirmé son «soutien inébranlable à la souveraineté du Guyana».
Face à l’escalade de tensions dans la région, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a dit, jeudi, ne pas vouloir de «guerre en Amérique du Sud». «Nous n’avons pas besoin d’un conflit, il faut construire la paix», a-t-il insisté.
Ajoutant à la tension, un hélicoptère militaire guyanien avec sept personnes à bord a été porté disparu, mercredi, près de la frontière avec le Venezuela. Jeudi, l’armée guyanienne a annoncé l’avoir retrouvé et détecté «des signes de vie» sur le lieu du crash. Des troupes ont été envoyées sur place, à environ 50 km de la frontière avec le Venezuela, dans une zone «montagneuse et de forêt dense».
Le chef d’état-major guyanien Omar Khan avait précisé, mercredi, n’avoir «aucune information» sur le devenir de l’appareil, suggérant «une intervention vénézuélienne». Il avait cependant précisé que les conditions météorologiques étaient «mauvaises».
Les États-Unis sont un allié du Guyana, et le groupe américain ExxonMobil est un des principaux opérateurs pétroliers de ce petit pays appelé à devenir un eldorado de l’or noir avec les plus grandes réserves per capita de la planète, notamment grâce aux découvertes récentes dans l’Essequibo.
Caracas revendique depuis des décennies ce territoire de 160’000 kilomètres carrés, représentant plus des deux tiers du Guyana et où vivent 125’000 personnes, soit un cinquième de la population du pays. Caracas est devenu plus pressant depuis la découverte d’importantes réserves de pétrole par ExxonMobil, en 2015.
Les deux pays avaient cependant renoué le contact, mercredi, avec un appel téléphonique entre les ministres des Affaires étrangères. Ce rapprochement était survenu après des échanges acerbes.
Caracas a accusé le président guyanien Irfaan Ali d’avoir donné «d’une manière irresponsable» le «feu vert» à l’installation de bases militaires américaines dans l’Essequibo. En même temps, le président vénézuélien Nicolás Maduro a préconisé la création d’une zone militaire spéciale près de la frontière et ordonné au géant public PDVSA d’accorder des licences d’exploitation de pétrole dans l’Essequibo.
Le président Irfaan Ali a réagi en parlant «d’une menace directe pour l’intégrité territoriale, la souveraineté et l’indépendance politique du Guyana». Il a souligné que son armée était en «alerte totale» et accusé le Venezuela d’être une «nation hors la loi» et «un risque important pour la paix et la sécurité».