FootballYakin: «Quand on ne saisit pas ses chances, on est puni, c’est le foot»
Le sélectionneur revient sur ce nul concédé dans les derniers instants face à la Roumanie et donne ses explications.
- par
- Daniel Visentini Lucerne
La Suisse a «perdu», 2-2. Un immense sentiment d’abattement s’est emparé de toute l’équipe de Suisse au coup de sifflet final après ce nul invraisemblable contre la Roumanie. Regards hagards, incompréhension collective, impossibilité de réaliser le moment: c’est simple, tous les Suisses étaient touchés, ils avaient l’impression d’avoir perdu, c’est vrai. Ce match nul a effectivement le goût amer d’une défaite et tous le savaient. À tête reposée, ils nuanceront. Ils sont supérieurs à tous leurs adversaires dans ce groupe I et ils le savent. Peut-être trop, justement, tout le problème est là.
Et Murat Yakin? Que pense-t-il de tout cela? Une deuxième mi-temps indigne en Andorre trois jours plus tôt. Pareil ou presque contre des Roumains qui n’ont pas existé jusqu’à ces fameuses dernières minutes, avec ces deux buts de Valentin Mihaila, tombés de nulle part. Ou plutôt nés dans les égarements helvétiques.
Marquer plus
«Oui, on est toujours plus intelligent après, soupirait Yakin. On prend le deuxième but roumain sur un long ballon, on était sans doute déconcentré dans les dernières minutes de ce match, c’est sûr. Mais je crois surtout que nous avons eu plusieurs fois la possibilité de classer le match en marquant plus de buts. Quand on ne saisit pas ses chances, on est puni, c’est le foot. Il fallait terminer le travail avant.»
Effectivement, il y a eu cette immense chance pour Shaqiri. Dès le début de la seconde période, Xhaka lui offre le 3-0 sur un plateau. Mais au lieu de terminer sobrement l’affaire, Shaqiri se fend d’une pichenette spectaculaire, mais ratée. C’est bien d’être génial avec une passe incroyable pour Amdouni sur le 2-0. Cela aurait été encore mieux d’inscrire le 3-0. «Oui, on a eu plusieurs grosses chances de tuer le match», relevait Yakin sans jeter l’opprobre sur personne.
Pas de crispation
Ce coup d’arrêt sur un plan de marche parfait pourrait-il crisper le groupe? La Suisse n’a plus que deux points d’avance sur la Roumanie et trois sur Israël. «Non, assure Murat Yakin. Les joueurs ont l’habitude de gérer toutes sortes de situations. Ils ne seront pas nerveux en septembre pour la suite des qualifications. J’en suis persuadé.»
Edward Iordanescu l’est aussi. «La Suisse va se qualifier sans problème pour l’Euro 2024, première du groupe, a lancé l’entraîneur roumain. C’est une fantastique sélection. Mais on a eu le mérite d’y croire jusqu’au bout et parfois, quand on fait cet effort, on est récompensé.»
Le rouge pour Fernandes
Le sélectionneur roumain est aussi revenu sur un fait de match qui a été très favorable aux Suisses. Il y avait encore 0-0 et Edimilson Fernandes s’est lancé dans un tacle dangereux qui a fini sur le tibia de Screciu (23e), largement au-dessus de la cheville. L’arbitre - l’expérimenté Daniele Orsato - ne lui donne qu’un avertissement, alors qu’il aurait clairement mérité le rouge. Et la VAR, elle, ne dit rien. «Moi, j’ai revu les images, a dit Iordanescu. Pour moi, c’est carton rouge. Mais si je me trompe, je veux bien m’excuser. Nous en étions à 0-0 et jouer à onze contre dix aurait peut-être ouvert d’autres perspectives, qui sait?»
Ce qu’il sait, c’est qu’ensuite, sa Roumanie est revenue de nulle part. «Parce qu’on a un cœur gros comme ça, parce qu’on y a cru jusqu’au bout», a-t-il dit dans un sourire. La Suisse peut s’en inspirer: pour saisir ses chances et pour ne pas se déconcentrer sur la fin.