Foot féminin: Servette perd la finale contre Zurich

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FootballServette «cherchait vraiment l’Europe, le titre était accessoire»

Les Genevoises, battues en finale des play-off par Zurich vendredi, vont manquer la Ligue des champions féminine. Une grosse désillusion pour la meilleure équipe de la saison régulière.

Florian Paccaud Saint-Gall
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Florian Paccaud Saint-Gall
Les Servettiennes étaient abattues après la finale perdue face au FCZ.

Les Servettiennes étaient abattues après la finale perdue face au FCZ.

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«Le plus frustrant, ce n’est pas d’avoir manqué le titre, c’est de ne pas être européen la saison prochaine.» Éric Sévérac était très déçu après le «jour sans» de Servette Chênois en finale des play-off contre Zurich (3-0). «On n’a pas été à la hauteur. On a complètement déjoué, il n’y avait qu’une équipe sur le terrain.» Si l’entraîneur genevois n’avait rien à redire sur la victoire du FCZ vendredi à Saint-Gall, ce revers marque un coup d’arrêt dans le projet servettien. «On cherchait vraiment l’Europe, le titre de champion était accessoire», a renchéri le coach, qui était malgré tout fier de la saison de ses protégées. Car cette non-qualification pour la Ligue des champions féminine va peser lourd, au niveau des finances comme sur le plan sportif.

En 2021, lorsque les Genevoises avaient atteint la phase de poules de la C1, elles avaient empoché 400’000 francs. Pour le football féminin helvétique, qui n’attire pas (encore?) les foules (moins de 2000 personnes pour le match de l’année), c’est beaucoup. «Ne pas être européen, cela change tout, poursuit Sévérac. Cela veut dire qu’il y aura sûrement des départs, des changements à différents niveaux. Il va falloir se poser tranquillement et voir comment on peut faire. Mais il faudra modifier des choses.» L’été ne se déroulera pas les doigts de pied en éventail du côté de la Fontenette.

Les play-off critiqués

Le coach genevois justifie ses propos en critiquant la formule du championnat, avec «18 matches qui ne servent à rien». Invaincues lors des 18 parties de la saison régulière – 6 points d’avance sur Zurich – puis en quarts et en demies, les Servettiennes n’ont connu qu’un seul couac. Au pire moment. «Désigner le champion sur un seul duel comme ce soir (ndlr: vendredi), c’est une hérésie», poursuit l’entraîneur. Ce titre est censé récompenser la meilleure équipe sur toute la longueur de l’exercice. Sandrine Mauron abonde: «Chez les hommes, ils ont essayé d’instaurer des play-off, mais ils ont très rapidement changé d’avis. Cela ne va pas, ce n’est pas correct. Un championnat ne se joue pas comme une Coupe.»

«On joue une Coupe sur cinq matches et on joue des play-off sur cinq matches, résume Éric Sévérac. Faire jouer dix rencontres à enjeu à des joueuses qui sont internationales dans certains pays, ce n’est pas intéressant pour elles.» L’attrait du championnat helvétique s’en retrouve impacté. Avec très peu de duels qui comptent vraiment et un championnat déséquilibré, il est difficile de faire venir des joueuses en Suisse. «À part Zurich, Grasshopper et Saint-Gall, le reste c’est assez faible.» Un manque de compétitivité dont souffre le club grenat. Promu dans l’élite en 2018, il n’a pas le réservoir de jeunes du FC Zurich, dont les M21 dominent de la tête et des épaules la LNB et auraient, si le règlement le permettait, leur place en Super League.

Mauron: «Je me sens bien ici»

Au niveau des départs, on peut bien sûr penser à Coumba Sow. L’internationale helvétique, meilleure buteuse de la Nati lors des qualifications pour le Mondial 2023, a posé ses valises cet hiver dans la Cité de Calvin pour 6 mois afin d’arriver en forme à la Coupe du monde. Elle sera donc libre cet été et il sera compliqué de la conserver. Interrogée sur son avenir, l’ancienne joueuse du Paris FC a botté en touche: «Aucune idée, tout est encore ouvert», même si elle a avoué que sa non-titularisation pour la finale était «une surprise pour tout le monde». Sow a également concédé que son positionnement sur le terrain à la pointe de l’attaque n’était pas l’endroit où elle se sentait le plus à l’aise. Un rôle dans lequel la sélectionneuse nationale Inka Grings ne la voit pas du tout, d’ailleurs.

En revanche, l’autre milieu de terrain de l’équipe de Suisse, Sandrine Mauron, devrait rester au bout du lac. «Il y a des offres, mais je me sens bien ici. Le staff bosse bien et je ne pense pas quitter le club», a réagi à chaud la Vaudoise. Avant de conclure: «L’objectif sera d’aller chercher le doublé, vu qu’on ne l’a pas encore décroché.» Le rendez-vous est pris.

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