FootballLa synthèse de Portugal – Suisse: imprésentable
L’équipe nationale est passée totalement à côté de son sujet dimanche à Lisbonne. La défaite 4-0 a mis en lumière de nombreuses carences, notamment défensives.


L’heure n’est pas aux conclusions. Mais battue 4-0 par le Portugal, l’équipe de Suisse doit faire face aux constats. Ils ne sont pas glorieux. Par exemple, cela faisait depuis la Coupe du monde 2014 qu’elle n’avait pas pris plus de trois buts dans un même match. C’était alors contre la France, avec une lourde défaite 5-2. Trop de choses ont changé depuis pour tirer des parallèles.

Fabian Schär et Gregor Kobel se sont régulièrement associés pour contribuer à la débâcle suisse dimanche.
freshfocusCe qu’il convient de noter, en revanche, c’est que ce début d’année 2022 est particulièrement compliqué pour l’équipe nationale. Elle semble en totale perte de repères. Et ce qui a été présenté à Lisbonne dimanche ne permet en rien de se rassurer. La synthèse d’une débâcle.
Les trois enseignements
Qu’on le veuille ou non, il y a un problème avec cette équipe de Suisse. Il est peut-être mental, physique, tactique ou inhérent aux personnalités qui la composent (entre Granit Xhaka et Murat Yakin, il semble bien qu’il y ait des vagues). Reste que le terrain met en lumière des difficultés qui n’avaient jamais été apparentes ces dernières années. Parce qu’au-delà des résultats, ce qui rend le moment inquiétant réside en les prestations effectuées. Et rien n’est encourageant.
Dimanche, la Suisse a eu plusieurs séquences avec le ballon (45% de possession, tout de même, valeur similaire entre les deux mi-temps), mais son utilisation s’est révélée anecdotique. Car la prestation défensive a viré à l’imprésentable. Plus qu’une question de duels ou d’attitude – ce qui avait été relevé en Tchéquie jeudi –, c’est la dimension tactique qui a été mise au jour à l’Estadio José Alvalade. Autrement dit, sur chacune des phases de jeu portugaises, la Suisse a laissé des trous à son brillant adversaire. Dans ces conditions, il est trop facile de se créer des espaces dans le bloc suisse.
On peut bien sûr lui imputer des buts (le premier, comme le quatrième), même s’il n’a pas été beaucoup aidé par ses partenaires. Quoi qu’il en soit, Gregor Kobel n’a pas marqué des points dans le duel pour être la doublure de Yann Sommer dans les buts de l’équipe de Suisse. Sa présence ne s’est pas fait sentir, malgré ses 195 centimètres, et le manque de complicité avec sa défense centrale (trop souvent haute et exposée) a sauté aux yeux.
Le meilleur Suisse: Xherdan Shaqiri

Dans ce genre de cas, on est bien obligé de parler du moins mauvais. Xherdan Shaqiri a au moins eu l’intention d’agir comme un liant dans le jeu bien pauvre de l’équipe de Suisse. Cela l’a amené à venir parfois dans ses vingt mètres, ou à se disperser et à manquer des passes faciles. Mais même dans un match raté, il reste le créateur en chef. Rassurant?
Le moins bon Suisse: Fabian Schär

Il se dispute la distinction avec son compère de la défense centrale Fabian Frei. Mais dans ces moments-là, c’est de lui dont on attend un certain leadership. En a résulté une ligne de défense jamais tenue, et beaucoup trop haute compte tenu des capacités de ceux qui la composaient. Auteur de la faute qui a amené le coup franc du 1-0, il a très vite semblé dépassé, au point de ne garder aucune cohérence dans sa manière de défendre (jusqu’à aller chercher Bruno Fernandes dans le camp de celui-ci). Il manque un leader en défense centrale. Comprendre: Manuel Akanji fait sacrément défaut.
La décla’
«Le problème n’est pas lié à l’organisation. Il est d’ordre mental. Et c’est quelque chose sur lequel il est compliqué de travailler»
Le fait tactique
Le concept a été trop souvent mentionné après le match dimanche pour être ignoré. «Nous avons été mauvais sur les transitions défensives», ont répété tant Murat Yakin que ses joueurs. Comme si un message avait été passé. L’évidence a quoi qu’il en soit sauté aux yeux.
Une perte de balle et la Suisse était exposée. Pourquoi? Comment? Plusieurs éléments entrent en ligne de compte pour mieux gérer ces phases-là: l’activité dès la perte de balle (souvent faible côté suisse), mais surtout la capacité à gérer la profondeur. Or, le manque de vitesse de Rodriguez, Frei ou Schär a été trop souvent affiché par le Portugal dimanche.
À ses débuts comme sélectionneur, Murat Yakin n’hésitait pas à utiliser le terme de «défense préventive», soit le positionnement avec ballon, de façon à protéger ses arrières en cas de perte de balle. Cela ne semble plus vraiment à la mode.
La statistique
1, comme le nombre de tirs effectués depuis l’intérieur de la surface par l’équipe de Suisse dimanche. Et il a fallu attendre la 85e minute, avec la tête de Mario Gavranovic. Au total, l’équipe nationale a tenté sa chance à cinq reprises. À l’inverse, le Portugal a tiré 18 fois, dont 10 fois depuis la surface de réparation. Et même cinq fois dans les 6 mètres de Kobel. Le problème était certes défensif, mais il serait réducteur de le résumer à ce simple aspect.
L’avenir en une question

Murat Yakin va-t-il décider de faire sans Granit Xhaka contre l’Espagne?
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