Jérusalem-EstHeurts dans un quartier palestinien après la provocation d’un député
À Jérusalem-Est, le quartier palestinien de Cheikh Jarrah est depuis ce week-end le théâtre de violences. Un député israélien d’extrême droite y a installé un bureau pour soutenir les habitants juifs.
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Après le clash, la police a procédé à quelques arrestations.
REUTERSDes heurts ont opposé dimanche des manifestants palestiniens à la police israélienne dans le quartier sensible de Cheikh Jarrah à Jérusalem-Est, après la visite d’un député d’extrême droite israélien qui a enflammé les tensions.
Trente-et-un Palestiniens ont été blessés, dont plusieurs hospitalisés, lors des affrontements au cours desquels la police israélienne a utilisé des canons à eau et des balles en caoutchouc pour disperser les manifestants, selon un dernier bilan du Croissant-Rouge palestinien.
La police israélienne a fait état de «heurts violents» dans le quartier de Cheikh Jarrah, devenu le symbole de la lutte contre la colonisation israélienne à Jérusalem-Est, et a annoncé l’arrestation de 12 «émeutiers».
Plus de 300’000 Palestiniens et 210’000 colons israéliens vivent aujourd’hui à Jérusalem-Est, partie palestinienne occupée par Israël depuis 1967 puis annexée. Les Palestiniens ambitionnent de faire de Jérusalem-Est la capitale d’un futur État, alors qu’Israël considère toute la ville de Jérusalem comme sa capitale.
Itamar Ben Gvir, député de la formation d’extrême droite «Sionisme religieux» et connu pour ses déclarations incendiaires sur les Palestiniens, s’est rendu dans la journée à Cheikh Jarrah pour ouvrir un «bureau» et soutenir les habitants juifs du quartier.
Avant sa visite, il avait accusé samedi la police de n’avoir pas réagi à un incendie présumé criminel qui a brûlé la maison d’une famille juive dans le quartier. «Si les terroristes ont tenté de brûler vive une famille juive sans que la police ne réagisse, je viendrai sur place», avait-il dit, demandant que la police «s’occupe de la sécurité des résidents» juifs. Plusieurs partisans du député l’ont rejoint dans le quartier en scandant «Mort aux terroristes».
Tente démantelée
Dans l’autre camp, un groupe d’Israéliens opposés au député a fait circuler en ligne une pétition appelant les gens à se rendre à Cheikh Jarrah pour soutenir les Palestiniens. Une bagarre a éclaté entre Arieh King, l’adjoint au maire de Jérusalem, et Ahmad Tibi, un député arabe israélien venu à Cheikh Jarrah pour exprimer sa solidarité avec les Palestiniens.
Itamar Ben Gvir a accusé dans la soirée les forces de l’ordre d’avoir violemment démantelé la tente qu’il avait installée en guise de «bureau», disant cependant de «rester dormir ici ce soir». Des heurts sporadiques ont continué en fin de soirée dans le quartier.
«Ces provocations irresponsables et tout autre acte d’escalade dans ce secteur sensible vont attiser les tensions et doivent cesser», a écrit sur Twitter la représentation de l’Union européenne (UE) dans les Territoires palestiniens.
L’Autorité palestinienne a condamné la visite d’Itamar Ben Gvir, la qualifiant de «provocation menaçant d’embraser la situation qui pourra devenir difficile à contrôler». Le mouvement islamiste palestinien Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, a lui mis en garde Israël contre «les conséquences des attaques répétées contre le quartier de Cheikh Jarrah».