Snowboard – Pat Burgener: «On parlait quand même de m’amputer!»

Publié

SnowboardPat Burgener: «On parlait quand même de m’amputer!»

Le Lausannois s’est qualifié mercredi pour la finale du half-pipe des Jeux de Pékin. Dire qu’il revient de loin est un doux euphémisme.

Robin Carrel Zhangjiakou
par
Robin Carrel Zhangjiakou
Pat Burgener.

Pat Burgener.

AFP

Le soulagement a été double pour Pat Burgener mercredi. D'abord il s'est qualifié pour la finale des Jeux (vendredi). Et ensuite la grande star Shawn White a fait de même, après avoir manqué son premier essai et tremblé jusqu'au bout. Le Lausannois à la guitare facile (et même imprimée sous sa planche) revient de nulle part ou presque, lui qui avait été victime d'une déchirure du ligament croisé d’un genou en mars dernier, avec une infection dans la foulée. Interview d'une homme heureux d'être à Pékin, même s’il a failli se perdre dans le dédale des bus la veille.

Pat Burgener, c'est bon, ça passe!

Pu... La pression de malade aujourd'hui! Enfin, toute la semaine, en vrai... C'était faisable, je savais que ça l'était. C'est pour ça que je n'ai pas trop risqué. Je me suis dit que si je plaquais un bon run, ça allait passer. Je me suis concentré là-dessus, je l'ai fait. Je suis en finale, c'est magnifique!

La plus belle finale de l'histoire de la discipline?

Certainement. De mon côté, ces derniers mois, je n'ai pas pu faire tout ce que je voulais. Après ma blessure au genou, j'ai effectué une rééducation super rapide. Du coup je n'ai pas eu le temps de vraiment reconstruire ma jambe comme il le fallait. Maintenant, ça va pour faire ce que je dois faire. Et moi, je crois en la magie. Donc je pense que je vais rester calme en finale. J'ai passé les qualifs, désormais ce n'est plus que du fun. Je vais reproduire ce que j'avais fait en Corée (ndlr: où il avait fini 5e): m'amuser et garder le sourire. Ca va être une splendide finale.

Qui va essayer d'y plaquer des triples? Qui sera favori?

Je suis certain qu'Ayumu Hirano en a déjà passés quatre, cinq ou six à l'entraînement. Scotty James, il est super bon aussi. Yuto Totsuka, Kaishu Hirano... Jan et moi... Shawn White, je ne sais pas ce qu'il va faire, mais il fera de belles choses aussi. On verra! Moi je ne me prends pas la tête du tout. Mon objectif, c'était déjà d'arriver aux Jeux et jusqu'aux qualifications, il y a cette pression... Elle a pu sortir et je peux me concentrer sur les finales.

Faire partie des douze meilleurs, vous pouviez l'imaginer il y a quelques mois?

C'est fou! Franchement, quand j'ai eu mon infection... On parlait quand même de m'amputer, de la possibilité de mourir! C'était assez grave et l’infection ne voulait pas partir. L'un des médecins m'a dit au téléphone de ne pas stresser, parce que ça allait être dur pour ces Jeux. Que si un miracle arrivait, ça pouvait passer. Et c'est bon, alors que j'ai vraiment frôlé la catastrophe. C'est pour ça qu'aujourd'hui, quand je repense à tout ça, c'est vraiment incroyable d'être ici.

«J'ai dû téléphoner à Swiss-Ski pour qu’ils m'envoient une voiture.»

Pat Burgener

Comment est la vie au Village olympique?

J'adore! Je suis ultra étonné en bien. Quand je venais en Chine, avant, je n’étais pas toujours bien accueilli, en tant qu’étranger. Mais cette fois, ils sont tellement gentils! On est comme des rois, à part que c'est un peu compliqué de communiquer. Mardi, j'ai pris le mauvais bus et je me suis retrouvé à une heure du Village. J'ai dû téléphoner à Swiss-Ski pour qu’ils m'envoient une voiture. Heureusement qu'on en avait une à disposition. Là, je ne rigolais pas! Tu es dans ton bus et tu te sens comme dans une prison. Deux minutes après le départ, j'ai réalisé que j'étais parti dans la mauvaise direction, j'ai tapé à la vitre et le chauffeur m'a dit qu'il ne pouvait rien pour moi. Des Canadiens m’ont annoncé qu'on s'en allait à une heure de là... J'avais les qualifications le lendemain, je devais faire une séance de vélo d'appartement… Mais j'ai transformé la chose dans ma tête. Je me suis dit qu'avec cette mésaventure, ça allait passer aujourd'hui. J'ai gardé le bon état d'esprit et j'étais super motivé. Voilà! Maintenant il faut rester calme.

Ton opinion