FiscalitéLa France prête à donner un tour de vis aux logements Airbnb
Vendredi, le ministre français de l’Economie a déclaré qu’il envisageait de revoir la fiscalité des logements proposés à la location touristique.
Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, s’est dit «favorable» vendredi à une réforme de la fiscalité très avantageuse des logements meublés proposés à la location de type Airbnb, jugeant les effets d’aubaine «trop importants», alors que ces locations sont accusées d’aggraver le mal-logement sur le territoire.
«Sur Airbnb, on s’y est déjà attaqué, on a réduit la durée à 120 jours», a déclaré vendredi Bruno Le Maire sur RMC/BFMTV, en référence à la durée maximale de location autorisée pour les résidences principales. «Ce qui m’interroge, c’est que nous gardions une fiscalité favorable pour les Airbnb. Je suis ouvert à une réforme de la fiscalité sur les Airbnb pour qu’elle soit équivalente à celle d’autres logements», a-t-il ajouté.
«Nous allons faire des propositions»
Les loueurs de logements touristiques classés (de 1 à 5 étoiles) bénéficient actuellement d’un abattement forfaitaire de 71% jusqu’à 176’200 euros de recettes (quelque 170’967 francs), contre 50% pour les meublés classiques, et 30% pour les locations vides dans la limite de 15’000 euros de loyers.
«Nous allons travailler, faire des propositions à la Première ministre et au président de la République, mais j’ai du mal à comprendre la fiscalité très favorable qui s’applique aujourd’hui à Airbnb», a dit le ministre. «Nous réformerons cette fiscalité. La seule question est celle de la justice: à partir du moment où il y a des effets d’aubaine trop importants, une fiscalité trop favorable, il n’y a pas de raison de garder cette fiscalité qui conduit à des excès», a-t-il jugé.
Revenu de 3800 euros
Une proposition de loi transpartisane visant à réguler les locations meublées a été reportée sine die, alors qu’elle devait être examinée mi-juin à l’Assemblée nationale. Elle visait, entre autres, à resserrer le barème des abattements fiscaux accordés en cas de location de meublés de tourisme, en tenant compte de certains cas particuliers comme ceux des stations de montagne.
Lors des conclusions lundi du volet logement du Conseil national de la refondation, la Première ministre Elisabeth Borne a toutefois annoncé une remise à plat de la fiscalité des locations, souhaitant que ce chantier «complexe» débouche «dans le prochain projet de loi de finances». Selon Airbnb France, des centaines de milliers de Français louent un logement sur Airbnb, pour un revenu médian de 3800 euros par an (quelque 3686 francs).
Vendredi, l’Union nationale pour la promotion de la location de vacances (UNPLV), qui rassemble des plateformes de locations touristiques (Abritel, Airbnb, Amivac, Interhome, Vacances.Foncia.com, HomeToGo…), a réagi en estimant «contradictoire» de vouloir «alourdir la pression fiscale pour des centaines de milliers de Français de la classe moyenne, quand l’objectif du gouvernement est de réduire les impôts».