FootballAvec Zurich, Bâle et YB, une lutte à trois pour le titre
Qui émergera en tête du championnat? A l’inverse, qui fera la culbute? Le Matin.ch passe en revue les thèmes chauds avant le lever de rideau. Six questions pour une reprise.
- par
- Nicolas Jacquier
1. Le FC Zurich tiendra-t-il la distance?
Après des années de domination outrancière d’YB, la course au titre paraît cette fois plus ouverte que jamais. On ne s’en plaindra pas. Bien qu’accusant huit points de retard sur la ligne de départ, le champion sortant semble toujours le mieux armé pour reprendre son bien. Bien qu’en passe d’être dépouillé cet hiver, Bâle reste en embuscade. Couronné champion d’automne, Zurich repartira-t-il sur la cadence qui était la sienne avant Noël ou la pause aura-t-elle coupé le bel élan des protégés de Breitenreiter?
Les statistiques plaident plutôt en faveur de l’actuel leader. Depuis 2003 et la création de la Super League, l’équipe virant en tête à mi-parcours est parvenue à 14 reprises à conserver son avantage jusqu’à l’arrivée. Dernière exception: Grasshopper, lequel, sacré champion d’automne en 2012, avait craqué dans la seconde partie de saison. Comme c’est le cas depuis 1999 (Servette champion), le titre ne concernera pas les Romands ce printemps. Relégué à 15 points du FC Zurich, qu’il retrouvera dès samedi au Letzigrund, le club «grenat» est par contre en droit de viser une place d’honneur sur le podium qu’il occupait déjà en mai dernier…
2. Qui va chuter en Challenge League?
Il n’y a pas que la lutte pour le titre qui va déchaîner les passions dès samedi. Celle pour le maintien risque aussi de focaliser l’attention. Une lutte pour la survie qui, en l’état, promet une nouvelle fois d’être particulièrement disputée. Avec un suspense qui, côté romand, concernera en premier lieu Lausanne, un barragiste très mal engagé, sous la menace d’un retour du FC Lucerne. Si sa position est certes plus enviable, Sion n’est pas définitivement sorti de la zone de turbulences. Sachant qu’il reste 54 points en jeu, tout peut aller très vite dans un sens comme dans l’autre.
En décortiquant les classements depuis 2003, on s’aperçoit que la bataille pour le maintien a souvent fait l’objet de rebondissements, avec des positions rarement figées. A cinq reprises seulement, la formation occupant la place de relégué à Noël a terminé en Challenge League cinq mois plus tard. Voilà de quoi en tout cas mettre, semble-t-il, le LS sur ses gardes. A la Tuilière, où l’état d’urgence n’est curieusement pas décrété et où les renforts se font désirer, personne ne semble avoir pris conscience du danger qui rôde. Un discours qui tranche avec celui, mobilisateur, que l’on entend dans les autres clubs concernés par cette impitoyable lutte.
3. Borenovic finira-t-il la saison?
Promu coach du LS l’été dernier après la non-reconduction du contrat de Giorgio Contini à la Tuilière, Ilija Borenovic n’occupe pas le banc le plus confortable de la Ligue. Malgré des résultats décevants, loin de correspondre à ce qu’il avait espéré, le technicien est pourtant toujours en poste. Mais sa marge de manœuvre demeure étroite et il lui faudra surtout très vite emmagasiner des points afin de faire taire les critiques. Défendu jusque-là par Souleymane Cissé, Borenovic bénéficie toujours du soutien de son directeur sportif.
Alors que Lausanne a perdu avec Cameron Puertas et Gabriel Barès deux de ses meilleurs éléments, le coach de la Tuilière n’est pas le seul à trembler. En dépit d’un contrat longue durée (jusqu’en juin 2025) qui pourrait de prime abord le protéger, Peter Zeidler n’est pas à l’abri d’un retour de flammes à Saint-Gall. Prévu dimanche déjà en ouverture, le choc de la peur entre Lausanne et Saint-Gall livrera un premier indice…
4. Qui soulèvera la Coupe le 15 mai?
Parmi les équipes encore en lice pour remporter la Coupe de Suisse figurent deux formations de Challenge League (Yverdon et Thoune) et deux autres issues de Promotion League (Carouge et Bienne). Les éliminations successives des favoris déclarés qu’étaient Young Boys, Bâle, Zurich, Servette et Sion ont considérablement brassé les cartes dans une compétition plus indécise que jamais. Voilà qui pourrait ouvrir des perspectives à Lausanne, qui n’est plus qu’à trois victoires de l’Europe. Le mardi 8 février, en ouverture des quarts de finale, le club de la Tuilière devra déjà franchir le premier écueil à l’occasion d’un savoureux derby vaudois contre Yverdon peut-être plus équilibré que prévu.
Loin d’être tiré d’affaire en championnat, Lausanne peut encore espérer tout gagner mais également tout perdre. Il lui faudra surtout faire mieux que le FC Zurich qui, au printemps 2016, avait réussi l’exploit de soulever la Coupe de Suisse (1-0 en finale contre Lugano) quatre jours après avoir été relégué en Challenge League!
5. Qui a remporté le mercato de la pause?
Il n’y a pas vraiment eu de vainqueur mais assurément déjà quelques perdants au sein desquels figure Lausanne, qui a dû se résoudre à laisser filer Cameron Puertas en Belgique et Gabriel Barès à Montpellier. Dans cette dernière catégorie, on trouve surtout le FC Bâle qui a commencé par perdre le talentueux Edon Zhegrova, parti à Lille en échange d’un chèque de 7,5 millions de francs de nature à améliorer les finances rhénanes. Avec un substantiel bénéfice à la clé si l’on sait que le FCB n’avait dû débourser que 3,2 millions à l’automne 2020 pour acquérir le joyau du KRC Genk. Les enchères vont même monter beaucoup plus haut avec Arthur Cabral, dont le transfert programmé dans le calcio se négocie ces jours-ci aux alentours de 15 millions. Autre départ à déplorer, celui de Eray Cömert à Valence. Quand vous perdez d’un coup un international suisse, une pépite et très certainement le meilleur goaleador du pays, voilà qui vous décapite une équipe…
Signe des temps et conséquence économique de la pandémie: avec 36 départs enregistrés contre seulement 25 arrivées, les clubs ont davantage songé à vendre et à dégraisser (afin de réduire leur masse salariale) qu’à se renforcer à l’exception notoire du FC Saint-Gall (5 arrivées/2 départs) et de Servette dans une moindre mesure (2 arrivées/1 départ). A défaut de grands coups spectaculaires, on a surtout eu droit à quelques ajustements. Alors que Sion s’est montré étonnamment discret jusque-là, Servette espère avoir trouvé son bonheur en Belgique avec l’arrivée de Chris Bedia, un attaquant formé à Tours. Repris par Joe Mansueto, déjà propriétaire des Chigago Fire, Lugano a inauguré le lien avec la maison mère en rapatriant au Cornaredo, l’Argentin Ignacio Aliseda, un ailier gauche de 21 ans présenté comme une possible nouvelle attraction. A l’inverse, Toti Gomes, le défenseur central de GC, est retourné à Wolverhampton à qui il appartenait, en fonction du pont existant entre les deux entités, aux mains du même investisseur chinois…
6. Quel bilan des matches amicaux?
La préparation d’avant-reprise représente toujours une période particulière, surtout quand une pandémie s’en vient bloquer à l’intérieur des frontières la majorité des clubs de Swiss Football League – seul Sion (avec une escapade à Novare), le FC Zurich et Yverdon ont séjourné à l’étranger en ce mois de janvier. Les matches amicaux, eux, restent ce pour quoi ils sont faits, l’occasion de se mettre en jambes alors que toutes les équipes affichent encore des rythmes de préparation souvent différents. Avec des effectifs parfois amoindris en raison de joueurs à l’isolement, il paraît inutile de chercher à vouloir en tirer des enseignements définitifs.
Cela n’a pas empêché quelques tendances de se dessiner… Alors que Young Boys, signant un carton plein en inscrivant la bagatelle de 24 buts en 5 parties amicales toutes remportées, semble déjà en forme, on n’en dira pas autant du FC Sion qui a eu besoin de recourir à une opposition interne face aux M21 ans pour enfin inscrire un but en 2022. Avant un ultime match amical contre Yverdon agencé en milieu de semaine, Servette a pour sa part alterné le bon et le franchement plus préoccupant. S’il n’a gagné aucun de ces tests amicaux, Lausanne aura chaque fois résisté une mi-temps avant de craquer contre Bâle (0-3) et YB (1-3). Premier juge de paix pour tout le monde, une 19e journée qui confirmera ou infirmera les tendances du moment…