Football: Ce qu’il faut retenir du 1er tour de Super League

Publié

FootballCe qu’il faut retenir du 1er tour de Super League

Presque toutes les équipes du championnat de Suisse se sont affrontées depuis le début de saison. De quoi tirer certains enseignements.

Valentin Schnorhk
par
Valentin Schnorhk
Le FC Zurich d’Antonio Marchesano mène la danse en Super League, juste devant les Young Boys de Sandro Lauper. Jusqu’à quand?

Le FC Zurich d’Antonio Marchesano mène la danse en Super League, juste devant les Young Boys de Sandro Lauper. Jusqu’à quand?

freshfocus

La Super League à 12 équipes a connu sa première ronde. La 11e journée passée, tous les clubs se sont affrontés au moins une fois. À une petite exception près: les matches entre Young Boys et Stade-Lausanne et entre Lugano et Bâle devront se tenir le mercredi 6 décembre. Qu’importe: cela ne change pas fondamentalement la donne. Après près de trois mois de compétition, on sait où sont les forces. Et les faiblesses, aussi.

Il faut se rappeler le nouveau format de la Super League: nous en sommes au tiers de la première partie du championnat. Au terme de la 33e journée, on séparera le championnat en deux, pour cinq dernières journées potentiellement décisives. Qui sera en haut? Qui sera en bas?

Le regard n’est pas définitif, mais la hiérarchie qui s’écrit actuellement semble se rapprocher de ce qui pourrait être le cas en fin de saison. Du moins en ce qui concerne les équipes qui disputeront le tour pour le titre et ceux qui se battront contre la relégation. À savoir, Servette, grâce aux 10 points qu’il a pris en quatre matches, a sans doute retrouvé une place qui lui est plus conforme en pointant au 5e rang. De l’autre côté, et même si tout est très serré, Yverdon retrouve la deuxième moitié de tableau.

Ainsi, avec Zurich, YB, Saint-Gall, Lucerne, Servette et Lugano, la première partie du classement paraît bien fournie. Seul absent majeur: le FC Bâle, bien sûr, qui est encore très malade. Reste que des surprises resteront possibles jusqu’au bout. Winterthour est légitime pour prétendre au rôle de trouble-fête. Les Zurichois sont la meilleure attaque du championnat. Mais également la pire défense. Alors, en resserrant un peu les boulons, l’équipe de Patrick Rahmen pourrait peut-être bien aspirer à quelque chose d’encore plus grand.

Le duel Zurich-YB est crédible

Jour de match au sommet, samedi au Wankdorf. Jour de 0-0, donc, entre Young Boys, 2e mais avec un match en moins, et Zurich, leader de Super League. Les enseignements qu’il a fallu en tirer? Une course à deux pour le titre est crédible. Parce que, pour une fois, les Bernois n’ont pas réglé la question dès la première confrontation directe. Ils auraient pu ravir la première place et s’installer en tête, mais ils ne l’ont pas fait.

Signe, sans doute, qu’ils ne sont pas aussi forts que précédemment et qu’il y a peut-être une petite place pour une autre équipe. C’est pour l’instant le FCZ qui en profite, parce qu’il s’agit sans doute de la formation la plus cohérente et celle qui est restée la plus stable par rapport à la saison dernière. Son jeu dynamique et très direct est assorti d’une certaine organisation qui lui permet d’être performante contre tout le monde. Ainsi, contre YB samedi, elle a rivalisé physiquement.

Sauf qu’elle a tiré la langue sur la fin, sans craquer. Certainement parce que son effectif manque de profondeur, là où YB peut compter sur deux équipes ou presque. Surtout, les Bernois ont encore la Coupe d’Europe à jouer. Alors ils calculent. Jusqu’à quand?

Bâle, le problème est complexe

Le FC Bâle et Heiko Vogel peuvent se faire du souci.

Le FC Bâle et Heiko Vogel peuvent se faire du souci.

freshfocus

Bâle est dernier de Super League. Et ce n’est pas une surprise. Ni une anomalie statistique. Les Rhénans méritent d’être là où ils sont. Cela tient à passablement d’aspects.

Il y a d’abord les structures du club qui ne facilitent rien: en vendant tous ses joyaux (Amdouni, Ndoye, Diouf, Calafiori…) cet été, le FCB version David Degen a été confronté à ses limites. Soit le besoin permanent de vendre, et donc de reconstruire un effectif. Durant l’été, les arrivées ont été nombreuses, mais pour combien de réussites? En l’état, seul le milieu portugais Renato Veiga semble être d’un réel apport.

Dans ce contexte, mettre sur pied une équipe stable est proche de l’impossible. L’ex-entraîneur Timo Schultz s’est cassé les dents sur ce défi. L’Allemand pouvait-il s’en sortir? A-t-on manqué de patience avec lui? Difficile de prétendre l’inverse. D’autant plus qu’on constate désormais que tout est également très compliqué pour celui qui l’avait choisi et nommé à ce poste, le directeur sportif Heiko Vogel, lequel s’est remis sur le banc (3 défaites en 3 matches).

Comment va se poursuivre la saison bâloise? Il faut imaginer que, malgré tout, l’effectif rhénan est talentueux. Que tout est une question de temps: Vogel essaie d’ailleurs de trouver certains ajustements microtactiques, par exemple en demandant à son équipe de créer des supériorités numériques à la relance. Pour l’instant, c‘est ce qui se passe plus haut sur le terrain et l’aspect défensif qui sont en rodage complet.

Rien n’est rédhibitoire, mais sans un minimum de stabilité et de continuité, difficile d’imaginer Bâle quitter prochainement la zone rouge.

Où sont les buteurs?

Après onze journées de Super League, aucun joueur n’a marqué plus que cinq fois. Comme si le championnat suisse manquait de buteurs. Il faut penser que c’est le cas: sur les dix premiers au classement des buteurs de la saison dernière, quatre éléments ont quitté la Suisse (Tosin, Latte Lath, Amdouni et Zeqiri). Et ceux qui étaient au top peinent à enclencher une série.

À Young Boys, qui compte sans doute deux des meilleurs attaquants du championnat, le partage du temps de jeu ne sert ni Jean-Pierre Nsame (5 buts), ni Cedric Itten (4 buts). Surtout, le club bernois ne brille pas offensivement, et cela se ressent sur les performances de ses numéros 9. L’un comme l’autre se créent en effet relativement peu d’occasions.

Le Servettien Chris Bedia a inscrit 5 buts depuis le début de saison.

Le Servettien Chris Bedia a inscrit 5 buts depuis le début de saison.

BASTIEN GALLAY / GALLAYPHOTO

Et ailleurs? Servette peut compter sur Chris Bedia, auteur de cinq réalisations. Il appartient probablement au haut du panier de Super League. Sauf qu’après un bon début de saison, les Grenat le trouvent moins facilement, comme si la chaîne de construction des actions servettiennes s’était parfois rompue. Ou qu’elle ne se termine plus par lui. À Lugano, le cas est différent: Zan Celar n’est pas toujours utilisé en Super League, ce qui limite son champ d’expression, même si le Slovène a déjà trouvé trois fois les filets. Nul doute que, sur la longueur, il devrait pouvoir retrouver de la régularité.

Quant à Jonathan Okita, c’est plus une affaire de profil: avec Zurich, il part de l’aile gauche. C’est son jeu, et cela correspond aussi à celui du leader de Super League. Moins buteur dans le profil, sa réussite tient surtout au plan de jeu du FCZ qui lui offre des espaces.

Globalement, le championnat n’accumule pas les profils de buteurs. Au sein de chaque équipe, il y a une dispersion des buts. Et les joueurs les plus efficaces ne sont pas forcément des numéros 9: à Stade-Lausanne, Florian Danho et Alban Ajdini ont beaucoup d’occasions, mais ils présentent un taux de réussite relativement faible. Ce qui dénote d’un déficit de qualité globale.

Des Vaudois friables

Ils étaient trois Vaudois à être promus de Challenge League en Super League cet été. Mais Yverdon, Lausanne et Stade Lausanne ont chacun pris des chemins un petit peu différents pour s’adapter à l’élite. Un nouveau propriétaire ambitieux dans le Nord Vaudois, une volonté de continuer de grandir à la Tuilière et la nécessité d’être malin à la Pontaise. Et, dans le jeu, il y a également des projets différents de part et d’autre: avec Schällibaum, YS est prudent; le LS de Magnin se veut surtout équilibré alors que SLO et Braizat entendent conserver leurs principes de pressing et de construction maîtrisée.

Malgré l’engagement de Noë Dussenne, la défense du Lausanne-Sport, comme celle de Stade Lausanne, reste perméable.

Malgré l’engagement de Noë Dussenne, la défense du Lausanne-Sport, comme celle de Stade Lausanne, reste perméable.

Pascal Muller/freshfocus

La vérité, c’est qu’il n’y a pas de formule gagnante pour l’instant, même si Yverdon a réussi un bon début de saison, bien aidé par la qualité de ses recrues. Surtout, les trois équipes font partie des pires défenses du championnat: seuls Winterthour et Bâle font pire.

Il y a assurément un certain manque de réussite au LS (20 buts encaissés, alors que les Expected Goals concédés s’élèvent à 14) et une tendance à se découvrir beaucoup à SLO qui se payent cher. Yverdon, de son côté, ne peut rien dire: son projet de jeu l’expose en laissant venir l’adversaire, et si son classement est intéressant, c’est surtout parce qu’il a été extrêmement réaliste offensivement. Important d’en avoir conscience, pour ne pas déchanter par la suite.

Ton opinion