PolémiquePour le WWF, le menu de Pâques est néfaste pour le climat
Poisson, œufs, agneau… Pour l’organisation écologiste: «Les effets de nos menus de Pâques traditionnels sur l’environnement sont consternants».
- par
- Eric Felley
Nous sommes entrés dans la semaine de Pâques et beaucoup se réjouissent des bonnes tables qui nous attendent en fin de semaine. Beaucoup, mais pas le WWF qui publie ce lundi un communiqué de mise en garde. L’association écologiste demande de favoriser des alternatives. En cause les trois des principaux ingrédients gastronomiques de ces fêtes: le poisson, les oeufs et la viande d’agneau.
Le vorace saumon
Concernant le poisson, l’incontournable du Vendredi-Saint, c’est le saumon qui est pointé du doigt. «C’est le poisson de choix dans notre pays, écrit l’organisation, au point de représenter 20% du chiffre d’affaires du commerce de détail dans cette catégorie. L’élevage de ce poisson carnivore est une charge pour la biodiversité et le climat». Concrètement, pour «produire» 100 g de filet de saumon, il faut le nourrir avec 175 g de poissons capturés dans la nature, tels que harengs, anchois et sardines, ainsi que 95 g de soja. Pour le WWF, nous ferions mieux de manger directement ces petits poissons, qui sont riches en micronutriments.
L’agneau voyageur
Pour la viande d’agneau, le problème vient de sa provenance lointaine. La moitié consommée en Suisse est importée: 50 à 60% de Nouvelle-Zélande et d’Australie. «Près de 60% des animaux élevés dans ces deux pays sont transportés par avion jusqu’en Suisse après avoir été abattus, regrette le WWF. Les produits voyageant de cette manière ont un impact considérable sur l’environnement, les émissions du trafic aérien faisant partie des causes les plus importantes de la crise climatique».
Trop d’oeufs
Pour les oeufs, la consommation connaît un pic pascal avec une augmentation de 16%. Le WWF constate que chaque personne dans ce pays avale 195 œufs par année. Étant donné qu’une poule a besoin quotidiennement de 120 g d’aliment concentré, multiplié par ces 195 œufs, on obtient un total de 23,5 kg d’aliment concentré absorbé par personne et par année. Il en résulte un très grand gaspillage de calories.
Un œuf par personne le jour de Pâques
Pour Mariella Meyer, experte en alimentation au WWF Suisse, il n’est pourtant pas question de renoncer à tout: «Comme souvent dans la vie, écrit-elle, la quantité fait la différence. On peut soigner la tradition de la course aux œufs, mais en se contentant d’un seul œuf par personne le dimanche de Pâques. Une consommation supportable pour la planète serait de deux œufs environ par semaine et par personne.»
Pas besoin d’être irréprochable
«Pas besoin d’être irréprochable pour protéger le climat, mais moins c’est mieux», note encore le WWF, qui conclut: «Nous sommes bien inspirés de réserver le poisson, les œufs et la viande pour des occasions spéciales comme les fêtes de Pâques. Si nous voulons réduire les conséquences pour le climat et la biodiversité et, partant, aussi pour nous-mêmes, nous devons toutefois réduire la consommation moyenne durant toute l’année».